Chapitre 14

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         Il est 17 heures et la nuit commence à tomber. Le vent est de plus en plus violent et glacial. Les adultes ont fini par quitter la table en milieu d’après-midi quand les deux enfants sont venus les chercher pour qu’ils sortent admirer leurs bonhommes de neige. Depuis, tout le monde est dehors. Mais maintenant que la luminosité commence à diminuer et que le froid se fait bien ressentir, ils décident de retourner à l’intérieur pour se réchauffer. Seule Jenifer reste à l’extérieur pour fumer. En la voyant s’asseoir dans la neige, Sébastien qui s’apprêtait à rentrer fait demi-tour et la rejoint.

-        Ce n’est pas utile que je te dise que la cigarette nuit à ta santé ? demande-il.
-        Non, je le sais. J’ai réduit ma consommation. Mais je n’arrive pas à arrêter totalement. Ça me détend de fumer, répond-elle.
-        Fais du yoga, ça détend tout autant.
-        J’ai essayé. Mais c’est trop étrange comme sport, rit-elle.
-        Alors trouve autre chose qui te détend.
-        Rien ne me détendra autant que la cigarette. Sincèrement, je ne pense pas pouvoir arrêter. Mais je peux diminuer encore un peu, peut-être.
-        Je n’ai pas compté, mais il me semble que tu en as fumé pas mal aujourd’hui pour quelqu’un qui a déjà diminué.
-        Oui… Mais parce que la situation est étrange depuis hier. Je suis là, à fêter Noël avec des inconnus pendant que ma famille m’attend dans le chalet que j’ai loué. Je suis un peu perdue, je te l’avoue. Mais je suppose que tu comprends. Toi aussi tu dois ressentir ça.
-        C’est vrai que c’est bizarre de se retrouver là. Ce n’était pas tellement ce qu’on avait prévu. Mais même si ma fille me manque et que j’aurais vraiment aimé qu’elle soit avec moi, je suis plutôt content. Cette tempête m’aura permis de faire de belles rencontres, sourit-il.

En guise de réponse, elle se contente de lui sourire. Ils restent quelques instants ainsi, avant que Jenifer ne brise le silence.

-        Tu peux rentrer si tu veux. J’arrive dans 2 minutes, sourit-elle.
-        Non, non. Je préfère rester là, avec toi.

Une nouvelle fois, elle lui adresse un sourire avant de se dépêcher de terminer sa cigarette. Le vent violent leur envoie toute la neige au visage et c’est assez désagréable. Sébastien se rapproche un peu de la jolie brune et lui met sa capuche sur la tête.

-        Voilà. Comme ça tu es protégée du vent, sourit-il.
-        Merci, mais je crois que c’est trop tard. J’ai fini on peut rentrer, dit-elle en riant.

Sébastien se lève et aide la jolie brune à se relever. Cette fois, il fait bien attention à garder ses distances. Il ne faudrait pas qu’elle se sente agressée s’il insiste. Quand elle est debout, ils retournent à l’intérieur en veillant à refermer la porte de secours derrière eux. Il fait étrangement froid dans la station. La température est semblable à celle de l’extérieur. Jenifer qui vient de retirer son manteau le remarque très rapidement.

-        C’est une impression ou il fait vraiment froid ? demande-elle en se frottant les bras pour se réchauffer.
-        Non, c’est vrai qu’il fait super froid, dit Seb en remettant son manteau.
-        Je vais augmenter les radiateurs. Comme on a laissé la porte de secours ouverte cet après-midi, le froid a dû rentrer, dit Axelle.

Elle s’approche des radiateurs et les touche.

-        C’est normal qu’ils soient froids ? demande Axelle.
-        Non, pas du tout. Ils sont allumés pourtant, dit Leslie en se tournant vers Julien.

Ce dernier ne comprend pas non plus ce qu’il se passe. Il se dirige vers la réserve, dans laquelle se trouve le compteur électrique. En y entrant, il appuie sur l’interrupteur mais rien ne se passe. Il souffle et fait demi-tour pour rejoindre les autres.

-        Bon, je crois que la tempête aura eu raison de nous. On n’a plus d’électricité, dit Julien.

À ces mots, tout le monde râle. Comme si l’électricité était vitale. Ils sont déjà tous bloqués ici, ce n’est vraiment pas le moment que le moral collectif retombe à zéro. Alors Jenifer ne perd pas son sourire et tente de calmer le groupe.

-        Eh, ce n’est pas si grave. On a des bougies. On peut très bien s’éclairer avec, sourit-elle.

Personne ne semble l’écouter. Ils sont tous bien trop occupés à râler. Alors, ni une, ni deux, Jenifer entre dans la réserve et cherche des lampes torches. Dans le noir, c’est assez compliqué, mais elle y parvient. Elle trouve aussi des gros paquets de bougies, pas encore entamés. Elle s’en empare et retourne auprès du groupe. Sans que personne n’y prête attention, elle en allume plusieurs dizaines et les dispose dans tous les recoins de la pièce avant que la nuit ne tombe complètement. Toujours en pull, elle met un plaid sur ses épaules et se dirige vers la cuisine. Elle est rapidement rejointe par Robin et Adèle.

-        Jenifer, j’ai peur, dit la petite fille en s’accrochant à elle.
-        Oh mais non ma puce, il ne faut pas avoir peur. Regarde, on a des lampes torches et des bougies. Ça va mettre un peu d’ambiance, c’est tout.
-        Il n’y a pas de monstre qui va venir ?
-        Mais Adèle, les monstres ça n’existe pas. Je te l’ai déjà dit, dit Robin en la prenant dans ses bras.
-        Il a raison, sourit Jen. Vous voulez mettre la table pendant que je prépare à manger ?

Les deux enfants sourient et prennent les assiettes que Jenifer leur tend avant de quitter la cuisine. La chanteuse ouvre le frigo et le vide. Elle découpe les restes de dinde en fines lamelles et les mets dans une salade composée. Elle fait de même avec les autres plats et le repas est rapidement prêt. Certes, ce n’est pas un repas gastronomique, mais il faut bien s’adapter pendant que les autres râlent. Sinon, ils ne s’en sortiront jamais. Elle prend l’énorme saladier dans ses bras et rejoint les enfants afin de le déposer sur la table. Elle dispose ensuite une dizaine de bougies à proximité des assiettes afin que chacun voit ce qu’il mange. Mais ce n’est pas assez. Elle court alors chercher du fil de cuisine et monte sur la table en veillant à ne pas se brûler avec les bougies. En bas, les enfants la regardent, sans vraiment comprendre ce qu’elle tente de faire. La jolie Corse s’empare de deux lampes torches et les accrochent au lustre à l’aide du fil. Elle les allume et sourit. La lumière est tamisée et cela donne une nouvelle ambiance à la pièce. Elle entend des pas se diriger vers eux, alors elle descend rapidement de la table. Sébastien entre et s’approche d’elle.

-        Bon, on vient d’appeler l’EDF et il y a apparemment un gros problème sur la ligne. Mais ils ne peuvent pas se déplacer à cause de la neige. Il faudra donc attendre demain pour récupérer l’électricité, dit-il.
-        Ce n’est pas grave, on peut patienter un peu, sourit-elle.

Le beau brun la regarde. Son visage est légèrement éclairé, elle est magnifique. Il se retourne ensuite pour voir où sont les enfants et il découvre la salle de restauration métamorphosée.

-        Waouh, c’est magnifique. Qu’est-ce que tu as fait ? demande-il à Jen.
-        Oh trois fois rien. Ce sont les bougies qui donnent une ambiance à la salle, sourit-elle.

Ils entendent un brouhaha se rapprocher d’eux. Les autres les rejoignent en râlant, mais ils s’arrêtent net en découvrant la pièce. Finalement Jenifer a raison, ce n’est pas si grave. Ils s’installent tous à table et commencent à manger le repas que la chanteuse leur a préparé.

-        C’est une super bonne idée, dit Martine. Bon, ça ne fait pas vraiment repas de Noël, mais c’est parfait.
-        Merci, dit Jen en regagnant sa place après avoir servi tout le monde.
-        Heureusement que tu es là, chuchote Seb. Parce que sinon on les entendait se plaindre jusqu’à demain.
-        Ce n’est qu’une coupure de courant. Ça arrive, il n’y a rien de dramatique, sourit-elle.
-        Oui, mais tu les aurais vu pendant que tu mettais les bougies. Ils étaient tellement perdus que j’ai dû appeler l’EDF pour les rassurer. Et quand je leur ai annoncé que l’électricité ne reviendrait pas avant demain, j’ai cru qu’ils allaient pleurer, rit-il.

Jenifer sourit et le repas se déroule dans le plus grand des calmes.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant