[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX

Épisode 168 : Fissure (S4 Ép. 9, 10)

La première chose qui me vint à l'esprit lorsqu'il m'annonça ça... C'était de limiter la casse de sa vengeance. Car en voyant ses yeux, je compris que cette vengeance causerait sa perte et le voir aussi meurtri et pétri mais obstiné par l'idée de meurtre, réduit mon cœur en charpie.

J'emmenais Sirus à l'écart avant de lui répondre. Moi aussi bien sûr je voulais que la meurtrière de Sasha soit punie, que justice soit faite. Mais... Était-ce trop naïf de ma part de vouloir épargner Sirus ?

- Tu resteras même à mes côtés si je me venge ? Demanda-t-il pour voir à quel point j'étais sérieuse.

- Sirus, cette gamine gît en prison.... Elle sera jugée par nos instances.

- C'est pas suffisant ! Elle... Sasha... Est morte tellement injustement... Elle ne méritait pas ça...! Un simple emprisonnement c'est pas suffisant...

- Écoute, je ne veux pas que tu devienne un...

- Meurtrier ? Finit-il d'une voix douloureuse et tremblante. Mais je le suis déjà !

Je le regardais, horriblement attristée.

- Sirus... La guerre t'a rendu insensible, tu es devenu un soldat, tu as dû prendre des décisions pour éliminer des centaines d'envahisseurs. Ce n'est pas un reproche. À force, tu as perdu de vue la vie et tu t'es déshumanisé. C'est commun parmi les soldats en temps de guerre, à force de voir autant de vies humaines partir facilement, on perd de vue la valeur d'être en vie. Écoute. C'est une chose de défendre sa patrie et les gens qu'on aime. Mais c'en est une autre de... Tuer pour son intérêt personnel et vouloir se soulager ainsi. Ça te perdra Sirus. Tu es un bon garçon, tu peux encore...

-...Comme Sasha était une personne innocente ! Et elle ne méritait pas de mourir ! Tu ne comprends absolument pas !

Je grimaçais.

C'était dans ces circonstances que j'aurais aimé que Rivaille soit là. Lui il aurait trouvé les mots. Il aurait apaisé le cœur de Sirus. Parce qu'il aurait été définitivement plus crédible que moi.

Je n'avais pas d'esprit de vengeuse en moi. Quand Erwin était parti lorsque j'étais jeune, je l'avais détesté mais aussi aimé à nouveau une fois que je l'avais retrouvé (et je l'avais pris en pitié quand il avait perdu son bras). Quand je m'étais retrouvée face à Sieg, le responsable de la mort d'Erwin... Je l'avais haï mais des menaces et un coup de poing plus tard, je m'étais calmée. De toute façon, je n'aurais pas eu autant de force pour venger de mes propres mains la mort de Erwin. Et puis je comptais secrètement sur mon mari pour lui faire sa peau.

Rivaille était un être fort. Colère, vengeance, fureur, mais aussi expérimenté, raisonné et censé, il aurait pu aider Sirus. Et surtout... Je ne voulais pas perdre Sirus. Pas lui. Il m'était trop précieux. Je changeais alors de tactique.

- Sirus... Tu te souviens quand Erwin t'a récupéré...? Tu avais quatre ans à l'époque.

L'an huit cent quarante-et-un. J'avais seize ans. J'habitais avec Erwin et cette année-là il était rentré avec un petit garçon.

C'était maintenant lui qui avait seize ans. Un âge bien trop troublé et troublant.

Sirus comprit où je voulais en venir et s'empressa de me couper dans mon élan.

- Je n'ai pas gardé des souvenirs de Erwin de mon enfance. Juste du major.

- C'est normal... Il est parti deux ans après, tu étais trop petit. Mais on s'est promis d'être là l'un pour l'autre non ? Je suis devenue ton amie, ta sœur, ta mère de substitution.