France Jour 164

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Pdv : ???

Je regarde mon reflet dans la vitre du métro, mon teint est pâle, limite gris. Mes cheveux blonds se ternissent eux aussi, conséquence de mes conneries. Mais c'est tellement bon ce répit une fois la fumée dans mes poumons... et puis ça ne fait pas de mal de se sentir mieux une fois de temps en temps, j'en ai besoin c'est tout. Le métro s'arrête, je descends par reflex avant de suivre le chemin vers l'université. La musique toujours dans les oreilles, je ne parle à personne, ne dis bonjour à personne, je n'ai besoin de personne. Tout ces gens qui discutent, qui rient en parlant de leurs soirées ou de je ne sais quoi, je n'en ai rien à faire, ma place n'est pas ici. Un jour j'irai plus près des animaux, un jour j'arriverai à faire ce dont je rêve. Pour l'instant je suis coincée ici.

Je patiente plusieurs heures devant ma salle, d'autres étudiants également. Certains jouent sur leur téléphone, d'autres font comme moi : ne parlent pas et écoute de la musique. Est-ce qu'ils pensent la même chose quoi moi ? est ce que eux aussi se sentent... non. Personne ne pense comme moi. Je regarde inconsciemment leurs bras, ceux en t-shirt laissent apparaître une peau lisse et sans la moindre traces de faiblesse. Ils en ont de la chance. Ceux avec des manches longues ne doivent pas être différents, et ils doivent penser que je suis comme eux. Les idiots. Moi je me cache, je ne veux pas de leur pitié tout simplement.

Les musiques défilent dans mes oreilles, j'écoute de tout, de vieilles chansons, des nouvelles de toutes origines, des trucs connus, des moins. Vraiment de tout je crois. L'une de mes chansons favorites arrive, je sourie intérieurement, Migraine est vraiment puissante je trouve. Et le chanteur... ah punaise il est doué, et son groupe, Twenty one pilots, est incroyable. J'aime chacune de leur œuvres, même si ils sont de plus en plus mis sur le devant de la scène depuis quelques mois je suis sûre que leurs paroles seront toujours aussi vraies.

Je me reconnais dans leurs mots, je sais ce que c'est que d'avoir cette migraine ou d'avoir ce masque. Mais en aucun cas je ne le retirerait, que penserait les gens ? Ils s'en foutent. Stupide conscience, elle a bien raison. Qu'est ce qu'ils me diraient de toute façon ? Que je peux aller mieux en m'ouvrant aux autres ? Que ce n'est pas en me coupant ou en fumant que ça s'arrangera ? Ils ont tout faux, rien ne s'arrange et surtout pas moi. Après tout je ne suis pas quelqu'un qui aurait le droit d'aller mieux, je suis quoi d'abord ? Juste une étudiante vétérinaire dans une grande ville du Nord de la France, perdue dans ses pensées, s'évadant grâce à la musique, coincée près de tout ces gens et détestant les contacts. Niveau intérêt on aura vu mieux.

Je ne suis même pas une originale, je suis banale, un peu trouillarde pour me démarquer mais dégoûtée de mon fondre dans la masse. Parfois je me pose des questions franchement. À quoi ça sert que je porte ces habits si différents de la mode actuelle, des trucs qui me plaisent, des trucs bien ample cachant mes cicatrises et laissant ma peau pleine d'eczéma respirer, des trucs un peu hippies, avec des couleurs pâles, des franges ou je ne sais pas un collier en bois, si au final cela ne suffit même pas à me démarquer ?

Je regarde ce que je porte aujourd'hui : une chemise blanche avec des broderie à la poitrine, des vaguelettes bleu océan, un jean droit assez grand, une veste noire assez simple et des baskets. Je regarde mon avant bras droit, une partie plutôt intacte par rapport à l'autre bras, remonte ma manche et fais glisser mon doigt sur les deux carrés tatoués. Le premier est remplis d'un rond creux dont les bords touchent les siens et le second comporte deux traits parallèles. Je suis la seule à en connaître la signification et la seule qui la connaîtra pour l'éternité.

Une main se pose sur mon épaule, je sursaute à cause de ce contact imprévu. Je me tourne rapidement en retirant mes écouteurs et fais face à mon binôme de travail, Rafaël. Il est l'une des seules personnes avec qui je m'entends bien, je ne cherche de toutes façons pas à me mélanger, nous travaillons ensemble depuis près de deux ans. Le premier jour on a du se mettre tout les deux puisque nous étions les deux rejetés, moi parce que je ne parlais à personne et lui juste parce qu'il est gay. Bravo l'ouverture d'esprit les gars ! Finalement on s'entend bien, il sait de quoi il ne faut pas parler avec moi et de même pour moi. Ça fonctionne bien entre nous, si bien que l'on a les meilleurs résultats de l'université, mais on a une assez bonne motivation nous poussant à ne jamais rater les concours. Lui veut partir le plus tôt possible en Antarctique pour aider les chercheurs sur place et sauver les espèces en danger et moi je veux aller en Afrique.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant