Jour ???

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Le soleil brûle ma peau, le sable chaud incendie mon dos et ma nuque, le vent caresse mes jambes, mon ventre et mes bras. J'aime être là : allongée au soleil, sur la plage californienne.
J'ai ce besoin de soleil et de chaleur. C'est viscérale, j'en ai vraiment besoin.

J'ai beau être Louna, la lune, je reste l'amante du soleil : il n'y a qu'en sa présence que je me sens complète.

Les rayons dardent et piquent ma peau, je me laisse bercer doucement par le monde qui m'entoure. C'est calme et étrangement moi aussi, ces derniers temps le ciel était couvert et il pleuvait tout les jours, il fait enfin beau même si je sais que cela ne durera pas. Mais bon une journée de soleil remonte toujours un peu le moral, un peu...

Mes yeux sont déjà clos mais j'ai l'impression que petit à petit il se ferment véritablement, je plonge dans le monde ténébreux des songes.

Le rêve se met en place, une pièce noire, sans lumière et sans bruit. Je tourne la tête de droite à gauche, je ne connais pas cet endroit. Je suis attachée à une chaise et ne peux absolument pas bouger. La corde s'enfonce dans mes poignets et mes chevilles mais ça va, je supporte cette brûlure.

-Alors voilà l'horreur... Quelqu'un entre dans la pièce, cette voix je la connais mais elle semble un peu distordue. C'est pourtant la mienne, une voix atroce et me déchirant les tympans. La silhouette, ma silhouette, s'approche les mains dans les poches.

-Que tu peux être affreuse... Une claque.

Un sourire sadique se dessine sur ses -mes- lèvres. Je me prends un nouveau coup, plus fort. Le sang coule dans ma bouche, à la commissure de mes lèvres, de mon nez. La douleur est plaisante, je sourie à mon bourreau, elle répond par une grimace affreuse.

Une pluie de coups se déverse à nouveau sur mon visage.

-Ça c'est pour l'erreur de ta naissance.

Un coup.

-Ça c'est pour les horreurs que tu fais vivre au monde.

Un autre coup.

-Celui là c'est pour ta connerie de vie.

Un coup de poing dans le ventre.

-Parce que tu leur pourris la vie.

Un, deux, trois, quatre...

-PARCE QUE TU ES UNE MERDE !

Cinq, six, sept, huit...

-PARCE QUE TU DEVRAIS ÊTRE MORTE TANT DE FOIS, PARCE QUE TU NE DEVRAIS MÊME PLUS ÊTRE DE CE MONDE. PARCE QUE...

Un cris me réveille en sursaut, j'ouvre les yeux et vois deux personnes s'amusant plus loin. La sueur coule dans mon dos, les larmes brouillent ma vision mais je les chasse. Les images défilent dans ma tête, mais ce sont surtout mes sentiments qui me hantent : l'acceptation. Oui j'acceptais ces coups et les réclamais presque parce que oui je suis une merde, oui je ne mérite pas de vivre, oui je suis seule pour toujours.

Les gens s'amusent loin de moi, ils vivent et rient pendant que moi je meurs doucement. Il n'y a aucun moyen pour que cela s'arrête plus vite ? Non ? Je dois le faire moi même ? Très bien.

Je regarde mes mains, quatre petits U dans chaque paume, quatre ongles pour chaque main ayant gravés ma peau.

Je referme les poings, et me relève pour rentrer chez moi. Personne ne s'occupe de la fille toute seule, personne ne s'intéresse à celle qui marche sans personne à ses côtés, non personne ne s'en inquiète.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant