Chapitre 11

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         Le lendemain matin, Jenifer se réveille à 7 heures. Elle sent que son corps est fatigué mais elle ne peut pas se rendormir. Son esprit est bien trop perturbé par la situation. Alors elle se lève en faisant attention à ne pas réveiller Adèle. Une fois debout, elle remarque que personne n’a pris la peine de mettre les cadeaux au pied du sapin. Elle va donc dans la réserve les chercher et elle les place discrètement sous l’arbre, en priant pour qu’aucun des enfants ne se réveille à ce moment-là. Elle met ensuite son manteau et un pantalon avant de sortir fumer. Elle s’assoit contre le mur et allume sa cigarette. La tempête de neige est encore plus forte qu’hier. Les vents sont violents et les flocons tombent par milliers. Elle reste un moment dehors à réfléchir. À penser. Ce Noël est tellement éloigné de celui qu’elle avait imaginé. Et pourtant, il semble aller au-delà de ses espérances. Sans réellement savoir pourquoi, elle s’est tout de suite sentie bien auprès de ces inconnus. Cela ne veut pas dire que sa famille ne lui manque pas. Évidemment que si, elle lui manque. Et elle a hâte de pouvoir les rejoindre. Mais elle espère qu’une fois sortie de la station, elle reverra ses nouveaux amis. Elle appuie sa tête contre le mur et ferme les yeux. Elle ne bouge plus jusqu’à ce qu’une voix la sorte de ses pensées.

-        Je peux m’asseoir avec toi ? demande Sébastien.
-        Bien sûr viens, lui répond-elle contente de le voir.
-        Tu n’as pas dormi cette nuit ?
-        Si, si. Pourquoi ? demande-elle.
-        Parce que quand je me suis endormi tu ne dormais pas. Ensuite je me suis réveillé vers 4h15, tu ne dormais pas non plus. Et là il est 8 heures et tu ne dors toujours pas, lui répond-il.
-        C’est juste que je me suis endormie vers 4h30 et je me suis levée à 7h, dit-elle en riant.
-        Tu n’es pas fatiguée ? Tu devrais retourner te coucher, lui dit-il.
-        Non, ça va, je vais prendre un bon café, et ce sera parfait.
-        Tu sais que le café ne remplace pas une bonne nuit de sommeil ?
-        C’est vrai. Mais parfois, on n’a pas le choix, dit-elle en riant.
-        Tu t’es levée aussi tôt pour déposer les cadeaux au pied du sapin ? C’est toi, pas vrai ?
-        Oui, c’est moi. J’avais peur que les enfants se lèvent tôt et voient qu’il n’y avait pas de cadeau.
-        Merci, c’est gentil pour eux. En parlant des enfants, je ne vais pas tarder à appeler ma fille pour lui souhaiter un joyeux noël, dit Seb.
-        La pauvre, elle doit être triste de faire Noël sans son papa… Elle est avec sa maman ? demande Jen afin d’avoir des informations.
-        Non, non, je l’élève seul.
-        Oh je suis désolée ta femme est…
-        Non, elle n’est pas morte, dit Seb en la coupant. Elle est partie du jour au lendemain, sans donner de nouvelles. Alice avait 8 ans et je ne sais pas qui de nous deux l’a le plus mal vécu.
-        Oh, je suis désolée pour vous. Mais il ne lui est pas arrivé quelque chose à ta femme ? Pour qu’elle disparaisse comme ça ? demande Jen. Si tu ne veux pas en parler tu n’es pas obligé, ajoute-elle.
-        Non, c’était il y a 5 ans, je peux en parler. J’ai tourné la page en quelques sortes. En fait, mon ex-femme était du genre à ne penser qu’à elle. Même quand on a eu Alice, elle ne s’en occupait pas du tout. Elle ne lui parlait pas. Au début j’ai pensé qu’elle faisait un baby blues ou qu’elle avait peur de mal faire. Mais plus le temps passait, plus je comprenais, ce que j’aurais préféré ne jamais comprendre. En fait, elle se fichait juste d’Alice. Elle n’en avait rien à faire de nous. Il y en avait que pour son travail et ses soirées. Quand elle a disparu, je me suis inquiété. Mais j’ai vu que toutes ses affaires avaient également disparu alors, j’ai commencé à comprendre. Je suis allé sur son lieu de travail. Je l’ai attendue dans ma voiture devant la porte. Je voulais voir si elle allait sortir, si elle allait bien. Je voulais comprendre. Puis, je l’ai vue sortir avec un mec, bras dessus, bras dessous. Ils sont montés ensemble en voiture et là j’ai compris qu’elle ne reviendrait pas. Même pas pour sa fille.
-        Oh… c’est dur… et ta fille le vit comment ? demande Jen.
-        Ma fille, elle a toujours connu sa mère distante. Elle n’a jamais reçu d’amour maternel. Donc je ne sais pas ce qui est le plus douloureux pour elle entre le fait d’avoir une mère qui ne lui porte aucun amour mais qui est pourtant là physiquement, et le fait de la voir nous abandonner. Dans tous les cas, elle a toujours manqué de ce lien et elle a une espèce de vide en elle qui ne sera probablement jamais comblé. C’est pour ça qu’elle va très souvent chez ma mère. Pour avoir une présence féminine à qui elle peut se confier. Mais sincèrement, j’ai l’impression qu’Alice ne l’a pas si mal vécu. Elle lui en voudra sûrement toute sa vie, mais elle ne ressent pas vraiment ce manque. Elle s’y est habituée.

Cette histoire touche beaucoup Jenifer. Comment une mère peut ne pas aimer sa fille ? C’est horrible. La jolie brune en perd ses mots.

-        Et toi alors ? Avec ton copain, vous pensez avoir un enfant ? continue Seb.
-        Oh non, je n’ai pas de copain, répond Jen.
-        Ah bon ? demande-il surpris. Pourtant, tu es connue, ça doit aider.
-        Ça dépend qui. Moi la célébrité ne m’a pas aidée, bien au contraire. Je suis sortie avec beaucoup d’hommes et je peux te dire qu’aujourd’hui je n’ai aucune confiance en eux, dit-elle en riant amer.
-        Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demande Seb.
-        Oh, c’est une trop longue histoire. Puis, elle n’est pas très intéressante.
-        Tu n’as pas envie d’en parler ?
-        Pas tellement. Je préfère avancer.

Sébastien n’insiste pas. Il se contente de la regarder, en signe de soutien. Mais elle tourne la tête soudainement. En effet, Robin et Adèle crient son nom depuis l’intérieur de la station.

-        Je crois que le devoir m’appelle, dit Jen en riant.

Elle retourne à l’intérieur et prend les deux petits dans ses bras.

-        Regarde, le Père Noël est passé ! crient les deux enfants.
-        Chut, rit-elle. Vous allez réveiller tout le monde.
-        Mais oui, mais ce n’est pas notre faute. On est contents, dit Adèle.
-        Oui, mais il faut attendre que vos parents soient réveillés pour ouvrir les cadeaux, dit Jen.

Tout en gardant un œil sur les enfants, la jolie brune va dans la salle de bain pour s’habiller. Elle met un joli pull dans les tons rouge-rosés avec un slim noir et des bottes. Pendant ce temps-là, Sébastien est toujours dehors. Il réfléchit. Jenifer est célibataire, il le sait maintenant. Mais elle n’a plus confiance en la gente masculine. Est-ce qu’il arrivera à lui redonner confiance ? Il en a envie. En même temps, lui non plus n’a plus vraiment confiance aux femmes. Si elle partait elle aussi ? Les abandonnant encore une fois. Non, Jenifer ne ferait jamais ça, elle n’est pas son ex-femme. Elle lui a même paru choquée quand il lui a raconté son histoire tout à l’heure. Il se pose beaucoup de questions. Il ne peut de toute évidence pas sortir avec elle. Quel genre de couple feraient-ils ? Un couple qui n’a aucune confiance en l’autre ? Ça ne pourra jamais durer. De toute façon il ne la connait pas. Mais il sait qu’il a envie de se rapprocher d’elle. Il finit par rejoindre les enfants à l’intérieur après avoir appelé sa fille.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant