[SNK - LEVI X OC] GUERRE ET PAIX

Épisode 97 : L'Été 851

Nous n'avions plus reparlé de tout le chemin. Ou plutôt moi. J'étais restée silencieuse, méditant ses paroles en réalisant qu'il avait raison sur un point.

Je me noyais de l'intérieur. Et je n'avais rien vu venir. J'avais commencé à me noyer doucement, lentement, sûrement, pensant que ma suffocation n'était pas réelle, pensant que l'eau amère qui remplissait mes poumons et qui me faisait cracher, n'était qu'une autre fabulation, une exagération de mes émotions.

Mais non. Je me noyais. Je me noyais et je mourrais et j'en avais ignoré les signes. Pourtant ça aurait dû être clair. Un tribunal où le jury avait décidé de me tuer, une Île de l'Enfer qui avait assassiné ma lignée et qui refusait mon existence, un Général qui me faisait payer pour être arrivée au sommet de la hiérarchie sociale.

Même l'espoir de l'humanité qu'incarnait Eren Jäger m'avait abandonné. Me considérant comme son ennemi.

J'étais l'ennemi de l'espoir de l'humanité ! Si ça c'était pas le comble !

Et ces pensées qui revenaient sans cesse, sur qu'est-ce qu'il se serait passé si j'étais née à Mahr... puis la culpabilité montait, c'était le sel de l'eau de la noyade qui me brûlait la gorge, la culpabilité de penser à Mahr alors que Mahr avait décimé notre population, avait tué tous ceux que Rivaille aimait, et qui utilisait le peuple eldien comme arme humaine. La culpabilité me voilait la face et j'enfouissais mes regrets d'avoir pensé à Mahr en moi.

Il me fallait absolument penser comme tout le reste de la société : Mahr était notre ennemi et il fallait détruire cet Empire. Il fallait que je reste comme les autres. Mais c'était les autres qui prononçaient ma différence. Et me faisait constamment me rappeler que j'étais moitié Mahr et que je n'avais rien à faire avec eux.

Alexis s'était plusieurs fois excusé sur le chemin en voyant ma mine de déterré, par peur de m'avoir blessé, et il avait continué à parler de tout et de rien, des arbres, du ciel bleu, du gâteau aux noix et des fleurs lorsque nous étions passés devant le fleuriste. Il avait voulu me changer les idées mais je n'avais pas besoin de sa fausse gentillesse calculée par son obsession pour les Rosenbaum. Je l'avais laissé aux soldats du bataillon qui m'avaient remercié en bafouillant, visiblement paniqué d'avoir perdu de vue cet aristocrate. Ensuite, j'avais croisé Pixis qui m'avait fait son rapport, il m'avait proposé de boire un coup mais je m'étais sentie malade et j'avais refusé son offre.

Puis la vie reprit son cours et les jours s'enchaînèrent à une vitesse fulgurante.

Les bataillons et les Mercenaires travaillèrent main dans la main, au début à la capitale avec Zackley pour parler des nombreux projets touchant les transports, le ravitaillement, le manque de soldat pour les chantiers de construction et j'en passe. Puis ils retournèrent à la mer, dans les camps. Rivaille était malheureusement de moins en moins disponible encore une fois : Hanji était le cerveau dans la collaboration entre les Mercenaires et les Bataillons et étudiait en plus de ça, les livres sur l'aviation ou les chemins de fer ainsi que les leçons des ingénieurs. De ce fait, Rivaille, son bras-droit, avait dû prendre indirectement en charge les bataillons dans son intégralité, maintenant l'ordre, surveillant tout le monde, entraînant les soldats au corps à corps et aux armes à feu. Mais il devait aussi étroitement surveiller les chantiers, et faire un rapport écrit à Zackley, et Rivaille n'était pas Rivaille s'il n'exigeait pas une propreté de la part des soldats et des prisonniers. Les rumeurs disaient qu'il faisait chaque soir une inspection générale des tables et des vaisselles et même les prisonniers lui obéissaient du doigt à l'oeil.

Ma vie à l'hôpital continua aussi agrémenté de quelques tracas du quotidien. Je tombais notamment malade. L'ironie du sort était que j'étais infaillible pour déceler n'importe quel problème chez les autres. Mais j'étais moins diligente avec moi-même.