Épisode 115 : ... Bernhardt Ackerman

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Février 852

Ma vie changea radicalement à sa naissance.

J'étais revenue à la maison avec elle accompagnée d'une infirmière qui resterait avec moi. Kuchel était née prématurément, de ce fait elle avait besoin d'encore plus d'attention.

J'appris très rapidement à changer ses couches et à la laver avec un gant de toilette. Elle était si petite et fragile dans mes bras... Il m'était impossible de détacher mes yeux d'elle. J'étais comme hypnotisée par ce petit être, ce nourrisson qui ne faisait que bâiller pour signaler son sommeil ou brailler pour dire qu'elle avait faim. Et je suppose que son côté gourmand venait bel et bien de moi. Elle buvait mon sein à n'en jamais finir.

Et puis lorsqu'elle dormait dans le creux de mes bras, j'en profitais pour la câliner et couvrir son front de baiser. Sa peau était chaude, ses doigts étaient si minuscules, mais le moment le plus mignon qu'il m'ait été donné de voir c'était lorsqu'elle éternua. Ce n'était pas un ou deux éternuements. Mais dix (au moins). Et tout ce petit être s'était contracté à chaque fois.

Elle était devenue mon soleil.

Mais ce fut aussi dur.

Kuchel n'était pas un patient. Un patient avait une voix pour exprimer ce qui n'allait pas, et ne criait que lorsque c'était nécessaire. Mais Kuchel exprimait tout par ses pleurs et il y avait des jours où je me retrouvais désarmée et paniquée de ne pas savoir quoi faire. A ces moments-là je m'en voulais.

Mais c'était plus gratifiant qu'autre chose. Malgré les pleurs. Malgré les couches. Malgré sa fragilité. C'était juste un bonheur pur d'être avec elle, je riais pour ses petites mimiques, ses gestes archaïques construisant ses réflexes, et ses éternuements qui valaient de l'or.

Sa naissance m'apporta un nouveau souffle de vie.

Avant, je ne faisais que me préoccuper de ce que pensait les autres, du fait que j'étais à demi-Mahr, de ne pas être à la hauteur de Zackley ni de la population ni de Rivaille... Mais la venue de Kuchel me fit regarder la vie d'une autre façon. On naissait et on mourrait. On était seul avec nos besoins et notre corps. Et on avait qu'une vie (bon je faisais exception à la règle mais passons), voir Kuchel dormir paisiblement dans mes bras sans se préoccuper des gens ou du monde me rappelait que moi aussi, je pouvais vivre sans penser aux regards des autres.

Malheureusement, tout n'était pas vrai. Et Zackley me le fit rappeler deux semaines plus tard en m'envoyant une missive où il avait écrit des ordres de mission qu'il attendait de ma part. Sans compter que je devais continuer les leçons particuliers que je donnais à Historia.

J'aurais pu m'émerveiller devant mon nourrisson littéralement toute la journée mais le devoir m'appelait. Alors pendant ses grandes siestes, je la laissais à l'infirmière le temps de quelques heures pour aller à la capitale et revenir.

J'étais... Rincée.

Je n'avais certe plus cette petite fleur dans mon ventre, mais je manquais de sommeil, mon énergie était pompé par les allaitements mais aussi par le travail que Zackley me demandait sur les données médicaux. Bien sûr cela ne servait à rien de parler des nuits... Elle dormait beaucoup oui mais se réveillait pile poil lorsque je finissais de rédiger des dossiers et que je pouvais enfin fermer l'œil.

J'aurais pu demander de l'aide. J'avais Wilfred, Faustina, Pixis pour m'aider dans mon travail. Mais demander de l'aide serait une preuve que je ne pouvais pas me débrouiller seule pour Zackley. Et je refusais ça.

Je refusais de paraître faible.

Et puis bien sûr... Rivaille me manquait. Quand je pensais m'être faite à l'absence c'était justement les moments où je craquais. Pour m'aider à garder la raison, je lui écrivais une lettre sur Kuchel à chaque fois que des messagers du bataillon venaient délivrer leurs avancées. Ils repartaient avec ma lettre du jour. Mais si c'était à destination de Rivaille, je savais qu'Hanji ferait tout pour s'en emparer.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant