Épisode 2 : Devoir

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Je fermais la blouse blanche de médecin dans laquelle j'étais et commençais à courir à contre-sens de la foule qui se tassait pour rejoindre la porte d'évacuation.

Je n'avais jamais été une grande coureuse, les exercices et moi nous faisions deux et du haut de mon un mètre cinquante-neuf, mes petites jambes étaient nullement efficaces.

À mes treize ans, pendant que les autres gosses rejoignaient les camps d'entraînements... J'avais décidé de choisir la voie de la médecine. Protéger le roi c'était bien. Protéger les civils c'était bien. Tuer les titans c'était plus que bien. Mais sans une population en bonne santé, sans des médecins qui secourraient les blessés, il n'y avait plus personne.

Mais aujourd'hui, je courrais comme si j'avais le feu aux fesses. En soi c'était presque vrai puisque les titans allaient débarquer d'un moment à l'autre. Et allaient me bouffer par la même occasion. Moi et mes fesses en feu.

J'accélérais l'allure pendant que des gardes me crièrent de rentrer dans le rang. J'étais arrivée dans le quartier où la majorité de mes patients se trouvaient.

Je me dépêchais d'entrer dans les maisons en suivant l'exemple du bougre de tout à l'heure. Ce fut avec un soulagement que je constatais que les maisons étaient toutes vides... Mais ce fut à cet instant que j'entendis des cris à l'aide.

Je courus vers la voix et vis une vieille femme qui était tombée par terre. Je l'aidais à se relever et m'empressais de palper ses jambes et ses chevilles. Elle avait dû faire un faux mouvement dans la précipitation.

- Merci... J'ai bien cru que j'allais finir en chair à pâté...

- Écoutez, vous vous êtes fait une entorse à la jambe. Rien de grave. Rejoignez les autres, mais je ne vous cache pas que vous aurez mal en marchant. Mais c'est mieux que de rester ici. Je vais vous aider à rejoindre le chemin principal.

Je mis un de ses bras autour de ma nuque et avec un grand effort, je l'aidais à avancer.

Cinq grosses minutes plus tard nous pouvions voir la foule au loin. Un garde blond à la quarantaine me vit et s'approcha de nous.

- Qu'est-ce que vous faites encore ici ?!

- Je viens en aide aux derniers civils. Aidez cette dame à rejoindre les rangs, voulez-vous ? Demandais-je en reprenant mon souffle, en sueur. Il faut que je reparte vérifier l'aile est.

- Il est hors de qu...

Et avant qu'il ne puisse m'en empêcher, je lui laissais la dame et recommençais à courir.

Je m'étais rappelée d'un de mes patients qui était alité depuis plusieurs jours. Avait-il pu s'en sortir ?

À mesure que je courais, je regrettais de ne pas avoir fait un saut au camp d'entraînement dans ma jeunesse. Ça aurait musclé mes jambes qui partaient en compote. Et je crois que je pouvais déjà ressentir un point de côté pour vous dire !

J'ouvris la porte de la maison de ce monsieur avec un grand coup d'épaule, un acte dont je savais que j'allais regretter, et me ruais à l'intérieur.

L'homme était aidé par sa femme mais il n'y avait rien à faire. Il était bien trop lourd pour elle. Lorsqu'ils me virent, je lus du soulagement sur leurs visages.

Et je sus que j'avais belle et bien pris la bonne solution en revenant lorsque je vis que la femme allait éclater en sanglot.

D'un accord tacite, je me mis de l'autre côté de mon patient, et comme je l'avais fait avec la vieille dame, je le soulevais. Et grimaçais à la douleur aiguë de mon épaule qui avait éclaté la porte.

- C'est peine perdue... Entendis-je dire sa femme.

Je ne voulais pas l'avouer aussi. Même à deux, nous n'étions pas assez suffisantes pour porter mon patient. Nous étions à peine dehors que nous étions à deux doigts de nous effondrer.

Et c'est là que je vis une brouette plus loin. Nom de dieu... La chance serait-elle de mon côté pour une fois dans ma vie ?!

- Tenez-le ! Ordonnais-je. Je vais vous chercher la brouette ! On va le mettre dessus et vous allez le pousser !

Je le lâchais et courus prendre la brouette. Arrivée devant eux, l'épouse mit son mari qui gesticulait de douleur dedans et je lui laissais ensuite les commandes.

- Merci Dr. Bernhardt...

- Ne me remerciez pas, nous ne sommes pas encore sauvés, murmurais-je. Maintenant, ne vous arrêtez surtout pas. Vous allez rejoindre la foule dans quelques minutes. Allez-y !

Face à mon temps pressant elle commença à rouler la charrette. Elle marcha d'abord pour s'habituer au poids puis commença peu à peu à courir et dévaler la rue vide.

J'allais continuer mon chemin quand j'entendis quelqu'un m'appeler.

Je me figeais en reconnaissant la voix.

- Nausha !

Je me retournais, et regardais avec choc mon fils qui était revenu.

- Sirus ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?! Je voulais...

- Non tais-toi ! T'as dit que tu reviendrais dans une demi-heure !

- Je suis peut-être pas ta mère biologique mais y a une manière de parler !

- MAMAN ! ON VA CREUVER ! ALORS ÉPARGNE MOI TES SERMONS !

J'allais répliquer... Mais je lui avais crié de la même manière tout à l'heure. En réalité, nous étions aussi paniqués et à cran, l'un que l'autre.

- M. River est sauf ! Continua-t-il. Un voisin l'a reconnu et s'est occupé de lui. T'as fini de faire le tour ?

- Il reste le quartier ouest... Va rejoindre les...

- Je suis plus un bébé ! Et si je meurs, je mourrais avec toi ! Et... Et... Ça sera plus rapide si on s'y met à deux non ?

Il commençait à pleurer à chaude larmes maintenant, à en faire rougir ses joues. Comment pouvais-je lui en vouloir quand mon propre cœur menaçait aussi d'exploser sous la peur de mourir ?

Et face à ce spectacle... Je ne pus que le prendre dans mes bras et laisser échapper un sanglot qui était resté coincer au fond de la gorge depuis que j'avais quitté la maison de M. River.

Nous n'étions pas reliés par le sang mais nous avions que nous-même pour veiller sur l'un et sur l'autre. Nous étions en train de nous serrer avec force, sans parler, il était inutile de mettre des mots sur nos sentiments.

Quelques secondes passèrent et je pris sa main.

Nous recommençâmes à courir et il avait eu raison. À deux, nous avions eu le temps de faire la tournée des maisons. Nous avions aidé des jeunes et des mères qui avaient perdus le chemin de l'évacuation ainsi qu'un homme qui s'était aussi égaré.

Nous avions redirigé tout ce beau monde et nous nous étions assurés que plus personne ne restait derrière. Chose que les gardes avaient décidé de fermer les yeux.

Nous nous étions vraiment éloignés du chemin vers Sina, et nous nous apprêtions à y retourner... Lorsque nous entendîmes des hurlements à en déchirer notre âme et des bruits de pas qui faisaient exploser les maisons et nous envoyaient des débris.

De la sueur perla ma nuque. Je sentis presque mon sang se refroidir dans mes veines.

Et un frisson parcouru mon corps.

Non...

Les titans étaient là et nous étions les deux seuls civils qui étaient restés en arrière.

Nous étions les plus seuls au monde face à eux.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant