Alors que le concert commence je m'enferme dans une loge, j'ai paniqué en voyant la foule et refusé de regarder les garçons, je n'y arrivais pas, trop de gens, trop de bruits, trop vraiment trop. Je suffoquais et encore en ce moment les larmes perlent aux coins de mes yeux, j'ai eu peur, je me suis enfuis.
Lâcheté.
J'aurai voulu les soutenir par ma présence mais je suis trop faible. Comment pourrai-je un jour les aider si j'ai peur d'une simple foule ? Cette masse de corps m'étrangle, toutes ces conversations vrillent mes tympans jusqu'à atteindre mon cerveau et le réduire en miettes puis elles s'attaque à mon cœur et le met en charpie avant de s'attaquer à mon âme pour la déchirer et déchaîner ma faiblesse.
Ici, seule dans le noir, je ne sais que penser. D'une part je suis seule et me sens donc bien mieux mais cette solitude vient piquer les blessures encore à vifs de mon esprit.
Seule, tu es toujours seule.
Dans le noir je ne vois pas, je ne vois pas mes bras, mes cicatrices, mon corps et cela laisse place à un soupir, une pause dans la torture. Mais dans le noir je ne vois pas non plus le sang couler, les nouvelles coupures et futures cicatrices. J'appuie plus fort, trace encore plus.
Meures.
Je ne fais plus attention à rien à part cette douleur sourde dans mon poignet, là où j'ai commencé. Il y a cette brûlure aiguë dans le creux de mon coude, qui vient à chaque instant que je cède à nouveau. Je ne distingue pas les traits de malheur sur ma peau, c'est un méli-mélo de néant. Quand la lumière s'allumera dans quel état serai-je ?
Je ne veux rien savoir, rien penser. La douleur me rappelle qu'à ce moment précis je suis en vie, que si je coupai en perpendiculaire de ces routes morbides je mourrai sans jamais avoir senti mon cœur brûler de bonheur. Qu'est-ce donc que le bonheur ? Pourquoi le désirer si fort ? Et pourquoi me poser toutes ces questions ?
Je devrai m'arrêter là et laisser la lumière artificielle des néons me montrer quel créature de faiblesse je suis. Pourtant je n'en fais rien et continue de laisser le sang couler. Je me plais à l'imaginer perler sur les fines coupures avant de se glisser dans les stries de ma peau, dessinant un tatouage rouge de feu. Cela serait de toute beauté, une vrai carte de mon corps rouge de mon âme.
Mes yeux papillonnent, cherchent un point où se poser, quelque chose pour s'accrocher. Il me faut une bouée de sauvetage, de l'aide s'il vous plaît !
Je panique, le noir m'entoure.
Je panique, je réalise seulement que j'ai cédé.
Je panique avant de me lever, trébucher, tomber, heurter le sol et m'étaler à terre.
Le lino est froid, cette fraîcheur s'insinue en moi, creusant dans les petites cascades crachant de l'eau souillée de mes poignets pour pouvoir s'accaparer ma raison. Et puis la douleur se répand de nouveau, je la sens agripper mon cœur et le serrer, serrer, serrer...
Elle me l'arrache, l'envoie loin de moi et mon corps le cherche, le réclame. Je suis en manque, mais en manque de quoi ? Je le ressens au fond de ma poitrine, il me faut quelque chose, c'est vitale, mais quoi ? Je ne comprends plus rien, essaye de réfléchir en vain. Je ne suis plus là depuis longtemps.
Un voile sombre se dépose sur mes yeux, comment le monde peut-il être encore plus noir si la lumière n'existait déjà plus dans le mien ?
C'est quand je lâche prise que je comprends. C'est d'oxygène que je manquais.
☼
J'ouvre les yeux, il fait toujours aussi noir mais j'arrive à me lever et appuyer sur l'interrupteur. C'est alors que je vois mes bras, je croyais voir les sillons de ma peau rouges et formant une toile d'araignée mais c'est tout autre chose que je vois. De longues coulures bordeaux se découpent sur mon avant bras, nulle œuvre d'art ici, je ne vois qu'un déchet.
Je secoue ma tête, je dois faire quelque chose et cacher ça, alors je m'active : nettoyant avec un mouchoir imbibé d'eau. Très vite il est rouge et l'eau claire à été remplacée par le sang poisseux. Je change de mouchoir, rebelote. Après ce qu'il me semble une éternité je ne saigne plus et peu donc observer les preuves du crime.
Mon poignet est constellé des petites coupures, mon avant bras est coupé à deux endroits différents et mon coude est lui coupé dans tout les sens, tant que c'est impossible de compter. Mais le pire c'est ma paume, elle est en charpie. Je ne pourrai jamais cacher ça aux garçons et encore moins à Josh, lui qui me prend la main à chaque instant il remarquera les coupures.
Je passe un des pulls de Tyler sur moi, m'allonge sur le canapé et réfléchis. Que faire ? Si je leur dis vont-ils me haïr ? Vais-je les dégoûter ? Probablement.
J'ai fais la promesse de ne plus jamais me couper ou du moins d'attendre de ne plus être leur amie pourtant j'ai failli à cette promesse et maintenant je vais devoir en subir les conséquences. Et si c'était ça le vrai courage ? Assumer que l'on est faible. Non, le courage c'est tout faire pour vaincre la faiblesse, moi je ne suis que trouillarde, je sais que Tyler et Josh sont bien trop bienveillants pour laisser quelqu'un de côté alors je profite de leur gentillesse.
Égoïste.
Profiteuse.
Monstre.
Je secoue la tête, je ne dois pas me laisser sombrer à nouveau. Je dois me montrer un minimum forte alors je sors de la pièce pour me rapprocher de la scène, je peux voir les garçons, à quelques mètres de moi. L'équipe technique court dans tout les sens, je ne me souviens que de deux noms : Clara la maquilleuse et Stéphane le chauffeur du bus, Stéphane n'est pas là, il dort à l'hôtel. Clara elle s'affaire, elle est gentille mais bien trop pétillante pour moi, je n'arrive pas à la suivre.
Je m'assois alors dans un coin pour regarder le concert de loin et sans gêner personne, Tyler monte sur son piano puis Josh le rejoint, il salue toute la foule. Mon cœur s'arrête, il va faire un salto. Je ne peux m'empêcher de penser à tout ce qui pourrait mal tourner, il pourrait ne pas sauter assez haut, mal se réceptionner, se casser quelque... Il atterrit sans mal et revient vers sa batterie, il grimpe sur son îlot, enjambe la grosse caisse avant de se rasseoir sur son tabouret et de commencer à jouer une nouvelle chanson, un nouveau rythme.
Je l'admire alors. Il sourit mais reste concentré. Quand il s'applique sur quelque chose j'ai remarqué qu'il se mord la lèvre inférieur et parfois il plisse les yeux. Mais quand il est face à quelqu'un il a plus tendance à se rasseoir ou juste changer de position. J'ai l'impression d'être une de ces filles qui espionnent son coup de cœur pour tout savoir de lui, pourtant je ne me suis même pas rendue compte que j'avais fais attention à ce genre de détails.
Le concert continue et je n'en rate pas une seconde, entendre chanter Tyler et voir Josh sourire chasse tout les nuages noirs, la crise est décidément bien loin à présent et comme toujours une question s'insinue dans mon esprit : comment fais-je pour être aussi faible ?
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Night
FanfictionLouna, une fille à part mais pas tellement non ? Dans la nuit y'a-t-il une lueur ? Dans une chute peut-on s'accrocher à quelque chose ? On apprend tous à aimer un jour, c'est son tour. Ce sont ceux qui nous accompagnent sur notre chemin qui nous in...