Y'a comme un hic [Terminée]

Chapitre 92

         Aujourd’hui, nous sommes le vendredi 12 Mars. Il est 6 heures quand le réveil sonne. Jenifer doit aller au studio, alors elle se lève, suivie par Sébastien. Ils se préparent rapidement et descendent prendre leur petit-déjeuner. Alice est déjà en bas, devant son bol de lait, les yeux rivés sur son écran de téléphone.

-        Coucou Lili, dit Seb en lui embrassant la crâne.
-        Salut papa. J’ai un petit truc à te demander.
-        Dis-moi tout.
-        Il y a des grèves de bus aujourd’hui. Sauf que je finis à 15 heures et que le seul bus qui passe cet après-midi est à 17h30, souffle Alice.
-        Et alors ?
-        Tu peux venir me chercher s’il te plait ?
-        Non Lili, tu sais bien que je ne peux pas. Je travaille.
-        Tu ne peux pas décaler tes rendez-vous ? demande la jeune fille.
-        Non, je ne peux pas tout décaler comme ça, en un claquement de doigts. Tu n’auras qu’à aller en étude jusqu’à 17 heures.
-        Mais papa ! conteste Alice.
-        Ce n’est pas la peine de râler, même si je le voulais, je ne pourrais pas.

Agacée, Alice marmonne quelque chose d’incompréhensible. Jenifer, assise face à elle, assiste à la scène en réfléchissant. Après quelques secondes de blanc, elle se lance.

-        Je peux venir te chercher moi si tu veux, dit-elle.
-        Mais tu es au studio Jen aujourd’hui, dit Seb.
-        Ce n’est pas grave, je peux m’arranger pour finir plus tôt.
-        Ah ben c’est super gentil mon chat, merci. Lili, tu lui dis merci s’il te plait.
-        Non mais… commence Alice.
-        Tu es contente tu n’auras pas besoin d’attendre jusqu’à 17h30 ? la coupe Seb.
-        Mmmh, souffle Alice.

Elle n’a apparemment pas le choix. Elle est obligée d’accepter la proposition de Jenifer. Elle joue encore la gentille devant son père, ce qui agace au plus haut point Alice. Si seulement il avait accepté d’aller la chercher, ils auraient pu passer un peu de temps rien que tous les deux. Comme avant. Depuis que la chanteuse a emménagé chez eux, l’adolescente ne voit plus son père. Il passe tout son temps avec sa conjointe. Et elle, elle passe tout son temps dans sa chambre afin d’éviter sa nouvelle belle-mère. Mais visiblement, leurs moments de complicité père-fille ne manquent qu’à elle. Une voix la sort de ses pensées.

-        Lili ? demande Sébastien. Tu as un bus pour ce matin ou tu veux que je te dépose ?
-        Non, c’est bon, mon bus va arriver. D’ailleurs, je vais y aller, dit-elle en se levant.
-        Bonne journée Lili, à ce soir.
-        À ce soir, lance-t-elle en claquant la porte.
-        Si jamais tu ne peux pas aller la chercher, préviens-la, dit Seb à Jen.
-        Mais t’inquiète, j’y serai et à l’heure, sourit-elle.
-        Si tu ne la trouve pas tu m’appelles.
-        Oui, t’inquiète.
-        Et si jamais il y a un problème…
-        Seb ! le coupe Jen. Il n’y aura pas de problème, je te promets, je gère. Tout va bien se passer.
-        Désolé, mais je crois qu’à part ma mère personne n’est jamais allé la chercher quelque part, dit-il.
-        Je sais mon cœur, mais tu peux me faire confiance, non ?
-        Si, bien sûr que si. Merci en tous cas.
-        Ça me fait plaisir, dit-elle en souriant.

Le geste de sa belle touche énormément Sébastien. Il sait à quel point les relations entre les deux femmes de sa vie sont compliquées. Et il voit tous les efforts de Jenifer pour passer au-dessus et aller au-delà de ces tensions. Ça ne doit pas être facile pour elle.

-        Bon, j’y vais, dit-elle en souriant. Et déstresse, tout va bien se passer.

Il se lève pour l’embrasser et la serrer un peu dans ses bras puis il la laisse partir. Ce soir ils sont en week-end, il va pouvoir enfin profiter de sa famille. Il termine rapidement de se préparer puis part également à son cabinet. De son côté, Jenifer vient d’arriver au studio. Elle pose ses affaires sur un meuble et regarde autour d’elle.

-        Dis donc, il y a du monde ici, rit-elle.
-        Oui, on enregistre pas mal d’instruments aujourd’hui, tu avais oublié ou quoi ? demande Franck.
-        Euh, je t’avoue qu’un peu… rit-elle.
-        Du coup, notre batteur est revenu terminer son travail, sa femme a accouché.
-        Ah félicitations, dit Jen.
-        Merci, dit l’homme.
-        Après on a aussi les instruments à vents et les violons aujourd’hui, donc on a pas mal de boulot, dit Franck.
-        On doit tout faire dans la journée ? demande-t-elle.
-        Ce serait bien oui. De toute façon, ils n’ont pas beaucoup de morceaux à faire, juste quelques trucs par-ci, par-là. Donc on fait tout aujourd’hui, on finit les quelques instruments où il manquait quelques trucs et comme ça lundi tu commences à poser ta voix.
-        Ouais. Mais par contre, je dois partir à 14h30 moi, dit-elle.
-        Quoi ? Tu rigoles ? demande Franck.
-        Non, désolée.
-        Mais pourquoi tu dois partir ? demande-t-il.
-        Je… J’ai quelque chose d’important à faire.
-        On peut savoir ce que c’est ?
-        Je vais chercher Alice au collège, dit-elle en baissant la tête.

Elle savait qu’elle allait se faire engueuler. Et ça n’a pas raté.

-        Tu te moques de nous là ? C’est n’importe quoi. Depuis que tu es avec ton mec, tu viens un jour sur deux et tes excuses sont toutes plus bizarres les unes que les autres. Franchement, je ne sais pas ce que c’est le problème, mais il va falloir le régler très vite Jen. On ne peut pas travailler dans ces conditions, s’agace son manager.
-        Il n’y a pas de problème, dit-elle.
-        C’est ça, voile-toi la face. J’espère juste que cette fois-ci ce n’est pas grave. Sinon on peut t’aider nous, dit-il.

Elle souffle. Il ne l’écoute pas. Encore une fois.

-        Dans tous les cas, vous n’avez pas spécialement besoin de moi aujourd’hui, si ? demande Jenifer.
-        Non. Mais c’est quand même ton album. Donc c’est bien que tu sois là. Mais si tu veux, tu n’as qu’à partir tout de suite, puisqu’apparemment, ça te dépasse, s’agace-t-il.
-        Mais, ne dis pas n’importe quoi, s’il te plait Franck. Évidemment que je vais rester jusqu’à 14h30.
-        Quelle bonne nouvelle, dit-il sur un ton sarcastique. On peut peut-être commencer à travailler alors ?
-        Allez, c’est parti, dit Thibaut afin de remettre un peu d’ambiance dans le studio.