Night

Washington Jour 410

Pdv Josh :

-Vous avez vu Louna ? Tyler et Loa se tournent vers moi d'un seul mouvement, ils étaient penchés sur l'ordinateur de Tyler, l'air vraiment concentrés.

-Elle est sortie y a une petite demi-heure pourquoi ? Me répond Loa.

-Bas... laisse tomber, elle a dit où elle allait ?

-Non je pensais que tu le savais... faut aller la chercher ?

-J'y vais, restez là.

Je souffle d'exaspération, qu'est ce que ça peut m'agacer quand elle s'en va sans prévenir personne, je lui envoie un message pour lui demander où elle est mais la connaissant elle ne répondra pas tout de suite alors autant prendre une douche avant de partir.

☼

Le vent agréable de la fin août glisse sur mes bras nus, les gens autour de moi discutent, rient, vivent leur vie. Et je traverse cette foule d'inconnu, la fendant sur mon passage sans leur adresser la parole ou un regard. C'est ce qui me dérange le plus dans les grandes foules, tout ces gens qui ne se connaissent pas mais qui évoluent et avancent à l'unisson, tout ça me semble tellement contre nature, cet anonymat, nous ne sommes rien et nous formons ce tout.

Ça me stresse. Les concerts me font parfois le même effet, tout ces gens qui sont là pour Ty et moi, qui s'attendent à ce que je donne le meilleur de moi même, qui me connaissent mais dont je ne sais rien. Ça me semble si injuste pour eux. Alors je met un point d'honneur à toujours faire d'une rencontre avec un fan un bon moment, discuter un peu, demander son prénom, ce genre de choses. Ils méritent bien ça.

Je jette un œil au nom du parc que Louna m'a donné, d'après ce qu'elle m'a dit elle avait besoin d'être un peu seule, je suis certain qu'elle a fait un autre de ces cauchemars où l'un de nous est présent. Comme celui de la dernière fois, mais au moins maintenant elle sait qu'elle peut me parler, que jamais je ne la jugerai la dessus.

Je pensais qu'elle savait déjà tout ça, mais on dirait que non...

En entrant dans le jardin botanique je comprends pourquoi elle est venue se réfugier ici : c'est lumineux mais plein de cachettes à l'abri des regards et la connaissant elle doit être loin des autres visiteurs.

« Tu pourrais me dire dans quelle partie du parc tu es ? Que je ne me perde pas en route »

« Jardin japonais
Le pont »

On peut dire qu'elle est directe ce matin... je soupire en redoutant l'état dans lequel je vais la trouver. Pourtant, quand je découvre enfin le pont, elle semble sereine.

Assise en tailleur au bord de l'eau, sur la rive face à moi, son visage ne laisse entrevoir aucune peur, tristesse ou larme comme je l'appréhendais mais un véritable bien être. Immédiatement je sens mes muscles se détendre sans avoir remarqué à quel point j'étais tendu jusque là. Pourtant il suffit que je vois une chose pour que ma mâchoire se crispe à nouveau : ses doigts glissent doucement sur son avant bras gauche, celui qu'elle coupe toujours, et je suis terrifié par ce que je pourrais à nouveau voir sur sa peau. De plus j'aperçois son carnet posé à côté d'elle, mon cœur fait un bond, s'arrête, part en sprint, dégringole dans ma poitrine. Bref, s'emballe.

Je la rejoins sans vraiment m'en rendre compte, elle ne me remarque même pas alors qu'elle a les yeux et le visage légèrement baissés vers son bras, je n'ose pas moi-même poser le regard dessus de peur de voir des traces rouges. Quand enfin je suis juste à côté d'elle, je pose mes mains sur ses épaules et l'oblige à me regarder dans les yeux. Elle sursaute.