Épisode 127 : Alexis Weissmüller

3K 202 224
                                    

J'étais dans une calèche qui m'emmenait à l'Hôtel de Sina. Si j'avais vu le futur, peut-être qu'il était encore dans son hôtel. C'était l'aube, la journée avait à peine commencé.

Mais j'avais un très mauvais pressentiment. Je m'étais endormie dans les bras de Rivaille cette nuit sur le canapé et j'avais rêvé de ce qu'il se passait à Alexis. Bien sûr cela pourrait s'avérer être un simple cauchemar. Mais quand je m'étais réveillée, j'avais eu le sentiment que c'était plus qu'un cauchemar.

Et si ce que j'avais vu... S'était passé cette nuit ? C'était le pire scénario possible. Si c'était bien vrai...

Alexis Weissmüller était alors mort à l'heure actuelle.

Je tremblais dans la calèche. J'avais passé une courte nuit et j'étais sortie abruptement sans me coiffer les cheveux ni me débarbouiller le visage. Mais une question revenait à mon cerveau embrumé et endormi.

Qui, diantre, sur cette Île pourrait en vouloir à Alexis au point de le tabasser à mort ?!

Qui oserait une telle violence et une telle brutalité ?

Une réponse vint à mon esprit.

Rivaille.

Je l'avais vu tabasser à sang quatre types dans ma vie, pour moi. L'homme avec qui j'avais couché il y a quelques années. Le soldat qui m'avait tué lors de mon procès. Le prisonnier Mahr contaminé par la varicelle qui m'avait pris en otage. Et le marchand de poulet qui avait failli me faire faire une fausse couche (mais je ne l'avais pas à proprement vu le défoncer, on m'en avait parlé).

La réponse semblait alors évidente. Rivaille pourrait faire un tel massacre. Pour mon honneur, il avait brisé des bras, disloqués des jambes, frappé des visages, et avec Hanji je savais qu'il devait dès fois torturer et arracher des ongles (même si on disait que les prisonniers hurlaient plus avec Hanji que lui) avec leurs ennemis. Qui ne connaissait pas la réputation de Rivaille Ackerman ? Derrière son titre de héros du soldat le plus fort de l'Humanité, il était redouté par sa violence et son passé de voyou dans les bidonvilles.

Mais Rivaille... Ne ferait pas une telle chose envers Alexis... Non ? De plus lui et moi nous étions ensemble cette nuit. Il m'avait ensuite quitté pour travailler sa paperasse, je l'avais entendu.

Et accuser Rivaille était trop facile et évident.

J'avais ce sentiment qui me disait que c'était plus que ça. Quelque chose se passait sous mes yeux mais que je ne voyais pas.

Je grognais de douleur et serrais les poings avant de mettre ma main sur la vitre froide. Ma tête me faisait mal. Tout se mélangeait dans mon crâne. Ma vie avec Rivaille et Kuchel, mes cauchemars que j'avais pu faire en rêvant des titans et mes visions. De Sieg. D'Historia. D'Alexis. Tout se mélangeait.

Quand je vous disais que je devenais folle... Je devenais folle. Et j'étais effrayée de ça. Arriverais-je à un point de non-retour où je perdrais la tête et que je ne pourrais plus faire la différence entre quoi que ce soit ?

Le cocher m'indiqua qu'on était arrivé et je descendis, chancelante, les jambes qui flageolaient et malheureusement, ce n'était pas à cause de ma nuit avec Rivaille.

J'étais tétanisée. La peur avait eu raison de moi.

Comprenez-moi bien, je n'avais jamais été proche d'Alexis. Nous n'avions jamais été les meilleurs amis du monde. Notre relation s'arrêtait à de l'intérêt pur. Cela lui était utile d'avoir une connaissance sur cette Île qui lui ferait connaître les environs et il avait toujours été intéressé par mes gènes de Rosenbaum. Quant à moi, je l'avais utilisé pour qu'il m'enseigne sur le monde extérieur. Puis notre intérêt avait évolué. Quand j'étais enceinte, il avait souvent fait le chemin avec moi, le soir où je marchais seule dans la nuit d'hiver, après le travail. Et il m'était arrivé de lui payer un café. Et il lui était arrivé de m'offrir amicalement un bouquet de fleur en guise de prompt rétablissement lorsque ma grossesse m'avait obligé à finir à l'hôpital.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant