Épisode 122 : M. Et Mme. Ackerman

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Dans ma vie, j'avais eu de nombreuses peur. La peur de voir un patient mourir. La peur d'échouer. La peur d'être abandonnée. La peur de tout perdre.

J'avais aussi fait de nombreuses choses. Étudier la médecine. Devenir médecin. Élever Sirus. Crever un œil de titan avec du bois. Sauter d'un balcon de la plus haute tour du palais. Devenir une tête influente.

Mais je n'avais jamais été aussi effrayée de faire quelque chose à cet instant. Et ma peur était motivée par l'idée de perdre la chose que j'avais de plus précieux au monde. Mon bébé.

Rivaille et moi étions habillés. Lui en tant que soldat et moi capitaine avec mes insignes du corps médical. Les soldats nous avaient laissé une calèche à disposition. À dix heures, soit la calèche allait arriver vide soit avec nous.

Et j'étais celle qui devait prendre la décision.

J'étais sur le canapé, tétanisée. La gorge sèche. Les mains froides et qui ne cessaient de trembler comme en état de choc. Les yeux embués de larmes.

J'avais condamné ma famille. Rivaille. Kuchel. Mon action pourrait nous considérer comme des traîtres à la couronne dans un cas.

Et j'étais dévastée.

Était-ce ce qu'avait ressenti mon père en fondant une famille avec mère ? Avait-il vécu dans la terreur de faire payer sa famille pour le crime qu'il représentait ? Être un Rosenbaum ?

Je devais prendre une décision d'ici une heure. Rivaille aurait très bien pu aller à la capitale et faire pression sur Zackley pour lui faire changer d'avis... Mais Zackley n'était pas le seul impliqué. La reine l'était. Et menacer Historia n'était pas une limite qu'il devait transgresser... Car toute la population et le Comité ferait retomber son geste sur ma tête et celle de Kuchel en tant que demi-Mahr et excuserait Rivaille.

Rivaille demeurait impassible et calme mais je savais que c'était loin d'être le cas au fond de lui.

Deux choix s'offraient à moi.

Obéir et condamner Kuchel à devenir un objet comme Eren, Armin et moi l'étions : si nous travaillions pour l'humanité tout était bon... Mais à la moindre louange pour nos ennemis, nos têtes seraient tranchées. Bien sûr il y avait la possibilité que Kuchel n'ait aucun pouvoir du tout. Rivaille m'avait expliqué que les pouvoirs de sa mère ne s'étaient jamais manifestés parce qu'elle n'avait jamais eu un cœur pour la violence. Si c'était le cas, on continuerait tout de même à la surveiller mais elle aurait à subir moins de pression.

Soit je refusais. Et je devenais officiellement une traîtresse. On me destituerait de mes fonctions et on ferait un procès factice pour annoncer ma peine de mort à la population. Ils seraient peut-être cléments avec Kuchel qui n'était qu'un bébé... Mais sa vie deviendrait un enfer. Fille d'une demi-Mahr, coupable de haute trahison et ennemie de l'Humanité. Elle deviendrait la risée et finirait probablement par être tuée comme sa mère.

Je levais la tête. Rivaille était assis sur un tabouret, les jambes écartés et surveillait Kuchel qui était dans sa chaise haute. Il avait fait du thé et avait une tasse dans sa main. Il m'en avait proposé mais j'avais refusé, ma gorge était trop serrée pour boire quoi que ce soit. Il attendait ma décision et je fus reconnaissante qu'il ne me brusqua pas comme il l'aurait fait pour ses soldats.

Mes yeux allèrent ensuite vers Kuchel. Elle avait immédiatement senti la douleureuse ambiance entre moi et Rivaille à son réveil et n'avait pas prononcé une syllabe, elle d'habitude qui était si bavarde et incarnait l'inconscience et la joie de vivre. Elle buvait d'ailleurs son biberon et nous regardait tour à tour.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant