New York Jour 395.5-396.1

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Loa dort profondément, je me dirige vers mon lit et m'enroule dans ma couette. Je me sens calme et fatiguée, extrêmement fatiguée mais quelque chose m'empêche de trouver le sommeil. Des images. Celles qui tournaient dans ma tête depuis quelques temps déjà, celles de la crise que l'arrivée de ma meilleure amie avait réussit à éclipser un temps.

Des images, des cauchemars, des divagations éveillées, peu importes le nom au fond ce sont des images qui me glacent le sang.

Je vois des choses qui me terrifient, des choses qui me tentent et me font peur tant la tentation est grande.

Un toit, le vide, le vent dans mes cheveux...

La mort, le sang, les visages de ceux que j'aime...

Les ombres...

Elles sont là, partout, tout le temps. Dans chaque songe où je suis assez consciente pour me souvenir, je les vois. Dans le fond ou à mes côtés, elles m'observent, attendent le moindre moment de faiblesse pour me sauter dessus et m'étouffer.

M'étouffer, le manque d'air.

Un poids contre ma poitrine, je respire vite, fort. Trop vite et trop fort.

J'ai chaud. Trop chaud.

J'ai peur, la peur m'encercle.

Je ne sais pas, je ne comprends pas. Où je suis ? L'air est frais, je suis sur le balcon ? Mes jambes ne me soutiennent plus, je me tiens à quelque chose, c'est froid.

Reprends toi Louna, tu peux le faire... ce n'est qu'une crise, tu as l'habitude...

Je tente de reprendre le contrôle sur ma respiration. J'essaye d'enlever ces images de ma tête. En vain... pourtant il faut que je l'arrête...

Je panique, une crise, je ne l'ai même pas vu venir...

Je la sens, serpent aux crocs empoisonnés. Elle entoure mon cou, je suffoque. Ses écailles raclent sur ma peau, la brûlure contraste avec le vent frais. Elle me mord, le noir m'attaque.

Je dois me calmer, je dois me calmer, je dois...

Plus rien.

☼☼

Un pas, un autre encore et encore. Je dois courir, leur échapper coûte que coûte.

Le trou, le vide. Je saute.

Mon cœur accélère, mon souffle également.

Respirer, je dois respirer.

Pas un bruit, pas un cri. La peur m'entaille mais l'habitude est plus forte.

J'ouvre les yeux dans un sursaut, le soleil se lève au loin, je suis sur le balcon. Le ciel est un mélange de couleurs pastelles. Il y a encore des étoiles et la lune brille faiblement sur cette toile bleu pâle, comme si elles m'avaient tiré du sommeil... J'aime me dire qu'elles me protègent, car si il y a bien une chose dans ce monde qui se rapproche de l'éternel, c'est l'univers.

Je rentre dans la chambre, attrape des habits et file sous la douche en silence.

L'eau bouillante coule dans mon dos et sur mes épaules, je m'assois sur le carrelage gris. La porte de verre se recouvre de buée, la condensation crée de petites gouttes d'eau glissant sur la vitre et dessinant de longues routes vers le sol. Je reste hypnotisée face à ce spectacle simpliste.

Je baisse la tête en arrière, l'eau frappe mon visage. J'entrouvre la bouche, elle est vite remplie par l'eau bouillante qui finit par s'infiltrer dans mon nez. Tout d'abord je ne fais rien, mon cerveau est pétrifié. Puis je tousse pour faire partir tout cela de mes poumons.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant