Chapitre 98

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        Jenifer ouvre doucement les yeux. Sa vision est trouble. Ses sens commencent à se réveiller. Elle se sent… assommée. Elle a mal partout. C’est à peu près ça. Son dos la fait particulièrement souffrir. Son bras droit aussi. Bizarrement, elle a moins mal du côté gauche. Ses yeux tentent de regarder son corps. Ils s’arrêtent tout à coup sur des fils qui sortent de son bras gauche. Elle les suit du regard et comprend que c’est une perfusion. Pourquoi ? Elle est où là ? Elle regarde un peu autour d’elle. Sa vision est encore floue mais elle distingue des lits avec quelques personnes. Plus loin un homme hurle de douleur. Elle ne sait pas s’il est dans cette pièce ou dans celle d’à côté, mais il semble réellement souffrir. Est-elle dans un lieu de torture ? Vu les douleurs qu’elle a, cela ne l’étonnerait pas. La pièce est toute blanche. Les lits aussi d’ailleurs. Ça fait penser à un hôpital. Mais oui ! Un hôpital ! Tout à coup tout lui revient. La dispute, l’accident, tout. Elle regarde sa jambe droite. Elle a un énorme plâtre qui part de son pied et remonte jusqu’en haut de sa cuisse. Son bras droit est également dans une écharpe et son poignet bandé. Super. Elle va aller loin comme ça. Une jeune femme s’approche d’elle. C’est une infirmière. Elle a remarqué son agitation et vient voir si la patiente est bien réveillée.

-        Comment vous sentez-vous ? demande la jeune femme.
-        Euh… Je ne sais pas trop. Bien je crois, dit Jenifer.
-        Parfait, je vais appeler mes collègues, ils vont vous ramener dans votre chambre, sourit l’infirmière avant de partir.

Dans sa chambre ?! Comment ça dans sa chambre ? Non, non, sa chambre elle est chez Sébastien. Elle veut sortir d’ici tout de suite. Il faut qu’elle aille tout expliquer à son homme. Deux infirmiers entrent soudain dans la salle de réveil. Ils parlent rapidement à la jeune femme qui les a appelés, puis ils s’approchent du lit de Jenifer. Ils le prennent et le poussent jusqu’au box des urgences où elle se trouvait il y a quelques heures probablement. À vrai dire, elle n’a aucune idée de l’heure qu’il peut être.

-        Pourquoi on la ramène ici ? demande le jeune homme en prenant sa collègue à l’écart. On ne peut pas la mettre dans une chambre ?
-        Tu crois qu’on a de la place peut-être ? Normalement pour ce genre d’opération tu ne restes pas longtemps à l’hôpital. De toute façon on n’a pas de place pour elle, dit la femme assez peu aimablement.
-        Comment ça on n’a pas de place ? L’hôpital est loin d’être complet.
-        Non, mais demain matin beaucoup de patients arrivent en orthopédie pour se faire opérer et si on la met en chambre elle va prendre la place de quelqu’un.
-        Donc on va la laisser là ? Sérieusement ? demande l’homme.
-        Oui, on n’a pas de place, c’est bon, souffle la femme.

Jenifer entend tout. Ils sont seulement à quelques mètres d’elle. Ils n’ont même pas pris la peine de changer de pièce. Elle se redresse difficilement dans son lit et regarde les deux infirmiers s’engueuler à propos de ce qu’ils vont faire d’elle.

-        Hum… Excusez-moi… dit-elle pour les interrompre.
-        Quoi ? lance la femme agressivement en se tournant vers elle.
-        J’ai entendu votre conversation, et, je peux partir si vous n’avez pas de place, dit Jen.
-        Non, non, on ne peut pas vous laisser partir dans votre état, sourit le jeune homme.
-        Mais mon conjoint est médecin. Ne vous inquiétez pas, tout ira bien, dit-elle.
-        Vous venez de sortir d’une opération, il faut qu’on vous garde jusqu’à demain matin, au moins, dit l’infirmier.
-        S’il y a le moindre problème, mon conjoint me ramène. S’il vous plait, dit-elle.
-        Bon parfait, je vais faire signer les papiers et elle va sortir, dit la femme.
-        Quoi ? Non mais tu rigoles ?! On ne peut pas la laisser, elle est à moitié endormie, crie le jeune infirmier.
-        Et alors ? Son mec est médecin. C’est bon. Puis je n’ai jamais vu personne mourir parce qu’on lui avait replacé la rotule, dit l’infirmière.
-        Et une allergie à l’anesthésiant, tu y penses ?! demande son collègue abasourdi.
-        Non je n’y pense pas. Puis au pire il nous la ramènera.
-        Tu ne trouveras jamais un médecin pour lui signer les papiers de sortie, souffle le jeune.
-        Bien sûr que si. Ils ont trop de choses à faire pour se préoccuper de quoi que ce soit, sourit la femme en quittant le box.

Le jeune homme s’approche alors doucement de Jenifer. Il la regarde attentivement. Elle n’est pas bien réveillée. Ça se voit. Elle lui sourit. Il le lui rend.

-        Je pense que ce n’est pas une bonne idée, dit-il.
-        Si, je vous assure, dit-elle.
-        Vous ne pouvez pas conduire, comment allez-vous rentrer ?
-        Mon conjoint vient me chercher, il est sur la route, ment-elle.
-        Hum… répond-t-il en doutant. Vous devez faire très attention, le choc a été violent, votre côté droit a été très touché, il faut éviter de trop l’utiliser. Je pense qu’il faudra que vous mettiez une attèle à votre poignet quand il aura dégonflé. Vous voulez que je vous note les recommandations ? Vu votre état, je doute que vous vous en souveniez, sourit-il.
-        Si vous voulez, mais il saura.
-        Qui saura ?
-        Mon conjoint.
-        Je vous le note quand même, au cas où. C’est important que vous sachiez aussi, sourit-il.

Il sort de la pièce et revient quelques minutes plus tard avec un papier dans sa main.

-        Je vous le mets où ? demande-t-il.
-        Dans mon sac à main s’il vous plait, dit-elle avant de se rendre compte qu’elle n’a aucune idée d’où il peut se trouver. Oh, mon sac ! Je l’ai perdu, comment je vais faire ?
-        Calmez-vous, il est là, dit-il. Les pompiers nous l’ont confié quand ils vous ont emmenée.
-        Ouf, merci, dit Jenifer en soupirant.
-        Je vous ai mis les recommandations à l’intérieur. Et je vous pose votre sac sur votre lit, ça vous évitera une nouvelle frayeur, sourit-il.
-        Merci.
-        Si vous avez le moindre souci, revenez ou appelez-nous, on vous prendra en charge.
-        Merci, répète-t-elle.
-        Bon, qu’est-ce que tu fous encore là ?! demande l’infirmière qui vient de revenir. Le patient t’attend à côté.
-        J’y vais, dit-il.

Il sort du box en saluant Jenifer. L’infirmière a des béquilles à la main. Elle les dépose sur le lit de la belle et lui retire ses perfusions. Elle l’aide rapidement à se rhabiller, puis elle ouvre la porte.

-        Vous pouvez y aller. Votre conjoint est là ?
-        Oui, il m’attend sur le parking, ment Jenifer.
-        Parfait, au revoir alors, dit l’infirmière en la laissant là.

Jenifer se redresse doucement elle met difficilement son manteau et son sac en bandoulière, puis elle prend les béquilles. L’écharpe qu’elle a autour de son bras droit la gêne, alors elle la retire et la glisse dans son sac. Elle reprend les béquilles et avance jusqu’à la sortie de l’hôpital. Elle a mal à l’épaule et au poignet. Son dos aussi la fait souffrir. Ainsi que ses côtes. En fait, elle a mal partout. Personne ne lui demande de comptes et elle sort rapidement de l’hôpital. Elle est maintenant seule avec ses douleurs.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant