Chapitre 108

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        Il est presque 14 heures quand le petit groupe arrive au studio. Par chance pour Jenifer, David trouve une place juste devant la porte. Moins elle marche, moins ils remarqueront quelque chose. L’homme ouvre la porte et laisse entrer Jenifer et les deux enfants. Tous les regards se posent sur eux. Les enfants courent partout, excités de découvrir l’envers du décor. Franck ouvre la bouche pour engueuler la jolie brune, mais… elle semble bizarre.

-        C’est quoi ce cirque ? demande-t-il froidement.
-        Ah Franck ! Je te présente Robin et Adèle. Je dois les garder pour aujourd’hui. Leur école fait grève.
-        Donc tu arrives en retard et en plus tu ramènes deux gosses ? Ne viens pas t’étonner si pour ton prochain album plus personne ne veut travailler avec toi, souffle Franck. Allez, va dans la cabine, qu’on ne perde pas de temps.

Un silence règne dans la pièce. Franck est toujours très direct. Tout le monde le sait. Il dit des choses sans vraiment les penser. Sous l’impulsivité. Mais aujourd’hui, ils ont tous remarqué que Jenifer est étrange. Ce n’était probablement pas le bon moment pour ce genre de réflexion. Elle semble déjà assez mal, il vaut mieux éviter d’en rajouter. Elle ne relève pas la remarque et leur sourit. Pourtant, quelque chose cloche mais ils ne savent pas quoi. Puis David qui se tient derrière elle, leur fait des gestes incompréhensibles. Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Voilà que la jolie brune avance vers la cabine d’enregistrement. Elle boite ?

-        Ça va Jen ? demande Thibaut.
-        Oui et toi ? sourit-elle.
-        Tu as mal à la jambe ? demande Laurent.
-        Oh, non, non, ce n’est rien, sourit-elle en continuant à avancer.
-        Putain ! crie Franck comme s’il comprenait tout. Les enfants, vous allez jouer dans la salle juste à côté s’il vous plait ? Je dois parler avec Jen.

Robin et Adèle acquiescent et sortent de la pièce. Franck, attrape Jenifer par le bras, elle grimace, alors il la lâche immédiatement et la fait asseoir sur le fauteuil. Laurent, David et Thibaut assistent à la scène.

-        Bon, tu nous expliques ? demande Franck.
-        Expliquer quoi ? demande Jen.
-        Il s’est passé quoi ? Tu as mal au bras, à la jambe et on a remarqué les bleus sur ton visage. Tu penses que tu peux les cacher avec du fond de teint ?
-        Non, mais je me suis fait mal, rien d’important. On peut peut-être commencer à enregistrer ?
-        Et on peut savoir comment tu t’es fait ça ? demande Franck. C’est Sébastien, c’est ça ?
-        Quoi Seb ? Non, non. J’ai eu un accident de voiture. C’est tout.
-        Jen, arrête, ta voiture était devant ta porte et elle n’avait rien, dit David.
-        Non, mais parce que moi je n’étais pas en voiture. Enfin, je me suis fait renverser, s’explique-t-elle.
-        Excuse-moi mais tu ne m’as pas donné cette version dans la voiture, dit-il.
-        Mais oui, mais c’est parce que si je t’avais dit la vérité tu n’aurais pas voulu m’emmener. Alors j’ai inventé un truc. Au moins maintenant je suis là et on peut travailler.
-        Non, on ne va pas travailler non, dit Franck. Tu n’as même plus de voix. Tu veux chanter avec quoi ? N’importe quoi.
-        Mais vous aurez qu’à retoucher un peu, souffle-t-elle.
-        Bon, Jen, tu comptes nous dire la vérité ou pas ? demande Franck.
-        Mais je te l’ai déjà dite la vérité. Mais tu ne veux pas l’entendre.
-        Il faut que tu portes plainte, dit Thibaut.
-        Quoi ? Mais contre qui ?
-        Contre Sébastien.
-        Mais pourquoi ? Il ne m’a rien fait je vous le jure. Il ne voulait même pas que je travaille aujourd’hui.
-        Arrête Jen. Tes absences à répétition, tes excuses bidons, ça ne te ressemble pas. Tu ne nous as jamais fait ça avant. Tu crois qu’on ne se doutait pas que quelque chose n’allait pas ? Bien sûr que si. Mais sans preuve on ne pouvait rien faire. Là, des preuves, tu en as partout sur le corps. Alors, ce qu’on va faire, c’est que ce soir tu vas venir avec moi au commissariat, tu vas porter plainte et après tu viendras chez moi, je t’hébergerai. Puis, pour l’album, on peut repousser ce n’est rien ça, dit Franck.
-        Non, mais écoutez-moi ! tente de crier Jenifer avant de se mettre à pleurer. Sébastien ne m’a pas touchée, je vous le promets. Laissez-moi rentrer chez moi.
-        Jen, ça fait plusieurs fois que tu viens avec des bleus et des traces de coups. À chaque fois tu as des excuses bizarres. Aujourd’hui c’est un accident de voiture et demain ce sera quoi ? Une chute dans les escaliers ? s’agace Franck.
-        Franchement Jen, il a raison. Vu l’état dans lequel tu es, c’est un grand malade. Je ne sais pas ce qu’il t’a fait pour te rendre comme ça, mais ce n’est pas normal. Il va finir par te tuer si tu restes avec lui, dit Thibaut.

Jenifer ne peut s’arrêter de pleurer. Elle essaie de leur expliquer, mais ils ne l’écoutent pas et elle se sent totalement impuissante face à ça. David l’observe. Il ne comprend pas pourquoi tant de larmes et pourquoi elle s’obstine à nier. Dans la pièce à côté les enfants rient. Mais bien sûr ! Les enfants ! Ils savent quelque chose eux. C’est certain.

-        Je vais voir si les petits vont bien, dit David avant de rejoindre Robin et Adèle.
-        Tu viens jouer avec nous ? demande Adèle en le voyant entrer dans la pièce.
-        Oui, mais d’abord je voudrais vous poser une question.
-        Vas-y, dit Robin en s’approchant.
-        C’est important. Vous devez me dire la vérité d’accord ? dit-il en se mettant à leur hauteur.
-        Oui, disent-ils en chœur.
-        Jenifer, dans la voiture, elle a dit qu’elle s’était fait mal au genou avec vous ce matin. Mais moi, je crois que ce n’est pas vrai. Moi je crois qu’elle n’a pas juste une petite blessure. Et ça vous le savez, pas vrai ?
-        Non, c’est vrai ce qu’elle a dit ! dit Adèle du tac au tac.
-        C’est important que vous me disiez la vérité, souffle David.
-        Elle a un plâtre, lance Robin.
-        Mais arrête, c’était un secret ! On lui a promis ! crie Adèle.
-        Continue Robin, s’il te plait, dit David.
-        Elle a aussi une attèle au poignet et elle avait le bras plié dans une écharpe, mais elle l’a enlevée pour que vous ne le sachiez pas.
-        Et comment elle a fait ça ? demande David.
-        On ne sait pas. Elle était déjà comme ça ce matin. Elle a dit qu’elle s’était fait un peu mal. Mais moi je sais que ce n’est pas qu’un peu. Elle n’arrive pas à bouger. Ce n’est pas normal.
-        Tu n’as pas le droit de trahir Jen ! crie la petite fille.
-        Arrête Adèle. Tu as bien vu qu’elle avait super mal dès qu’elle bougeait ce matin. On a même eu peur quand elle s’est levée du canapé. Elle était toute blanche, on a cru qu’elle allait tomber. C’est pour son bien si je dis tout ça, dit Robin les larmes aux yeux.
-        Merci beaucoup bonhomme, tu nous as beaucoup aidé, dit David avant de retourner auprès de la belle.
-        Ah David ! s’exclame Franck en le voyant arriver. Tu ne veux pas raisonner Jen ? Elle ne nous écoute pas.
-        J’ai parlé avec les enfants, dit David. Il parait que tu as très mal et que tu étais déjà comme ça quand ils sont arrivés ce matin.
-        Oui, puisque j’ai eu l’accident vendredi soir ! s’exclame Jen.

David s’approche d’elle et soulève le bas de sa robe et la manche droite de celle-ci.

-        C’est quoi ça ?! demande-t-il.
-        Une attèle et un plâtre, rit-elle.
-        On ne rigole pas là Jen ! s’énerve Franck. Tu comptais nous les cacher longtemps ? Pourquoi tu les caches si tu nous dis la vérité ?
-        Parce que sinon vous ne m’auriez pas laissé chanter.
-        Normalement elle a son bras en écharpe, ajoute David. Mais elle l’a enlevée pour nous le cacher.
-        Tu as quoi au bras ? demande Thibaut.
-        Mon poignet est foulé et mon épaule s’est déboitée, mais ils me l’ont remise.
-        Et à la jambe ?
-        Des fractures et puis ma rotule s’était déplacée, alors ils me l’ont replacée.
-        C’est violent, souffle Thibaut.
-        Oui, comme un accident de voiture ! crie Jen. Vous pensez qu’un homme peut faire autant de dégâts ?!
-        Bien sûr ! En plus, quand je l’ai croisé il m’a paru bien plus grand et plus musclé que toi, évidemment qu’il peut te faire ça, dit Franck.
-        Non mais peut-être physiquement, mais il ne le ferait jamais. Il m’aime trop pour me faire du mal. Je vous le jure. Il est tellement inquiet pour moi en plus. Il ne voulait pas que je vienne travailler aujourd’hui.
-        Bah oui, normal. Vu ton état il devait se douter qu’on allait comprendre que ce type est une ordure, dit Franck.
-        Ne parle pas comme ça de lui, dit Jenifer en tentant de se relever sans y parvenir.

Elle leur fait de la peine. Comment un homme peut-il s’en prendre à une femme aussi douce et gentille qu’elle ?

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant