Y'a comme un hic [Terminée]

Chapitre 191

        Il est 4h30. La lumière de la salle de travail dans laquelle se trouve Jenifer a été tamisée pour que le couple puisse se reposer. Sébastien, toujours assis dans le fauteuil, n’a pas lâché la main de sa belle un seul instant. Son regard, posé sur elle, n’a pas bougé non plus. Il n’a pas réussi à s’endormir, trop pris par les nombreuses émotions qui défilent en lui depuis quelques heures. La jolie brune ne devait pas dormir non plus puisqu’elle ouvre les yeux en entendant une sage-femme entrer dans la pièce.

-        Je peux vous examiner ? chuchote-t-elle.
-        Oui, allez-y.

La sage-femme commence alors l’examen pendant que la jolie brune tourne le regard vers son homme, cherchant visiblement du soutien. Il lui adresse un sourire et lui caresse doucement la main à l’aide de son pouce. Il aimerait que tout cela soit terminé pour pouvoir la prendre dans ses bras, la ramener chez eux et la laisser se reposer pendant, au moins, les trois prochains jours. Mais malheureusement, il sait que ce n’est pas possible et que sa compagne n’est pas au bout de ses peines.

-        C’est une petite fille ou un petit garçon ? demande la sage-femme.
-        On ne sait pas encore, répond Jen.
-        Oh, c’est la surprise alors. J’aime bien quand on ne sait pas à l’avance, c’est assez rare, sourit la sage-femme. Vous avez une préférence ?
-        Non, peu importe, tant que le bébé va bien…
-        Et que toi aussi, ajoute Seb.

La sage-femme sourit face à la tendresse que le couple se porte. Elle termine ensuite l’examen et se recule un peu pour pouvoir leur parler.

-        Bon et bien, je crois qu’on va pouvoir commencer. Je vais chercher mes collègues et on y va, ok ?

Sébastien se lève brutalement de son fauteuil et il embrasse doucement le front de sa belle pendant que la sage-femme quitte rapidement la pièce. Il pose une dernière fois sa main sur le ventre de Jenifer et le caresse délicatement. Elle doit avoir une contraction puisqu’il est devenu dur. Mais la jolie brune ne bouge pas. Peut-être qu’avec la péridurale elle ne les ressent plus ? Ou alors elle souffre tellement depuis ces dernières heures qu’elle s’y est habituée. Son homme lève les yeux vers elle et il la regarde tendrement. Il est fier d’elle, de tout ce qu’elle a enduré et accompli jusque-là. Même s’il sait que le plus dur arrive. D’ailleurs, elle semble le savoir aussi puisque sa main libre cherche celle de Sébastien. Alors il la lui prend également avant de lui tendre un sourire rassurant.

-        Ça va aller mon chat. Je suis avec toi, ok ?

La jolie brune acquiesce et c’est à ce moment-là que plusieurs personnes entrent dans la pièce pour se mettre en place. Sébastien libère une des mains de Jenifer mais garde l’autre dans la sienne. Il ne la lâchera pas. Il est là pour elle et il ne pense qu’à elle. C’est logique finalement, elle, elle s’occupe du bébé, et lui, il s’occupe d’elle. Il doit lui donner toute sa force pour qu’elle puisse faire sortir leur enfant rapidement. Alors, tandis que sa main droite enlace celle de sa belle, l’autre vient lui caresser les cheveux. Il sent, en peu de temps, les doigts de sa compagne se serrer autour des siens. Ça y est, elle a commencé à pousser. Autour de lui, le personnel soignant s’agite et parle. Il ne les entend quasiment pas. Bien trop ému de pouvoir enfin vivre ce moment aux côtés d’une des personnes qu’il aime le plus au monde. C’est comme si tout était très loin de lui et de la bulle dans laquelle il s’est enfermé avec sa belle. Il en perdrait presque l’objectif de vue. Là, la seule chose dont il a envie, c’est de lui faire un câlin et de l’aider à pousser pour abréger ses souffrances. Mais il ne peut rien faire, alors il se contente de lui caresser le dos de la main à l’aide son pouce, sans la lâcher du regard. Ses cheveux lui retombent sur le visage et elle ne doit plus y voir grand-chose. Le beau brun repousse alors les mèches qui s’étaient collées sur son front avant de le lui caresser doucement de sa main froide pour le rafraîchir. Cela semble lui faire du bien puisqu’elle lui sourit un peu avant de recommencer à pousser. Dans quelques minutes, elle aura un petit bout de lui dans les bras. Il ne va jamais s’en remettre, c’est certain. Son émotion est tellement forte, c’est comme s’il pouvait entrer en fusion avec Jenifer tant le moment qu’ils sont en train de vivre est intense et mémorable. Cela fait neuf mois, neuf longs mois qu’il attendait ce moment avec impatience. Et enfin, le voilà qui se déroule sous ses yeux. Il veut pouvoir graver chacun des faits et gestes de sa compagne dans sa mémoire pour pouvoir le revivre de temps en temps. La totalité de son attention est donc portée sur elle. Elle est si belle. Sébastien ne voit qu’elle. Elle qui est en train de donner la vie à une partie de lui. Elle fournit tant d’efforts pour cet enfant, alors que le beau brun n’a rien fait. Il lui sera reconnaissant toute sa vie. Pour ce bébé. Ce bébé tant désiré, tant rêvé. Ce cadeau de la vie qui semblait tellement inespéré. Il y a un an, il n’aurait jamais cru avoir la chance de devenir père une seconde fois. Pourtant c’était son vœu le plus cher. Il aurait donné n’importe quoi pour le réaliser. Et aujourd’hui, à cet instant précis, il est en train d’admirer une femme qui donne naissance à son enfant. Puis, pas n’importe quelle femme. Jenifer. Celle aux côtés de qui il a été si heureux cette année. Celle qui est à l’origine de ses sourires. Et surtout, celle à qui il porte un amour plus grand que ce qu’il aurait imaginé pouvoir donner. Alors c’est ça vivre le plus beau moment de sa vie ? C’est l’impression que la Terre pourrait s’écrouler autour de soi et que ça ne pourrait pas enlever ce bonheur ? Il ne peut pas s’empêcher de sourire. Il sent tellement de joie monter en lui qu’il pourrait se mettre à hurler pour l’évacuer. Alors quand Jenifer serre une dernière fois sa main, il lui caresse la joue en chuchotant.