Jour 357

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-Dis moi Loa pourquoi on est pas devenue amie avant ?

-Comment t'expliquer... au lycée y avait un truc chez toi qui... qui m'empêchait de venir te voir, pas un truc méchant mais comme une sorte de... de gêne. J'avais l'impression que tu cachais quelque chose de très... ouais très sombre, et j'arrivais pas à t'approcher. C'est bizarre quand on y pense parce que peut être que si je t'avais parlé j'aurais vu que j'étais pas toute seule, que comme moi y'avait des personnes mal dans leur peau. En fait je sais pas si j'avais peur de cette obscurité en toi ou de l'impact qu'elle aurait eu sur moi. Peut être que j'avais peur de sombrer encore plus loin, peut être que c'était plutôt la peur de te faire sombrer toi... j'en n'ai vraiment aucune idée en fait et c'est vraiment frustrant parce qu'on a dut souffrir chacune dans notre coin alors qu'à deux on aurait pu s'en sortir.

Je ne dis rien, je ne regarde même pas l'écran de l'ordinateur. Je suis comme bloquée par les paroles de Loa, elle voyait ce côté sombre chez moi et ça la terrifiait... qui d'autre je terrifie ? Tyler ? Josh ? Nathan ? Julie ? Peter ?

Suis-je donc un monstre hantant les esprits des autres ?

Suis-je donc comme les ombres de mes cauchemars ?

Suis-je donc celle que j'ai toujours redouté de devenir ?

Je sens une boule se former dans ma gorge, je sers les poings au maximum. La douleur calme le flot incessant de pensées qui tourbillonnent dans ma tête. Je baisse les yeux vers mes mains, pour la première fois j'ai vraiment blessé mes paumes, sans aucunes lames. De petits u sont gravés dans ma peau, comme des vaguelettes sur l'océan. Je reste hypnotisée par ces blessures, je les vois bouger grâce au vent, les contours de mes mains bougent eux aussi. En fait tout bouge, tout est brouillé. Je m'aperçois que je pleurs et que Loa me parle depuis tout à l'heure.

-Pardon tu disais ?

-Je te demandais si tu allais bien... elle soupire. Tout d'un coup t'es devenue toute pale, tu regardais au loin, je suppose que y a rien mais c'était comme si il y avait un feu et que tu pouvais pas détacher t'es yeux de ce spectacle. Enfin c'est n'importe quoi ce que je dis, vraiment n'impo...

-Nan c'est pas n'importe quoi. Y avait bien un truc mais c'était pas un feu, c'était loin d'être lumineux d'ailleurs. C'était pas des flammes mais un océan, c'était pas lumineux mais sombre. C'était des pensées obscures.

-Ne t'en veux pas on a tous des moments où être sombre est plus facile qu'être optimiste. Des fois c'est même essentiel parce que si tu gardes toute cette obscurité elle envahie ton cœur et l'étouffe. Des fois t'as juste besoin d'extérioriser de n'importe quelle façon. Des fois souffrir un bon coup semble mieux que de souffrir pendant une éternité. Sometimes death seems better than the migraine in my head.

-Belle référence. Lui dis-je avec un sourire. Je vois très bien ce que tu veux dire.

-Ça me rend triste que tu comprennes si bien le sens de toutes ces chansons, ça veut dire que toi aussi tu as vécu, ou tu vis encore, toute cette noirceur.

-Ouais c'est vrais... bon parlons de quelque chose de plus joyeux, par exemple depuis quand es-tu fan de twenty one pilots ?

-Houla, depuis le lycée !

-Ah ouais ?!

-Ouais ! En fait on a du commencer à écouter en même temps ! Je me souviens que je savais que tu étais abonnée à tout leurs comptes officiels mais je pensais que tu étais une de ces « fan » qui adorent la mélodie mais ne comprennent rien aux paroles.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant