Chapitre 75

178 8 2
                                    

         Il est 18 heures quand la porte d’entrée claque. C’est Alice. Jenifer se lève rapidement du canapé et monte dans la chambre avant que l’adolescente n’entre dans le salon. On dirait une enfant qui se cache après avoir fait une connerie. Mais elle veut absolument éviter la jeune fille. Elle s’assoit au bout du lit et attend. Quelques minutes plus tard, quand la petite blonde rejoint enfin sa chambre, Jenifer peut regagner le salon tranquillement. Mais Alice ne tarde pas à redescendre. Et merde.

-        Il est où mon père ? demande-t-elle froidement.
-        Il doit être parti m’acheter des vêtements, comme ça je ne t’emprunterai plus les tiens, répond Jen.
-        Pardon ?! Donc là, il va dépenser son argent pour toi alors qu’il ne veut même pas m’acheter ma paire de baskets ? s’agace Alice. En fait, tu lui veux quoi à mon père ? Son argent ?
-        Euh non, je le rembourserai tu sais. Mais là tout est dans mon appartement, dit Jen calmement.
-        C’est ça ouais. Dans ton appartement qui a brûlé. Tu sais quoi ?! Tu aurais dû brûler avec, ça nous aurait débarrassés, crie Alice.

Jenifer se pince la lèvre pour retenir ses larmes. Elle se sent de moins en moins à sa place ici. Au départ, Alice n’était simplement pas très accueillante avec elle, mais aujourd’hui, elle a des mots violents. Et le pire, c’est qu’elle est consciente du mal qu’elle fait à la chanteuse. Mais elle n’a pas le choix, elle ne veut pas que son père revive un abandon difficile. Et pour ça, il faut que Jenifer parte le plus rapidement possible. Avant qu’il soit trop attaché à elle. Alice est convaincue que son plan est le bon. Elle est obsédée par cette histoire. Il faut que ça s’arrête. Elle remarque immédiatement que la jolie Corse est au bord des larmes, elle veut enfoncer le couteau dans la plaie mais son père entre au même moment.

-        Salut les filles, dit-il.
-        Salut, répondent-elles en chœur.
-        Ça va Jen ?! demande-t-il en voyant qu’elle est à deux doigts de pleurer.
-        Oui, oui, dit-elle en esquissant un sourire.

Sébastien dépose un baiser sur le front de sa fille et prend la jolie brune dans ses bras.

-        Pourquoi tu as les larmes aux yeux ? demande-t-il inquiet.
-        Non, pour rien. Je regardais un film avant que t’arrives, mais la fin était triste, ment-elle.

Il lève les yeux vers la télévision pour voir de quel film il s’agissait mais il remarque qu’elle est éteinte. Il regarde Alice intrigué. Elle ne semble pas comprendre. Pourquoi Jenifer n’a pas dit la vérité à Sébastien ? Elle a voulu protéger l’adolescente ?

-        Et toi Alice tu faisais quoi dans le salon ? demande Seb pour comprendre.
-        Elle est venue chercher son sac, dit Jenifer en désignant le cartable de la jeune fille.

Vu la rapidité de la réponse de sa belle, Sébastien comprend que les filles lui cachent quelque chose. Comme d’habitude de toute façon. Il n’est jamais au courant de rien. Et ce n’est pas la peine d’insister, têtues comme elles sont, elles ne diront rien. Alors il laisse tomber et tend des sacs à Jenifer.

-        Tiens mon chat, je t’ai acheté ce que j’ai trouvé et qui semblait à ta taille, dit-il.

Elle prend les vêtements et les regarde attentivement. Il a plutôt bon goût. La plupart sont assez classiques, mais c’est très bien comme ça.

-        Merci, dit-elle en l’embrassant.

Alice qui assistait à la scène commence à perdre son sang-froid.

-        C’est une blague ?! Tu lui as acheté pleins d’habits alors qu’à moi, ta propre fille, tu ne veux jamais m’en acheter ! crie Alice.
-        N’importe quoi Alice, je t’en achète. Mais je ne t’achèterai pas ta paire de baskets à 300€ alors que dans un mois tu auras changé de pointure, s’agace Sébastien. Et puis, toi tu en as pleins des habits, Jen elle n’a plus rien. Et je lui ai pris beaucoup de vêtements, forcément, il lui en faut assez pour pouvoir s’habiller tous les jours. Puis ils ne coûtaient pas 300€. Arrête un peu ta crise là. En plus, tu ne veux pas que je lui achète des habits, mais tu ne veux pas lui prêter les tiens, alors on fait quoi ?! Elle ne s’habille pas ?!
-        Elle n'a qu’à rentrer chez elle, crie l’adolescente.
-        Mais je t’ai déjà dit qu’elle n’avait plus d’appartement. Je ne t’ai pas élevée comme ça, merde. Elle est à la rue, on ne va pas la laisser dehors non ?! Alors maintenant tu prends ton sac, tu montes faire tes devoirs et puis tu réfléchis un petit peu à la situation. J’en ai marre là, hurle Sébastien.

Alice ayant rarement vu son père aussi énervé s’exécute. Elle est, certes, déjà grande en taille pour son âge, mais son père l’est encore plus. Puis il est très imposant, alors quand il hurle comme il vient de le faire, il ne vaut mieux pas le contrarier. Cela n’empêche pas l’adolescente de claquer la porte de sa chambre pour montrer son mécontentement. Son père souffle en l’entendant.

-        Je ne sais pas ce qu’elle a aujourd’hui, mais elle est pénible, dit-il. Au fait, je t’ai fait faire un double des clés, comme ça tu pourras rentrer et sortir comme tu veux. Même si tu n’as pas ta voiture, ça peut toujours servir.
-        Oh merci, dit Jen en prenant la clé.
-        Et puis, ça ne me fait pas particulièrement plaisir, mais je t’ai acheté des cigarettes, ajoute Sébastien.

Les yeux de Jenifer s’illuminent. Enfin. Elle va pouvoir se détendre après tout ça. Le beau brun lui tend le paquet et elle le remercie avant de sortir fumer. Elle s’assoit sur les marches devant la porte d’entrée et ses yeux se perdent dans le ciel gris de Paris. Elle sent quelques gouttes tomber, mais tant pis. Elle l’a tellement attendue cette cigarette, qu’elle va prendre son temps pour la fumer. Même s’il pleut. La scène avec Alice repasse en boucle dans sa tête. Elle va devoir supporter ce genre de remarques quelques jours encore. Avant de pouvoir retourner dans son appartement. Elle ne se sent vraiment pas à l’aise face à l’adolescente. Même si aujourd’hui Sébastien a pris sa défense, ce qui a contribué à la diminution de son stress, ce ne sera peut-être pas toujours le cas. Après quelques minutes, elle termine sa cigarette et retourne à l’intérieur. Son beau brun est dans la cuisine. Elle s’approche de lui et lui fait un câlin.

-        Oh mon chat, dit Seb en lui déposant un baiser sur le front.
-        Demain je vais au studio d’enregistrement. David vient me chercher. Je prendrai mes affaires et puis comme ça j’irai chez Franck en attendant que mon appartement soit habitable, dit-elle.

Sébastien se recule brusquement et regarde sa belle. Il espère que c’est une blague, mais il ne voit aucun signe de sourire ou de rire sur son visage.

-        Mais pourquoi ?! demande-t-il déçu.
-        Je n’ai pas envie de vous déranger. Vous êtes en famille, je vais vous laisser tranquilles, dit Jen.
-        Alors, déjà tu ne nous déranges absolument pas. Et puis, Jen, maintenant tu fais partie de ma vie tout autant qu’Alice, pour moi tu fais partie de la famille. Alors reste, s’il te plait.
-        Mais… commence-t-elle.

Sébastien retourne auprès d’elle. Il la prend par les hanches et rapproche son corps du sien.

-        Écoute, je sais que tu dis ça par rapport à Alice, la coupe-il. Mais ne l’écoute pas. Elle n’est pas de bonne humeur, on s’en fiche. Sérieusement, je n’ai aucune envie que tu ailles chez ton manager. S’il te plait, reste ici.

La belle brune souffle. Tôt ou tard elle devra affronter Alice si elle veut rester avec Sébastien.

-        Bon, d’accord, dit-elle.

Le beau brun saute de joie. Il serre Jenifer très fort avant de l’embrasser en la remerciant de sa décision.

-        Merci à toi de m’accueillir et de me vêtir, rit-elle.

Pendant que Sébastien termine de cuisiner, Jenifer reste accrochée à lui. Ce qui fait beaucoup rire le beau brun. Mais là, dans ses bras, elle se sent bien. Elle se sent à sa place. Elle se sent en sécurité. Demain, elle aura une discussion avec Alice.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant