Reno Jour 1 - 2.1

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-Bonne année !

Toute l'équipe s'embrasse, se prend les un les autres dans les bras en se souhaitant une bonne année. Je participe à toute cette joie mais le cœur n'y est pas, cet après-midi j'ai appelé ma mère, mon père, mes sœurs et le reste de ma famille proche pour leur souhaiter une bonne année et une bonne santé, mais je n'ai pas vraiment approfondie la conversation.

-Tu te sens bien Louna ? Je me tourne vers la personne m'ayant parlé, Clara la maquilleuse, et lui réponds un semblant de mensonge.

-Ouais je crois que je suis juste un peu fatiguée, je vais monter dans ma chambre. Si on te demande tu pourras leur dire où je suis ?

-Bien sûr ! Elle me prend dans ses bras, je ne m'y attendais pas mais j'en ris et la sers aussi avant de la regarder repartir au milieu de la foule.

Cette fois ci les concerts ne durent pas trois jours mais une semaine, nous avons donc tous prit un hôtel, j'ai ma propre chambre et les garçons sont ensemble dans une autre. Je me dirige vers l'ascenseur, je peux le faire, je m'y engouffre, respire doucement, appuie sur le bouton de notre étage et regarde les portes se fermer. Un décompte s'insinue dans ma tête : 35, 34, 33... une vielle habitude de quand je venais d'emménager dans mon appartement à Los Angeles et que j'avais du mal à prendre l'ascenseur. Finalement je sors après vingt secondes et me rends donc dans ma chambre où je m'effondre sur le lit, je ne sais pas ce que j'ai mais je me sens plombée.

☼☼

Il pleut dehors.

Le ciel est gris. Les nuages sont gris. La pluie est grise. Je suis grise.

Ni blanche ni noire je suis grise. Dans un entre-deux désagréable. Un tiraillement.

C'est comme cette tension juste avant un examen. Ça vous prend aux tripes, vous tord de l'intérieur. C'est pire que désagréable c'est une véritable torture.

Rien ne fait partir cette sensation à part le temps. Ça arrive toujours à un moment et à chaque fois je suis incapable d'aller mieux toute seule.

Je reste allongée dans mon lit à regarder le ciel gris à travers les rideaux mal fermés. Il doit faire froid dehors mais pas le genre de froid qui nettoie l'esprit c'est plutôt un froid humide qui vous pénètre jusqu'aux os. Au contraire de me laver l'âme j'ai l'impression que ce temps la salit, que l'eau qui tombe du ciel en fine brume amène avec elle toute la tristesse du monde. Je me sens sale et à l'étroit dans mon corps.

Mon âme veut s'échapper, mon corps ne veut plus bouger. Je suis coincée entre mon cœur et mon corps. Restée immobile ou m'enfuir. Sortir de mon lit, rejoindre Josh, Tyler et toute l'équipe pour petit déjeuner ou alors restée dans mon lit, dans ma chambre et broyer du noir...

Hors de question de restée ici, je ne dois pas me laisser sombrer, je dois faire des efforts et garder la tête haute.

Personne ne doit se rendre compte que je vais mal en ce moment, ça les inquiéterait et je ne veux inquiéter personne.

Alors je sors de mon lit, frissonne un peu, me dirige dans la salle de bain et rentre dans la douche. L'eau brûlante s'écoule dans mon dos, mes cheveux, mes jambes. La chaleur nettoie un peu ce que le froid avait salit. Je pourrai rester là toute ma vie, je pourrai mais je ne le fais pas. Je sors, me sèche et m'habille le plus confortablement possible : jogging noir et débardeur. Je n'ai pas l'intention de montrer tout mon désespoir aux autres, de toute façon c'est passager et quand le soleil reviendra les nuages de ma conscience s'écarteront et tout ira mieux le temps d'un petit moment. Après tout on a tous des moments comme ça, où tout ce qu'il y a autour de vous ne vous inspire que des idées noires, où tout ce que vous souhaitez c'est vous endormir jusqu'à la fin de l'averse.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant