Épisode 3 : Les Titans

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À leur vue, mes jambes s'immobilisèrent net.

Je n'avais jamais vu de titan de ma vie sauf dans les bouquins et sur les vitraux des cathédrales. Mais à ce moment précis, je n'avais jamais vu de chose aussi immense et hideuse à la fois.

Il y avait au moins trois titans qui se dirigeaient vers nous. Tous les trois avaient des formes différentes. Oh ils avaient une tête, un corps, deux bras et deux pieds comme les humains. Mais ils étaient nus. Et l'un des trois faisait au moins treize mètres de haut. Le plus petit devait faire dans les sept mètres. Il avait le ventre et la tête énorme.

Le plus effrayant n'était pas leurs yeux qui regardaient devant ou même... Vers nous. Mais c'était leur sourire. Ils souriaient tous à pleine dents que même la commissure de leurs lèvres atteignaient presque le haut de leurs joues.

Et j'étais paralysée de peur. Je n'arrivais pas à bouger. Mes yeux fixaient leurs mouvements et notamment leur pas qui aplatissaient tout sur leur passage.

Nous étions si minuscule face à eux. Si... Petit.

Nous n'étions rien. Rien du tout.

Et nous allions mourir comme du bétail.

C'était le hurlement d'effroi de Sirus qui me réveilla de ma torpeur. Son visage était défiguré par la terreur et la réalisation de son imminente mort. Mort que je ne pouvais pas accepter.

Je m'emparais alors de sa main et courus à toute vitesse. Je passais entre les maisons, dans les ruelles pour les raccourcis, en espérant regagner la bouche d'évacuation... Mais nos pas ne valaient rien face à leur pas de géant.

Je me retournais une dernière fois pour me risquer de voir où ils étaient mais ce fut une grossière erreur.

Je croisais le regard du plus petit titan qui mit alors ses bras devant lui dans notre direction. Il traversa ensuite les maisons comme si elles étaient toutes en papier, le plus tranquillement possible.

Je courrais mais c'était fini. Nous étions les seuls humains ici et tout le monde savait que les titans cherchaient des humains pour se rassasier.

À ce rythme là... Nous allions être bouffés par eux. Il fallait que je fasse quelque chose. Que je retienne l'attention des titans pour laisser Sirus s'échapper. S'il continuait tout droit, il avait une chance de survivre.

Alors que j'allais parler de mon plan à Sirus, les maisons en bois autour de nous commencèrent à s'effondrer sous la résonance titanesque des bruits de leurs pas. Nous poussâmes un cri de frayeur lorsque des débris de maison tombèrent sur nous.

Je me dégageais tant bien que mal les morceaux de bois sur moi et aidais mon fils à se relever. Nous étions en piteux état cette fois.

Mais je ne lui laissais pas le temps de s'en remettre. Je lui pris sa main et le poussais en avant sur le chemin.

- Cours ! Sirus cours ! Va rejoindre les autres ! Vite !

- Il est pas question que je te laisse là !

- Écoute Sirus, j'ai une idée. Mais là t'es comme un fardeau, mentis-je. Je dois être seule pour réaliser mon idée alors va-t-en ! Et préviens les gardes de la situation ! Fais ton devoir de citoyen !

- Maman !

- SIRUS ! Rugis-je. DÉGAGE ! COURS !

Et pour la seconde fois, je l'abandonnais. Il fallait qu'il survive. J'étais en réalité le poids parmi nous deux.

Il courait trois fois plus vite que moi.

Il devait s'échapper à tout prix.

Je commençais à courir vers une maison démolie plus loin et grimpais les énormes débris pour me mettre sur le toit et me positionner face aux titans.

Le plus petit était le plus proche. Les deux autres étaient juste derrière et continuaient à avancer vers lui.

Je jetais un regard par dessus mon épaule... Sirus me regardait, tétanisé.

- COURS ! Hurlais-je de tous mes poumons.

Ma voix résonna dans la ville abandonnée.

Et enfin, je vis Sirus me jeter un dernier regard larmoyant et courir le plus vite possible.

Bientôt il fut hors de ma vue.

Merci Sirus... C'était pour ton bien, adieu, pensais-je amèrement en sentant la douleur du désespoir me transpercer le coeur.

Je me retrouvais seule face aux trois titans devant moi, qui entouraient presque la maison sur laquelle j'étais.

J'allais mourir écarteler par les deux grands titans.

Au moins Sirus était sauf. Les titans avaient leur attention sur moi. J'étais la seule humaine exposée.

Tant mieux.

Il allait s'en sortir. J'en avais la conviction. Et dans mon ultime moment, je joignis mes mains et commençais à prier.

Mais... Qu'en était-il de dieu ? Existait-il ? Probablement pas. L'existence même des titans prouvait la cruauté de ce dieu.

Je regardais le ciel qui était si bleu en ce dernier jour de ma vie. Et je sentis les larmes couler sur mes joues. Des larmes de panique, de désespoir et de résignation à mon sort.

Avais-je été utile ? Mon existence avait-elle eu de l'importance ?

Je ne voulais pas mourir. C'était un drôle de sentiment. Un sentiment d'amertume qui me fit idiotement sourire dans mon dernier souffle.

Je ne voulais pas mourir !

Et alors que la main rose et difforme du plus petit titan s'approcha dangereusement de moi, je vis un grand bout de bois dont le bout qui avait été cassé eut l'allure d'un pieux, à quelques mètres de moi.

Et mon sang ne fit qu'un tour.

Je m'accroupis et m'avançais avant de m'armer de cette sorte de planche de bois et sautais sur la main du titan qui allait à une seconde près me prendre le corps.

Je ne savais pas trop ce que je faisais. Je savais que si je perdais l'équilibre j'allais tomber et mourir de cette hauteur.

L'adrénaline était comme un feu qui bouillonnait mon sang dans les veines. Cette adrénaline engendrée par ce désir de vivre plus que tout.

Je commençais à courir de la main au bras de ce titan comme si ça avait été un immense escalier...

- AHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!

Et je sautais sur son visage en hurlant de tout mon soûl comme si cela me donnait de la force tout en brandissant le pieux (ce qui était ridicule ha ! Mais que voulez-vous ? Le désespoir faisait bien des choses).

Pieux que j'enfonçais dans son oeil gauche.

Le sang gicla et m'éclaboussa. Il hurla et bougea mais je m'aggripais à la planche et appuyais mes pieds sur son visage pour garder un support.

Je profitais de ces secondes d'hurlement pour retirer le...

Ma chance à moi s'arrêta là.

Il m'était impossible de retirer le bois. Il était beaucoup trop glissant. Il y avait trop de sang sur moi et son visage, et quand bien même je réussissais à l'enlever, je ferai probablement une chute fatale.

Je sentis alors sa main immense m'attraper le corps et me couper la respiration. Il ouvrit sa grande gueule... Et je regardais le ciel bleu une dernière fois.

En pensant que si dieu existait, il devait bien rire de moi.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant