Jour 285

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Je grimpe, grimpe, grimpe.

Un barreau, un autre, un autre et encore un autre.

Je lève un bras, attrape un barreau, monte ma jambe. L'autre bras, l'autre jambe.

Je monte une échelle depuis... Depuis combien de temps ? Pourquoi ?

Aucunes réponses ne me viennent, alors je continue.

Autour de moi tout est bleu turquoise, comme le ciel en plein été et qu'il n'y a pas de nuages. Suis-je dans le ciel ?

Il suffirait que je baisse la tête pour avoir la réponse, ce que je fais.

En bas, à peut être l'équivalent de trente étages, se trouve une piscine.

Je lève la tête pour savoir quand mon ascension s'arrêtera.

Une dizaine de mètres plus haut, une plate-forme et un plongeoir.

Je continue à grimper, je n'ai pas peur de tomber car je sais que ça n'arrivera pas.

Arrivée sur la plate-forme je m'avance vers le plongeoir. Tout est minuscule en bas. Dans la piscine il n'y a plus personne, les gens sont regroupés autour et me regardent. Le paysage est à couper le souffle : la piscine se trouve au milieu d'une forêt de chênes et sapins qui tapissent tout l'horizon. Il y a quelques collines toutes uniformément vertes. Un fort vent souffle et mes cheveux volent autour de ma tête, ils sont courts et bruns, naturels.

Je replonge mon regard vers le sol, les yeux des gens ne sont plus bienveillants ou attentifs, ils sont effrayants : une lumière rouge malveillante est visible dans leurs prunelles depuis cette hauteur. Je relève vivement la tête et ferme les yeux.

Depuis le début tout semble se passer au ralentis, c'est déstabilisant.

Je manque de tomber et rouvre soudainement les yeux.

Le ciel n'est plus bleu, le sol n'est plus recouvert d'arbres, les gens ont disparus.

Le plongeoir est toujours là, et au fond je sais que je suis toujours aussi haut. Si je tombe c'est une chute mortelle.

La luxuriante forêt a été remplacée par un océan de couleurs : les couleurs de l'aube et du crépuscule. Du jaune, du rouge, du rose, du mauve dans toutes les nuances. Mais plus de bleu.

Le ciel est noir d'encre, un noir profond, sans fin, sans lumière. Un noir effrayant.

Mon regard serpente sur la mer et ses couleurs. Des étincelles apparaissent petit à petit : ce sont de petites étoiles. Elles brillent toutes de la même lumière apaisante, rassurante.

Soudain deux nouvelles étoiles apparaissent aux extrémités de mon champs de vision. Je passe mon regard de l'une à l'autre sans m'attarder plus d'une seconde sur chacune.

Celle à ma droite brille d'un éclat blanc pur. Celle de gauche d'un noir sombre.

Elles sont toutes les deux de la même taille, dix fois plus grandes que les autres.

Un sentiment venant du plus profond de mon cœur me pousse à choisir l'une d'elles.

Je ne veux pas aller vers la noirceur, je veux vivre dans la lumière. Je veux être une personne lumineuse vivant dans un monde lumineux. Je veux une étoile brillant d'un blanc pur, parfait.

Je regarde l'étoile blanche une, deux, trois secondes. Et puis...

Tout tremble sauf moi, je garde les yeux fixés sur l'astre. Je ne veux pas la perdre des yeux malgré les épreuves.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant