Jour 129.1

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Sur le chemin de mon appartement je réfléchis, pourquoi je ressens tout ça pour lui ? Pourquoi le simple fait de dire son nom me procure à la fois bien être et douleur intense ? Au fond je sais mais comment cela est-il possible ? Je n'ai jamais rien ressentie pour personne alors pourquoi avec lui cela serait-il différent ? Est ce que je l'aime ? L'idée d'être amoureuse de lui est encore plus douloureuse que de penser à lui. Jamais lui et moi on ne sera ensemble, jamais. Il a sa vie et j'ai la mienne. Nous sommes la lune et le soleil, il illumine la vie de tous, est nécessaire aux autres, rayonnant, chaleureux... Et moi je ne suis qu'un astre brillant faiblement aux yeux du plus grand nombre, je ne suis visible qu'à moitié, parfois pas du tout, la plupart du temps que très peu, je ne vis véritablement que la nuit quand le monde devient noir. Josh et moi ne nous rencontrerons jamais, nos vies seront toujours loin l'une de l'autre, je le chercherais toujours mais ne l'atteindrais jamais. Les nuages et  les oiseaux ont la chance d'être au plus près de lui. Tyler est l'un de ces oiseaux, inspirant, gracieux, libre de penser. 

Depuis toujours je ne vivais pas, je survivais mais ça ne posait pas de problèmes, je n'avais jamais vécu autrement, je ne savais pas ce que je ratais. Et puis il est arrivé dans ma vie, éclairant mon chemin, chassant mes démons, réchauffant mon cœur encore endormis. Il m'a fait ouvrir les yeux, voir ce que la vie avait de plus beau, je me suis mise à l'aimer et puis plus rien. Il est repartis, tout est redevenus noir, triste et froid. Les monstres de mon esprits malade sont revenus plus forts que jamais et à nouveau je survis. Maintenant que j'ai vu la lumière mais qu'elle s'est échappée je suis plus sombre que jamais, la vie n'a plus aucun goûts, je n'ai aucune raison d'ouvrir mes yeux le matin. Je voudrais tant les garder fermés pour l'éternité, rester dans un monde où il est à mes côté... Mes pensées s'assombrissent au fur et à mesure que j'avance, j'arrive à mon immeuble, entre dans l'ascenseur, attends 35 secondes ou une éternité je ne sais plus, l'horloge s'est déréglée lorsque j'ai chuté dans le noir de mon âme. 

Je ne sais pas comment ni quand mais je suis rentrée chez moi, je me sens tellement vide, je ne veux plus ressentir ça, je veux en finir. Comme un automate je vais dans la salle de bain, ouvre la pharmacie et prends une boite, retourne dans le salon et m'assoit sur le canapé gris où il y a une éternité Josh m'avait attendue. Je vide la boîte sur la table basse, des cachets blancs s'éparpillent par dizaines, ils sont censés m'aider à dormir malgré mes insomnies mais ils n'ont jamais suffit sauf qu'aujourd'hui ils m'aideront.

Aujourd'hui ils m'aideront à m'endormir pour de bon. J'en prends un, l'avale, un second l'avale aussi, puis vient un troisième, un quatrième, cinquième, sixième... Je ne les compte bientôt plus, il y en a déjà assez pour me faire enfin disparaître. J'ai résisté le plus longtemps possible, combattue mes démons pendant ce qui m'a semblé un siècle et souffert pendant un millénaire, j'ai abandonné la partie, je ne joue plus et laisse ma place à un autre en espérant qu'il n'héritera pas de la noirceur que je laisserait derrière moi. Je me lève une dernière fois, ma tête tourne, ma vue se brouille, c'est bientôt fini mais je dois résister encore quelque minutes, j'avance en faisant tomber des objets sur mon passage : tabouret, lampe de bureau, cadres... J'aimerais voir une dernière chose, une dernière personne avant de quitter ce monde auquel je n'ai jamais appartenu. À force d'efforts impossibles je trouve ce que je cherchais : la photo qu'il m'a laissé avant de partir, la photo où il me prend dans ses bras au parc... Je la sors de son cadre doucement, mes mains tremblent, je ne les contrôle plus... La photo enfin sortie je l'approche de moi, je remarque quelque chose d'écrit  au dos, c'est son écriture : Un jour je reviendrais te retrouver et je tiendrais ma promesse, je te ferais comprendre ce que je veux pour toi et moi, je te dirais ce que mon cœur désire alors attends moi s'il te plais. Attends que je te retrouve et que je te fasse vivre la vie que tu mérite... à bientôt, Josh

Il est trop tard Josh, je suis tellement désolée... Je plaque la photo sur mon cœur, des larmes coulent sur mes joues, mes jambes tremblent de plus en plus, mon esprit s'embrouille et des souvenirs remontent à la surface : lorsqu'il m'a tendu la main sous l'escalier la première fois où je l'ai rencontré, sa main toujours accrochée à la mienne que ce soit pendant le récit de mes peurs ; lorsque nous sommes montés chez moi ou dans le parc, ses paroles réconfortantes, son sourire, ses yeux plein d'étincelles quand nous nous balancions... Je ne pense qu'à lui, à son visage à sa voix... Je me souviens de tout : « -Louna tu me fais confiance ? -Plus qu'à n'importe qui... -Alors laisse moi te porter jusqu'à la voiture, laisse moi te protéger au moins une fois. » Louna t'es là ? J'ai entendu du bruit. « Je veux pas te laisser partir » Louna ouvre putain ! « Attends un peu s'il te plais... J'ai encore besoin de toi près de moi. ». Mes jambes ne me soutiennent plus et je tombe violemment au sol, la brume m'entoure, je ne ressens plus rien, les sons s'étouffent et pourtant j'entends un grand bruit. Les couleurs s'emmêlent, une grande tâche colorée s'approche, descend près de moi. Cette tâche est noir, blanche, kaki et sur le dessus jaune, un jaune qui me semble si... familier. Je cligne des yeux, pour rétablir ma vision, c'est une personne qui est à genoux tenant ma tête entre ses mains douces, si douces... Je finis par le reconnaître... J'hallucine, ma fin est proche on dirait, je vois Josh alors qu'il ne devrait pas être là... Ce n'est pas bien grave, le revoir même en rêve c'est merveilleux... Je ferme les yeux, pour ne plus jamais les rouvrir. 

Un jeune homme aux cheveux jaunes attend dans la salle d'attente de l'hôpital, il à téléphoné à son meilleur ami qui lui aussi devrait bientôt être là. Le jeune homme pleure beaucoup et est très inquiet car il n'a pas de nouvelle de la personne qu'il a emmené en urgence. Il ne peut pas rester assis très longtemps ou juste immobile. Il a un briquet dans les mains et une photo de lui avec une jeune fille. Cette jeune fille sourie, il la porte dans ses bras au milieu d'un parc lors d'une journée ensoleillée. Au dos de la photo il y a des mots écrit de sa mains destinés à la fille dans ses bras, il lui promet de revenir, ce qu'il a fait mais trop tard... Aujourd'hui il risque de la perdre.

Après plusieurs minutes à attendre seul, un médecin vient le voir et lui dit :

-Votre amie va s'en sortir mais elle risque de n'avoir aucun souvenir de sa tentative de suicide.

-Elle va bien ?! Dieu merci ! Je peux aller la voir ?

-Doucement jeune homme, elle à besoin de repos et plus tard d'un psychologue, vous ne pouvez pas la laisser comme ça, il lui faut de l'aide.

-Je vais l'aider, elle n'aura pas besoin de psychologue !

-Écoutez ce n'est pas raisonnable...

-Non, c'est moi qui l'aiderais, moi et moi seul !

-Vous l'aimez n'est ce pas ?

Le jeune garçon aux cheveux jaunes se mit à rougir et à être mal à l'aise.

-Je, je je sais pas...

-Posez vous les bonnes questions, vous avez bien failli la perdre aujourd'hui alors écoutez votre cœur. C'est le meilleur conseil que je puisse vous donner.

Le garçon ne savait plus quoi faire et quoi dire, dans sa tête et dans son cœur des milliards de questions tourbillonnaient.

-Oh j'oubliais, sa chambre est le n°125 vous pouvez aller la voir !

À peine le médecin avait terminé que le garçon se précipitait vers la chambre n°125, le médecin resta dans la salle d'attente et laissa une de ses pensées s'échapper :

-Bien sûr qu'il l'aime... Fait que le destin ne les sépare pas... Dit il dans une prière silencieuse.

☼☼
Ce soir je publie en avance pour rendre hommage à Chester Bennington le chanteur de Linkin Park, un homme avec une voix qui transportait.
RIP

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant