Boise Jour 553.2

65 6 9
                                    

J'étais recroquevillée, le sang était toujours autour de moi et les larmes aussi. Je n'avais pas encore eu la force de me laver et de tout nettoyer. J'étais vide, vide d'énergie, vide de sentiments, vide de vie. La porte de la chambre s'ouvrit et j'entendis la voix de Loa :

-Louna tu es là ? Louna t'es dans la salle de bain, y a tes chaussures à côté de ton lit et Josh te cherche donc t'es pas avec lui... Elle voulu ouvrir la porte de la salle de bain mais je cria :

-NON !

-Louna qu'est ce qui t'arrive ? Tu me fais peur... Louna la porte n'est pas fermée, est ce que je peux entrer ?

-Non c'est pas la peine, t'occupes pas de moi...

-Louna qu'est ce qui se passe ?... Je suis là, je peux t'écouter... Tu es mon amie.

Sa dernière phrase fut le coup fatale, je me remis à pleurer très fort.

-Louna tu m'inquiètes, j'ai peur. S'il te plaît laisses moi entrer... Le fait qu'elle me demande mon autorisation pour entrer dans la salle de bain, de l'inquiéter et de la mettre dans un tel état me fit encore plus mal. Tout s'embrouillait à nouveau dans ma tête. Il n'y avait plus que le noir autour de moi et un sentiment de culpabilité grandissant encore et encore dans ma poitrine. Je pleurais et avais du mal à respirer tout en répétant encore et encore la même phrase :

-Je suis désolée, j'suis désolée, j'suis désolée, j'suis désolée...

Les mêmes mots encore et encore, comme si cela pouvait anéantir le poids de la culpabilité, détruire ce sentiment de malheur. Je pleures de plus en plus, respire de moins en moins bien, le noir m'entoure et m'étouffe. Je ne sais plus quoi faire, je panique, j'ai peur, terriblement peur... La solitude me pèse, je vais mourir seule, toute seule comme toujours... Je vais disparaître dans le noir, jamais personne ne se souviendra de moi, comme si je n'avais jamais foulé cette Terre. Mon existence à jamais oubliée, je disparaîtrais dans le noir de mon esprit et laisserais le vide en moi s'ouvrir, grandir et enfin m'avaler.

-Louna parles moi, laisses moi venir, je peux t'aider !

M'aider ? Personne ne peux m'aider, je n'en ai pas le droit. Après tout je suis condamnée depuis longtemps, je me suis condamnée seule en ne faisant jamais rien pour m'ouvrir aux autres. Non, je ne peux pas accepter son aide, je ne peux pas la forcer à me rattraper sur le chemin de ma fin, elle s'essoufflerait et risquerait de voir la mort de trop près. Elle ne peut pas se fatiguer pour moi, je n'en vaux plus la peine, je n'en ai jamais valut la peine.

Le noir, les larmes, le silence puis... La lumière, une étreinte, une voix...

-Du calme, je suis là, je ne te laisserais pas... Loa est entrée dans la salle de bain, ne fait aucuns commentaires sur le sang coulant de mes bras déchiquetés par mes ongles ou celui coulant à flots de mes phalanges. Elle m'a prit dans ses bras, elle m'aide à quitter la noirceur et retrouver le monde plus lumineux. Je remonte à la surface, je pleure encore, respire toujours aussi mal mais dans ma tête cela s'arrange.

-Ça va ? Une vieille conversation avec Tyler me revient, il m'avait demandé la même chose et je lui avais dit que je n'allais pas « bien » mais « mieux », à ce moment c'est la même chose.

-Oui je vais mieux... Merci, merci infiniment... Je pleures à nouveau mais ce sont des larmes de joie, Loa m'a tendue la main et pour une fois j'ai su l'attraper. Elle ne m'a pas aider à arrêter ma chute mais l'a ralentit, l'impact sera moins douloureux.

-Loa, merci... Tu te rends pas compte de ce que tu viens de faire pour moi, je tombe moins vite maintenant...

-Tu tombes moins vite ?

-Oui et c'est grâce à toi.

-Tu veux bien m'expliquer ?

-Non, demandes à Tyler. J'ai conscience que j'essaye de forcer le destin, j'ai vu comment ils se regardent, à quel point ils sont semblables. Ils sont deux des trois seules personnes qui m'ont aidé à aller un peu mieux, ils sont fait l'un pour l'autre, c'est évident.

-Va voir Tyler, j'ai besoin d'être seule.

-Quoi ? Non je ne te laisse pas !

-S'il te plait... Je ferais pas de bêtises c'est promis.

-C'est hors de questions. Je reste avec toi.

-Loa, j'en ai besoin, je suis sûre que tu comprends très bien. C'est mesquin d'utiliser ses propres démons contre elle, je sais maintenant qu'elle aussi à sa part de noirceur, mais ce n'est pas moi qui peux l'éclairer. Non seule une personne peut l'éclairer et cette personne se trouve dans la chambre d'en face, est tatouée de trois fines lignes aux poignets et de nombreux autres symboles à la signification secrète. Oui il n'y a que lui qui puisse éclairer son chemin. Elle hésite, je me lève, sors de la salle de bain et récupère mon briquet en lui disant :

-Regarde j'ai mon porte bonheur, ça va bien se passer alors je peux être toute seule maintenant ? J'ai besoin de réfléchir avec moi même, tu comprends non ?

-Tu le fais exprès hein ?

-Absolument.

-Très bien. Elle soupire. Fais attention à toi.

-Promis.

Elle se lève et sort de la chambre. C'est difficile de la laisser partir parce que je sais que seule je suis plus faible et particulièrement à cette heure de la journée. Le soleil se couche derrière la fenêtre, la nuit n'est pas encore là et le jour se bat pour survivre. Le pire moment pour moi après le matin lorsque je dois abandonner ma meilleure amie la nuit.

La chambre est à nouveau silencieuse et j'ai froid. Je suis en short et t-shirt, j'enfile le pull de Josh. Son odeur m'apaise, comme tout chez lui. Pourtant ça ne suffit pas et le nœud coulant revient, il m'étrangle à nouveau et je me remet à paniquer, pleurer, convulser. Le repos ne fut que d'une courte durée on dirait. Le noir m'envahit, il s'infiltre en moi et m'empoisonne. Je vais mourir à petit feu.

Je suis vidée de toute énergie, mes jambes ne me portent plus et je tombe... Je tombe dans les bras de quelqu'un, il a un tatouage couvrant tout son bras droit.

Puis je bascule parmi mes ténèbres de toujours.

☼☼

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant