Épisode 14 : L'Heure Du Thé

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Je suivis Rivaille d'un pas second, mes pensées encore sur Erwin. Je n'avais jamais été importante à ses yeux. Non, je n'étais qu'un pion dans sa quête de la vérité comme tous les autres.

Et dire que j'avais vu en lui un grand frère sur lequel je pouvais me reposer.

J'avais encore fait fausse route. Il m'avait laissé Sirus et maintenant qu'il m'avait retrouvé, il avait déjà embrigadé cet enfant pour qu'il meure dans sa cause.

Il se fichait d'éliminer les titans de l'humanité. Non. Il voulait juste savoir si la théorie de son père était vraie. Et je n'avais jamais compté pour lui.

- T'as besoin de passer un coup au toilette ou on peut continuer ?

Rivaille me regardait du coin de l'oeil. Avant j'aurais eu l'impression qu'il m'engueulait. Car dès qu'il me parlait, ça ressemblait à un reproche. Et ce n'était pas étonnant, le ton de sa voix était un ton de menace ou de provocation. Mais maintenant que je commençais à avoir l'habitude... Je réalisais que Rivaille était un homme plutôt calme.

Il parlait que quand c'était nécessaire et bien sûr quand il avait quelque chose à dire. Il ne cachait jamais le fond de sa pensée, car il n'avait pas peur de personne. Il était honnête.

Par ailleurs, dès qu'on avait comprit ça, on pouvait aussi réaliser que sa voix n'était pas aussi menaçante et froide que ça. Oh bien sûr, il pouvait l'être comme lorsqu'il parlait au révérend Nick ou lorsqu'il donnait des ordres à Eren quand ce dernier doutait de lui-même. Mais sa voix pouvait être... profonde et chaude. C'était étrange mais vrai. Il paraissait indifférent à tout mais quand on faisait attention il n'était pas aussi insensible que ça.

Je repensais notamment lorsque je m'étais réveillée et il avait été en charge de ma surveillance le premier jour. Même si lorsqu'il avait commencé à me parler, j'avais eu plus peur pour ma vie qu'autre chose, il m'avait finalement rassuré que c'était normal de trembler et il m'avait remercié. Ensuite, après l'opération de Franz sur le haut du mur, il m'avait tendu un mouchoir en dentelle et m'avait encore remercié.

Il savait remettre les gens à l'ordre. Il savait punir. Il savait menacer. Mais il savait aussi protéger. Et rassurer. Et dire le mot juste. Et s'excuser quand il le fallait. Et montrer sa gratitude.

Et même s'il avait un horrible sens de l'humour et qu'on ne le verrait jamais rire, il faisait des blagues scabreuses et noires pour - je suppose, détendre les gens autour de lui.

- Non non c'est bon. Erwin veut que je revois les bases de la tridimensionnalité, répondis-je amèrement. Tu m'emmènes pour ça ?

- Non. Mais si tu veux commencer tout de suite, je ne te retiendrais pas.

Et sur cette réponse énigmatique, il ne dit pas plus. J'hésitais à l'arrêter pour lui dire que j'étais encore en robe de chambre et que j'aurais aimé me changer mais finalement je me tus.

Nous arrivâmes dans une petite cuisine. Je m'assis sur une chaise... Pendant que le caporal commença à faire du thé. Était-ce sa manière de me remonter le moral ? Dans ce silence apaisant entre nous, je le regardais faire. Il avait un grand dos musclé et on pouvait voir le long de sa nuque blanche. Il avait coupé ses cheveux très courts. Après l'avoir contemplé quelque minutes, mon regard se tourna vers la fenêtre (j'aurais aimé le contempler plus mais j'avais peur qu'il m'attrape la main dans le sac) et le ciel bleu clair qui s'y cachait derrière.

Et je sentis mon cœur s'effondrer.

Pourquoi n'avais-je pas eu mon mot à dire ? Erwin avait dit que Sirus était un prodige. Mais justement, il avait déjà Rivaille et Mikasa. Et Eren qui était un titan. Il n'avait pas besoin de Sirus qui n'avait que treize ans ! Il ne payait rien pour attendre !

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant