Y'a comme un hic [Terminée]

Chapitre 65

         Il est 14 heures. Le repas vient de se terminer. Robin et Adèle dessinent sagement. Jenifer les surveille quand elle repense à ce que Kad lui a dit dans la matinée.

-        Je reviens, vous êtes sages, dit-elle aux enfants avant de quitter la loge.

Elle se met à courir à travers la salle à la recherche des techniciens. Elle en aperçoit trois un peu plus loin. Ils sont appuyés contre un mur et rient entre eux. Ils ne semblent pas occupés à travailler, alors la jolie brune se plante devant eux pour leur parler.

-        Vous avez besoin d’aide pour le projecteur ? demande-t-elle.

Les hommes face à elle la regardent interloqués, puis ils se mettent à rire. Ils ont tenté toute la matinée de fixer un nouveau projecteur à la place de celui qui a grillé hier soir, mais aucun d’eux n’a été fichu de le faire. Alors ce n’est pas Jenifer qui va y arriver. Mais devant son air si sérieux, ils cessent de rire et se regardent en réfléchissant. Après tout, même si elle n’y arrive pas, ce serait marrant de la faire essayer. Ce serait quand même drôle que ce petit bout de femme d’à peine un mètre cinquante-huit réussisse à remplacer le projecteur.

-        Si tu veux nous aider… souffle un des techniciens.

Un de ses collègues lui donne un coup de coude pour le faire taire.

-        Ouais, je dois faire quoi ? demande-t-elle.
-        Tu vois, tout en haut ? Il manque un projecteur. On va t’attacher avec un baudrier et toi, tu vas monter pour le fixer.
-        Ok, répond-t-elle.

Les trois hommes autour d’elle se regardent surpris. Ils ne s’attendaient pas vraiment à ce qu’elle accepte. Du moins, pas aussi facilement. L’un des techniciens va donc chercher un baudrier pendant qu’elle regarde le projecteur un instant.

-        Par contre, à mon avis, ce ne sont pas les bonnes vis que vous avez mises. Attendez, dit Jen.

Elle va fouiller dans les cartons et met des choses dans les poches de son jean.

-        C’est bon, je suis prête.

Un homme l’aide à enfiler le baudrier et le lui serre comme il peut. Malheureusement, Jenifer est trop petite et trop fine, même serré au maximum, c’est encore légèrement grand pour elle. Tant pis, ça fera l’affaire. Un des techniciens la guide ensuite dans les coulisses et lui explique rapidement ce qu’elle doit faire et comment elle doit monter. Il finit par rejoindre ses collègues et la jolie brune se hisse jusqu’en haut. Elle se retrouve maintenant à califourchon sur des barres en fer qui tiennent les projecteurs. Elle avance jusqu’à l’emplacement de celui qu’elle a entre les mains et essaie de le fixer. Ça ne tient pas, alors elle sort des vis de sa poche et essaie avec celles-ci. Ça tient beaucoup mieux. Elle resserre les boulons au maximum. En bas, elle entend Amel la chercher.

-        Jen ? T’es où ? crie Amel.
-        Je suis là, hurle Jen.

Amel entend son amie mais ne la voit pas. Il faut dire que vu la taille de Jenifer, elle n’a pas pensé à relever la tête pour la chercher. Les deux Patrick la voient depuis plusieurs minutes, cherchant la jolie Corse. Quand ils entendent sa voix ils lèvent la tête.

-        Putain elle est là-haut, dit Patrick Fiori.

Amel lève la tête à son tour et regarde Jenifer avec surprise.

-        Mais qu’est-ce que tu fous là-haut ?! Jean-Jacques t’attend en répète, crie Amel.
-        J’arrive ! Juste le temps de fixer le projecteur, crie Jen.

En bas, les trois chanteurs se regardent, surpris. Ils ne pensaient pas assister à ce genre de scène un jour.

-        Non mais là, on aura vraiment tout vu, rit Patrick Bruel.
-        Arrête de rire ! Elle peut se blesser, souffle Amel.

Kad passe à ce moment-là alors Amel l’interpelle.

-        La prochaine fois, évite de lui donner des idées de merde, dit-elle en levant la tête vers Jen.

Kad suit le regard d’Amel et remarque la petite brune, outils en main, en train de fixer le projecteur.

-        Alors après chanteuse et nounou, elle rajoute technicienne… Elle doit vraiment s’ennuyer, rit-il. Tu sais que les techniciens n’y sont pas arrivés ce matin. Comment elle a fait ?
-        Arrête, ce n’est pas son métier, dit Amel en lui donnant une légère tape dans le bras.

Jean-Jacques arrive, toujours à la recherche de la jolie Corse.

-        J’ai fait toutes les pièces, impossible de la trouver. Pourtant les enfants sont là. Mais ils ne savent pas où elle est partie, dit Jean-Jacques un peu affolé.
-        On l’a retrouvée, dit Patrick Fiori en montrant Jen.

Jean-Jacques met sa tête dans ses mains et se dirige vers les trois techniciens qui la regardent en riant.

-        Qu’est-ce qu’elle fait là-haut ?! demande-t-il.
-        Elle a voulu nous aider, dit le premier.
-        Non mais je m’en fiche ! Vous imaginez si elle tombe là ? Ce n’est pas son métier, faites-la descendre, dit Jean-Jacques agacé.
-        N’empêche, elle a réussi à le fixer ce projecteur, dit un des hommes.
-        Alors que nous non, rit le troisième.
-        Elle est plus débrouillarde que vous, ça c’est sûr, souffle Jean-Jacques. Mais faites-la redescendre tout de suite.
-        Jen, crie un technicien. Descends.
-        Ouais, je finis de serrer le dernier boulon et j’arrive, dit la chanteuse.
-        Putain, souffle Jean-Jacques.

La jolie Corse termine et redescend tant bien que mal.

-        Elle ne risquait rien, souffle un technicien en la voyant en bas saine et sauve.

Jean-Jacques s’approche de Jenifer et commence à crier.

-        Elle ne risquait rien ?! Et ça c’est quoi ?! dit-il en montrant le baudrier. Ce n’est même pas sa taille. Vous croyez que ça l’aurait retenue en cas d’accident ?!

Les trois hommes baissent la tête. Ils savent sans doute que le chanteur a raison. Jean-Jacques se tourne vers la jolie brune.

-        Tu nous refais plus des trucs comme ça toi. Allez, va répéter, ils t’attendent, dit-il.

La chanteuse retire le baudrier et rejoint ses collègues. Tout le monde la regarde. Ils hésitent entre être fier d’elle et lui dire que c’est dangereux. C’est vrai qu’elle a beaucoup d’énergie et que tout le monde s’en amuse, mais là, ça aurait pu tourner au drame. Ce genre de chute ne pardonne pas. Mais ça, Jenifer ne semble pas en avoir conscience. Elle a l’air assez fière.

-        Si jamais un jour chanteuse ça ne marche plus, je pourrais toujours me reconvertir, rit-elle.

Les autres artistes sourient. C’est vrai que c’était dangereux. Mais quand on la voit, le sourire aux lèvres, pleine d’énergie et de vie, on ne peut pas l’engueuler.