Épisode 96 : Nausées

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C'était avec grâce et délicatesse que je vomis. Non je blague. Je n'avais jamais été aussi embarrassée de moi-même là à l'instant. Je vomissais mes tripes sans pouvoir m'arrêter, le flux faisait que remonter, et je vomissais avec ce cri disgracieux quand ça remontait. J'étais certaine que Zackley et les soldats dans le bureau pouvaient m'entendre clairement.

Je me relevais, faiblarde, tirais la chasse et m'attrapais in extremis au lavabo. Je me rinçais la bouche et m'aspergeais le visage d'eau avant de me regarder dans le miroir. Maintenant je ressemblais à Odil, j'avais un teint aussi pâle que lui.

Je quittais les toilettes et vis que les soldats étaient partis. Il ne restait que Zackley qui était debout face à sa fenêtre, les mains jointes derrière son dos. Sa grosse carrure se retourna ensuite vers moi.

- Des problèmes de digestion ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas mangé aujourd'hui.

- C'est bien les femmes ça. J'ai toutefois créé une œuvre d'art - bien que les gens ne comprennent pas mon art, qui permet d'administrer de la nourriture par le bas si vous ne pouvez manger.

Je me fis rage de ne pas le regarder, stupéfaite. On connaissait bien son art à lui, c'était des instruments de torture oui ! Et il venait de me proposer une de ses machines ! Pourquoi croyait-on qu'il avait insisté auprès d'Erwin pour punir personnellement Fritz et les anciens nobles de la cour ? Parce qu'il avait voulu tester sur eux ses machines immondes. La rumeur disait qu'on avait pu entendre les hurlements jusqu'à Stonhess !

Je déclinais poliment avec le peu de respect qu'il me restait pour lui.

- Vous pouvez disposer, tâchez de commencer votre rapport écrit une fois que vous aurez des nouvelles de Pixis.

Je ne bronchais pas. Et pourtant je le devrais. Si Zackley me demandait de dégager, je devais disparaître du plancher. Le fait qu'il m'ait proposé son "oeuvre d'art" était déjà un mauvais présage pour ma fin imminente.

Mais je serrais les poings.

- Vous savez que je suis allée aux cachots, commençais-je d'une petite voix malgré moi.

- Oui, je ne suis pas idiot Bernhardt. Mais visiblement vous l'êtes, vous auriez dû voir le fait que je ne vous réprimande pas comme une faveur. Mais puisque vous venez de m'en parler, je vais devoir vous sanctionner.

J'aurais dû demander la permission à Nile avant d'aller aux cachots, ou à Hanji. J'avais agi dans la précipitation mais peut-être était-ce un mal pour un bien. Si j'étais venue accompagnée des autorités, peut-être que les religieux ne se seraient pas autant ouvert à moi, ironiquement.

- J'ai parlé au Culte du Mur et je me suis demandée si... C'était possible de libérer un ou deux. Quelque uns.

Je m'étais donnée pour cette enquête pour avoir une faveur auprès de Zackley. Et voilà que je l'utilisais pour Odil. Mon coeur était trop faible.

Zackley se retourna vers moi et ses yeux à travers ses petites lunettes me scrutèrent sévèrement. Je continuais vite.

- Ils sont punis pour m'avoir mis en danger mais qu'est-ce qu'il se passerait si la victime, c'est-à-dire moi, décidais de les pardonner ? On ne pourrait pas les libérer ?

- Et qu'ils recommencent leur baratin ? Leur discours à la noix qui nuit à nos découvertes et qui replongera les habitants dans une superstition ridicule ? Où avez-vous la tête ? Je me demande vraiment comment êtes-vous devenue la disciple d'un homme aussi intelligent qu'était Erwin.

Je me mordis la lèvre.

- Ils voulaient me tuer et je ne suis pas morte. Ils n'ont pas à pourrir en prison.

[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIXOù les histoires vivent. Découvrez maintenant