Night

Columbus Jour 696 - Los Angeles Jour 698

L'herbe où Josh et moi étions allongés était tendre sous mes doigts glissant distraitement sur notre matelas improvisé. Mes yeux, eux, étaient entièrement accaparés par le spectacle se déroulant au-dessus, loin au-dessus de nous.

Le ciel nous offrait une toile magnifique, les couleurs vives semblaient avoir été déposé là par le coup de pinceau d'un artiste extrêmement talentueux. Les contrastes étaient tels que je doutais n'avoir jamais vu autre chose de plus grandiose.

Le silence nous enveloppait complètement, pas même une brise ne semblait encline à nous déranger ce soir. Car ce soir, la nuit nous appartiendra, ce soir, nous resterons sous le ciel et profiterons de ce dernier moment dans la ville d'enfance de Josh.

Alors que j'enroulais un brin d'herbe autour de mon index, une chaleur familière rejoignit ma main pour l'envelopper d'un geste délicat. Josh serra le bout de mes doigts contre sa paume, je l'imitais et, comme toujours, une étincelle naquit au contact de nos deux peaux avant de devenir un véritable brasier brûlant dans tout mon corps. Définitivement, c'est lui qui offrait toute sa chaleur à ma vie.

Instinctivement, je me déportais contre le torse de Josh, sans avoir à détourner son regard du ciel pétillant de milles couleurs, il me ramena plus près de lui, passant ses bras sur mes épaules dans un profond soupire.

-Dis moi Louna... qu'est ce que tu ressens quand tu regardes le ciel ?

Je délaissais cette aquarelle à l'apparence quasi surnaturelle pour me concentrer sur les traits de Josh. Son nez busqué, ses yeux légèrement bridés et ses fines lèvres rosées. Bien sûr, il y a des milliers d'autres petits détails rien que sur ce profil que j'admire, mais la lumière déclinante met en avant ceux-ci.

-Ce que ressens... dis-je tout en réfléchissant. Si je ne devais décrire qu'une seule sensation ce serait cette espèce de... d'admiration, de sentiment venant du plus profond de moi qui me fait sentir minuscule.

-Quelque chose de primitif, qui te prend aux tripes et les remues pour t'ouvrir les yeux sur ce qui t'entoure.

-Primitif...

-Oui, un truc que tu ne peux pas contrôler et qu'on ne peux pas décrire, comme le désir tu vois ? On ne peut pas vraiment mettre de mots dessus.

-Je vois oui... c'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de mots assez forts pour pouvoir exprimer ça correctement.

-On pourrait essayer !

Son visage se tourne vers moi, ses iris brunes se vissant aux miennes en me mettant au défit de refuser sa proposition.

-Très bien, alors essayons ! Pour commencer, ça te coupe le souffle et...

-Pourquoi ça te coupe le souffle ? M'interrompt Josh avec un petit sourire en coin. Je ris doucement avant de reprendre :

-Parce que c'est immense, c'est infini et que jamais nous ne pourrons y aller. Nous ne sommes pas des oiseaux, le ciel ne nous appartient pas et non, même en avion ça ne change pas le fait que jamais nous ne connaîtrons la sensation de l'air sous nos ailes.

-Hé ! Dit-il tout en se redressant, me forçant au passage à abandonner la position confortable que j'avais, blottie tout contre lui. Il s'assoit, les mains sur les genoux et me fixe de son regard brun. Mais si tu pouvais imaginer ce que ça donnerait, à ton avis, qu'est ce qu'on ressentirait ?

-Sûrement la caresse du vent, comme quand il y a une faible brise un peu fraîche et quand on plongerait vers le sol le vent serait plus fort... comme une rafale, mais continuelle.