Chapitre 115

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        Il est 17 heures quand Sébastien arrive. En ouvrant la porte d’entrée il ferme instinctivement les yeux de peur de voir le chaos régner dans sa maison. Il n’y a pas de bruit. À tous les coups elles se sont entre-tuées. Il réouvre les yeux et rien n’a bougé depuis ce matin. Aucun vase cassé, aucune trace de lutte ou de sang. Ouf. Il referme la porte derrière lui et dépose ses affaires dans l’entrée avant d’entendre Jenifer bouger sur le canapé.

-        Ah Seb ! Tu tombes bien, j’ai une question, dit-elle.
-        Je t’écoute mon chat, dit-il en lui déposant un baiser sur le front.
-        Est-ce que tu penses que si je caresse un crabe il le sent ou pas ? Comme il a un squelette externe… Peut-être qu’il ressent uniquement ce qu’il se passe à l’intérieur de lui. Si on me touche un os, je le sentirais ou pas à ton avis ? demande-t-elle de manière totalement sérieuse.
-        Hein ?! Mais, je ne sais pas… Je n’ai jamais caressé un crabe… dit Seb en la regardant avec des yeux ronds.
-        Non mais parce que figure-toi, je me suis posé la question tout à l’heure. J’ai cherché et même sur Arte il n’y a eu aucun reportage qui répondait à ma question. C’est vraiment nul ce truc, souffle-t-elle en désignant la télévision.
-        Tu es sûre que ça va toi ? Tu n’as pas pris trop de calmants aujourd’hui ? demande Seb intrigué face au comportement de sa belle.
-        Ouais, ouais, ça va. Mais personne ne peut répondre à ma question… J’aurais dû sortir avec un vétérinaire, il aurait su lui…
-        Jen… Les vétérinaires ont rarement affaire à des crabes à mon avis…
-        Super, donc personne ne sait ? Toi, les autres… Personne…
-        Quels autres ? demande Sébastien.
-        Bah j’ai appelé mon équipe pour leur demander. Ils étaient tous ensemble en train de travailler, je crois que je les ai dérangés. Mais ils ne me l’ont pas dit. Ils n’ont pas non plus répondu à ma question. Ils ne savaient pas, souffle-t-elle.
-        Oui bah logique… Et je peux savoir pourquoi tu te poses ce genre de questions ?
-        Parce que je m’ennuie. Je n’ai rien à faire, alors je réfléchis. Et je me pose des questions.
-        Bah arrête de réfléchir, ce sera mieux pour ton cerveau je crois, rit-il.

Elle fait mine de bouder, alors le beau brun s’approche d’elle et la prend doucement dans ses bras.

-        Tu as passé une bonne journée quand-même ? En dehors de ta question qui te perturbait ? demande Sébastien en riant.
-        Ouais, ça va. Et toi ?
-        Il me tardait de rentrer. Elle est où Alice ?
-        Dans sa chambre.
-        Il s’est passé quelque chose ?
-        Euh… non, pas que je sache. Je crois qu’elle fait ses devoirs, dit Jen en haussant les épaules.
-        Elle n’a pas été désagréable ? demande Seb.
-        Non, tout s’est bien passé. Enfin, je ne l’ai pas beaucoup vue. Juste quand elle est rentrée ce matin. Mais ça allait.
-        Elle n’a pas mangé avec toi ?
-        Non, elle est venue préparer son assiette et elle est allée la manger dans sa chambre.
-        Mmmh… ok… Tu veux que je te lave maintenant ? demande-t-il.
-        Si tu veux. C’est comme ça t’arrange. De toute façon, je n’ai rien de prévu pour le mois qui arrive, rit-elle.
-        Alors c’est parti ! À la douche ! dit-il en la soulevant.

Arrivés dans la salle de bain, Jenifer trouve un nouveau jeu : asperger d’eau Sébastien. On dirait une enfant.

-        Arrête ! T’es en train de mouiller ton plâtre, rit Seb.
-        Dis surtout que je te mouille et que tu n’es pas content.
-        Mmmh… peut-être aussi, dit-il en riant.
-        Allez, viens avec moi sous l’eau, râle-t-elle.
-        Bon, je vois que ça te monte au cerveau alors c’est fini, dit-il en coupant l’eau.

Il l’enveloppe dans une serviette de bain et la soulève pour la porter sur leur lit.

-        Allez mon chat, donne-moi ton poignet, dit-il en sortant la crème du tiroir.
-        Tu n’es pas drôle, râle-t-elle.

Il sourit en la voyant bouder et il commence à lui mettre la crème. Puis il l’aide à s’asseoir. Il descend la serviette de bain en bas du dos de sa belle pour lui appliquer la pommade. Il s’arrête net en voyant de nouveaux bleus. Elle ne les avait pas hier. Il en est sûr. Puis, ils sont alignés. Comme si on lui avait donné un coup de barre dans le dos.

-        Jen, il t’est arrivé quoi ?
-        Euh… rien pourquoi ? demande-t-elle sans comprendre de quoi parlait son homme.
-        Tu as des bleus dans le dos.
-        Oui, ça c’est parce que j’ai eu un accident vendredi soir. Le plâtre tout ça, c’est pour ça aussi, rit-elle.
-        Non mais des nouveaux bleus. Tu as fait quoi là ? demande-t-il en touchant du bout des doigts ses bleus naissants.

Elle comprend tout de suite. C’est sa chute dans la baignoire cette nuit qui a laissé des traces.

-        Rien, ils ont dû apparaitre en retard, c’est tout, souffle-t-elle.
-        Jen ! Je sais que tu me caches un truc. Tu ne sais pas mentir. C’est Alice c’est ça ? Elle t’a frappée ?

L’adolescente avait entendu du bruit dans la chambre et voulait venir saluer son père. Mais cette phrase vient de la refroidir. Comment peut-il penser qu’elle est capable de frapper la chanteuse ? Il croit qu’elle n’a pas de cœur ? La petite blonde espère que Jenifer ne va pas mentir. Elle pourrait le faire pour se venger. Faire croire qu’Alice l’a frappée serait le juste retour de bâton. Mais la jolie Corse n’est pas comme ça. Elle se contente de regarder Sébastien avec de grands yeux.

-        Mais ça ne va pas de dire des choses comme ça Seb ?! Bien sûr que non ce n’est pas Alice.
-        On ne sait jamais… souffle-t-il.
-        Si, on sait. C’est juste que depuis qu’elle t’a menti, tu n’as plus confiance en elle. Mais tu dois lui pardonner. Si elle a fait ça, elle a sûrement ses raisons. Vous devriez avoir une conversation tous les deux. Vous ne pouvez pas rester en froid pour une broutille pareille.
-        Mais Jen…
-        Seb, s’il te plait, le coupe-t-elle. La situation est déjà assez compliquée pour tout le monde. Je pense que ça nous soulagerait tous que vous apaisiez cette tension.
-        Donc toi, tu ne lui en veux pas ?
-        Non. Écoute, Alice a 13 ans. Elle a fait une bêtise, ça arrive. Elle ne pensait sûrement pas que ça aurait ces répercussions. Je ne vais pas lui en vouloir toute sa vie pour ça. On a tous fait des bêtises en étant ados.
-        Ouais, tu as raison, j’irai lui parler.

Alice sourit en entendant cela. Jenifer a pris sa défense et elle vient même de convaincre son père de lui pardonner. Mais pourquoi est-elle aussi gentille avec la petite blonde ? Est-ce qu’elle joue ? Est-ce qu’elle fait semblant ? Non, il ne faut pas recommencer à penser à cela. Ça suffit. Il vaut mieux profiter de l’instant, sans se demander comment sera demain et si Jenifer sera toujours son alliée. En attendant, Alice retourne dans sa chambre, de peur de se faire prendre à écouter aux portes. De leur côté, Sébastien et Jenifer, ne se doutant de rien, poursuivent leur conversation.

-        Avant que j’aille voir Alice, tu veux bien me dire ce que tu as fait au dos, Jen ? demande Seb.
-        J’ai… Euh…
-        Quelqu’un t’a fait du mal ?
-        Non. Non, personne, je t’assure. Je me suis juste cognée, c’est tout.
-        Tu t’es cognée à quoi ?
-        Euh… À un meuble… dit-elle hésitante.
-        Arrête, on n’a aucun meuble à cette hauteur. Pourquoi tu ne veux pas me le dire ?
-        Je ne me souviens pas bien. Ce n’est pas grave, on ne va pas en faire toute une histoire. Tu n’as qu’à pas me mettre de crème dessus s’ils te dérangent autant, souffle-t-elle.
-        Non mais n’importe quoi. Bien sûr que je vais t’en mettre. Mais j’aimerais savoir comment tu as fait ça. Si tu ne veux pas le dire, ce n’est pas grave. Je le saurai autrement, dit-il en terminant de lui passer la pommade dans le dos.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant