Chapitre 66

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         Il est 19 heures et les enfants mangent tranquillement dans la loge. Jenifer a réussi à leur mettre de côté des restes de pâtes de midi. Les artistes eux, mangeront tous ensemble après le spectacle. Comme hier soir. Mais s’ils veulent prendre des forces, des gâteaux sont disposés dans des panières un peu partout dans les coulisses. Les concerts sont très longs alors il faut au moins ça pour éviter les malaises. La belle brune est déjà prête pour ce soir. Dans les loges, seule Michèle Laroque est présente avec la jolie Corse et les enfants, mais elle se repose. Alors la chanteuse profite de ce rare moment de calme pour appeler Sébastien.

-        Coucou mon chat, dit Seb en décrochant.
-        Coucou, comment tu vas ? demande Jen.
-        Ça va et toi ?
-        Oui, ça va super, répond-t-elle.
-        Pas trop dures les répètes ?
-        Non, on a fait un foot avec les enfants. Et j’ai gagné ! Alors qu’ils étaient trois contre moi, rit-elle.
-        Bravo mon ange. C’était qui le troisième ? demande Seb intrigué.
-        C’était Kad.
-        Ah ouais…
-        Tu es fâché ?
-        Non, non, amuse-toi mon petit chat, dit Seb.
-        Tu sais ce que j’ai fait aussi ? demande Jen.
-        Dis-moi.
-        J’ai fixé un projecteur !
-        Comment ça ?
-        Hier soir un des projecteurs a explosé, du coup il fallait le remplacer mais les techniciens n’arrivaient pas à le fixer sur la barre. Du coup je suis allée le faire.
-        Mais, attends, on est d’accord que tu n’es pas en train de me parler des gros projecteurs qui sont tout en haut au-dessus de la scène ?! s’inquiète Sébastien.
-        Si ! dit Jen fière d’elle.
-        Non mais tu rigoles ?! Mais tu es montée comment ?! C’est super dangereux !
-        Mais j’avais un baudrier, se défend Jen. Puis c’est bon, je ne suis pas morte.
-        Encore heureux ! Tu refais plus ça Jen, s’il te plait, dit Seb.
-        Mais tu as dit que je pouvais m’amuser, dit-elle.
-        Oui, en jouant au foot, pas en allant jouer aux super-héroïnes à 20 mètres du sol, souffle-t-il.
-        N’empêche que tu aurais vu la tête des autres quand je suis descendue, rit-elle.
-        Évidemment Jen. Tu es chanteuse. Pas cascadeuse.
-        Heureusement, parce qu’on a connu plus spectaculaire comme cascade, rit Jen.
-        Ouais… Sinon le concert s’est bien passé hier soir ?
-        Oui super. Robin et Adèle ont été super sages. On a même fait une petite soirée après.
-        Tant mieux alors. Je vais te laisser. Bon concert, et fais attention à toi Jen. Je t’aime.
-        Bonne soirée, je t’aime aussi, dit Jen.

Sébastien raccroche et souffle. Il ne cesse de répéter à Jenifer de faire attention à elle, et elle trouve quand même le moyen de jouer les singes escaladeurs. Il commence à s’inquiéter de l’état dans lequel il va la retrouver. Elle répète toute la journée, s’occupe des enfants, fait des concerts et des soirées. Et elle dort quand dans l’histoire ? Elle va vraiment finir par lui faire faire une attaque avec ses bêtises. Plus elle lui raconte ses journées et plus il stresse pour elle. Vivement qu’elle revienne à Paris et qu’il la revoie saine et sauve. Il finit par poser son téléphone et appelle Alice pour qu’elle vienne manger. La petite blonde arrive et s’installe à table, face à son père.

-        Tu parlais avec qui tout à l’heure ? demande Alice.
-        Avec Jen. Elle m’a appelé, répond Seb.
-        Oh, comme c’est gentil, dit Alice de manière ironique.
-        Oh non Alice, ne recommence pas avec votre petite guerre. S’il te plait. Ça allait mieux entre vous, souffle Seb.
-        Non papa, pars du principe que ça n’ira jamais mieux entre nous.

Sébastien souffle. Il est vraiment déçu. Il aimerait tellement qu’elles s’entendent. Peut-être que c’est sa faute si ce n’est pas le cas. Il a peut-être imposé Jenifer trop rapidement à Alice.

-        Franchement papa, qu’est-ce qui te prouve qu’elle est aux Enfoirés là ?!
-        Je ne sais pas, peut-être le fait que ce soit filmé, qu’il y ait des milliers de spectateurs, qu’elle ait Robin et Adèle avec elle, que je l’ai déposée à la gare… commence Seb.
-        Attends, elle est avec Robin et Adèle ?! demande Alice.
-        Oui, elle les garde jusqu’à lundi.
-        Comment tu le sais ?
-        Je les ai entendus à travers le téléphone et puis elle me l’a dit aussi.
-        Oui, mais, si ça se trouve ce sont ses enfants et elle te fait croire que ce sont Robin et Adèle, dit Alice comme si elle venait d’avoir un éclair de génie.
-        Tu commences vraiment à me faire peur Lili, commence Seb. Tu ne veux pas aller voir un psy ? Tu deviens parano là.
-        C’est elle la folle et c’est moi qu’on envoie chez le psy, bien sûr, s’énerve Alice.
-        Écoute, tu sais, Jenifer n’est pas là pour remplacer ta mère, commence Seb.
-        Papa, ne me fais pas le genre de discours qu’on fait à une gamine de 3 ans. Je sais très bien tout ça. Je suis loin d’être débile.
-        Alors pourquoi tu la hais ?
-        Parce que, c’est Jenifer. Elle est l’une des chanteuses les plus connues en France et toi tu crois sérieusement qu’elle en a quelque chose à faire de toi ?! Ça n’arrive même pas dans les rêves ce genre de choses. Alors, fais ce que tu veux avec elle, mais tu ne viendras pas pleurer quand je te prouverai que j’ai raison, dit Alice en sortant de table.

Sébastien tente de la rattraper, mais trop tard, la porte de sa chambre claque. Il faudrait quand même essayer de parler de tout ça quand Jenifer rentrera de Nice. La situation devient invivable. Alice n’a plus que ça en tête. Elle ne parle que d’elle. Comme si sortir son père des griffes de la chanteuse devenait peu à peu une obsession incontrôlable. Comme si les obstacles devenaient tout petits et qu’elle ferait tout pour y arriver.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant