Jour 7.1

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Alors que les rayons du soleil se fraient un chemin jusqu'à ma fenêtre aux rideaux ouverts je commence à m'éveiller. J'ouvre progressivement les yeux mais la faible lueur du jour m'éblouit douloureusement. Ma tête est lourde, et j'ai comme un ballon trop gonflé à la place du cerveau. Et dans ce ballon près à éclater un marteau vient taper sur mon crâne au niveau des yeux, de la nuque, des tempes...

Je n'avais vraiment plus l'habitude de telles fêtes.

J'ai terriblement envie de rester dans mon lit et ne plus jamais en sortir. Je ne veux pas me lever, manger ou juste bouger.

Je reste emmitouflée dans ma couverture malgré la chaleur étouffante mais sentir le contact moelleux d'une couette me semble tout à coup indispensable.

Mon ventre réclame de la nourriture mais je me sens barbouillée et j'ai peur que si j'avale quelque chose je ne puisse pas le garder longtemps...

Je somnole et stagne dans un état entre la conscience et l'inconscience, le sommeil et l'éveil.

La réalité et les rêves.

Quelques images tournent dans ma tête, des images du lycée ou du restaurant. Mes amis d'avant ou mes collègues d'aujourd'hui. Ma famille et mon appartement. Je me revois, assise en cours à rêver de partir. Je ressens à nouveau cette envie, non ce besoin, de partir loin, loin, loin.

Souvent je regardais dehors, j'étais hypnotisée par la course poétique des nuages sur la toile bleu azure. Mon regard ne pouvait se détourner des reflets verts des feuilles dansant au grès du vent. Je rêvais d'ailleurs, de solitude et de paix.

J'ai toujours voulue partir et aujourd'hui je suis loin.

J'ai toujours désiré être seule mais aujourd'hui cela me pèse parfois.

Je suis libre, sans attaches et sans racines ici. Une graine de pissenlit volant dans le vent, petit parachute blanc et cotonneux allant s'établir toujours plus loin de son lieu de naissance grâce au vent.

Le vent me porte toujours vers la plage, lien entre la terre et la mer. Mon regard s'attache toujours à l'horizon, là où se mêlent mer et ciel. Mon cœur réclame de l'espace, mariage de liberté et de solitude.

Ma vie peut sembler être irréelle, presque incroyable. Après tout je vis aux États Unis, dans un petit appart bien situé, j'ai un travail qui paye bien sans que j'ai à sacrifier ma santé et surtout j'ai rencontré mes idoles.

Je ne devrais pas me plaindre, j'ai déjà tant. Pourtant il y a toujours quelque chose de creux. Un petit vide dans un coin de ma poitrine.

Il réclame d'être comblé, mais je ne sais pas par quoi.

C'est égoïste d'en demander encore plus après tout ce que j'ai déjà reçus mais je ne peux pas m'empêcher de chercher ce qui finira de remplir mon cœur.

Je prends mon téléphone et me balade sur les réseaux sociaux, mes anciens amis semblent être heureux. C'est une très bonne chose. L'un d'eux est parti en Angleterre pour les vacances, une autre commence ses études de vétérinaire et puis une dernière fête un an de relation avec un garçon. Tout semble bien se passer de l'autre côté de l'océan. Je regarde mon profil, je n'ai presque rien posté depuis mon arrivée ici, je décide de publier une photo de la plage que j'ai prise quand Tyler et moi parlions le matin en attendant Josh.

Je me rends compte que je ne les ai même pas pris en photo avec moi ni même individuellement, comme si je n'avais jamais réalisé qu'ils allaient partir. Pourtant aujourd'hui ils sont dans une autre ville, et même un autre continent. Je ne les reverrais jamais comme ces deux jours et cette soirée. En fait j'ai sûrement gâchée ma chance en me disputant avec Josh, il doit m'en vouloir ou me détester à l'heure qui l'est...

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant