Chapitre 96

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        Il est 20h30. Jenifer est au sol. Elle ne bouge plus. Les passants, effarés, regardent la scène avec horreur. Les véhicules circulant sur la route sont arrêtés, créant des bouchons. Certains conducteurs klaxonnent tandis que d’autres quittent leurs véhicules pour voir ce qu’il se passe. Un peu plus loin, des policiers qui arrêtaient des voitures au hasard pour des contrôles ont assisté à l’accident. Deux d’entre eux sont partis à la poursuite du fugitif, tandis que les deux autres courent vers la victime, laissée pour morte par le conducteur.

-        Appelle les pompiers, dit un des policiers à son collègue.

L’homme sort de sa poche un téléphone et appelle les secours. Puis, il rejoint son collègue, accroupit près du corps de la chanteuse. Ses yeux sont ouverts et ses paupières bougent. Mais ils le savent, cela ne veut pas dire qu’elle est vivante. C’est un réflexe du corps. Ils s’approchent pour prendre son pouls quand Jenifer prend tout à coup une grande inspiration. L’air revient enfin dans ses poumons. Elle n’est pas morte. Les policiers soufflent, soulagés.

-        Madame, est-ce que vous m’entendez ? demande l’un des hommes.
-        Oui, chuchote faiblement Jenifer.
-        Vous avez mal quelque part ?
-        Je ne sais pas, souffle-t-elle.

Elle tente tant bien que mal de reprendre sa respiration et de répondre aux questions en même temps. Elle a du mal à se souvenir de ce qu’il s’est passé. Elle se sent perdue et terriblement seule. Sans qu’elle ne s’en rende compte des larmes coulent le long de ses joues. Elle ne sait même pas où elle est. En essayant d’avoir une réponse à ses questions, elle jette un regard autour d’elle. Elle est sur la route ? Elle essaie de se relever. Mais elle a horriblement mal. Elle ne saurait dire où. Un peu partout peut-être. Mais quelque chose l’inquiète. Elle n’arrive pas à plier sa jambe droite. Est-ce qu’elle en a perdu la fonctionnalité ? Les larmes coulent de plus belle. Les policiers, la voyant tenter de se relever, essaient de la calmer.

-        Doucement, les secours arrivent, ils vont vous transporter à l’hôpital. Mais en attendant vous ne devez pas bouger.
-        Ma jambe, pleure-t-elle.
-        Vous avez mal à votre jambe ?
-        Ma jambe, continue à répéter Jenifer paniquée.

Sa respiration s’accélère. Elle est assise, au milieu de la route et sa jambe ne bouge plus. Les policiers s’aperçoivent de la détresse de la jeune femme. Ils l’allongent doucement sur le goudron et tentent de la calmer.

-        Respirez doucement, calmez-vous. Concentrez-vous sur ma voix, dit un des hommes.

Il est vrai qu’il y a beaucoup de monde autour d’eux et énormément de bruit. Certains ont reconnu la chanteuse et la prennent même en photo. Cela ne fait qu’augmenter la panique de la jolie brune. Alors le second policier leur demande de circuler et de rejoindre leurs véhicules. Pendant ce temps, Jenifer reprend peu à peu une respiration à peu près normale.

-        Vous pouvez nous dire ce que vous avez à votre jambe ? lui demande le policier.
-        Elle ne bouge plus, dit Jenifer en pleurant de plus belle.

Heureusement, la sirène des pompiers se fait entendre. Enfin, les voilà. Ils mettent doucement Jenifer sur un brancard et la portent dans le camion pendant que les deux policiers transmettent aux pompiers les circonstances de l’accident et ce qu’elle leur confié à propos de sa jambe. En roulant vers l’hôpital, les secours observent l’état général de la chanteuse. Elle est très pâle et en état de choc. Elle semble faire une fixette sur sa jambe alors que son poignet a doublé de volume, que son épaule est déboitée et qu’elle a du sang partout. Son corps est glacé, alors les pompiers l’enveloppent dans une couverture de survie. Rapidement, ils arrivent à l’hôpital et Jenifer est prise en charge tout de suite. Elle passe tout un tas d’examens afin que les médecins soient certains qu’ils ne passent à côté de rien. Le fait que la chanteuse soit incapable de dire où elle a mal les y oblige. Des radios, des scanners, etc., elle a probablement testé toutes les machines de l’hôpital. Quand elle a terminé, toujours allongée sur le lit, un infirmier vient la chercher et l’emmène dans un box des urgences.

-        Un médecin va venir vous voir pour vous donner les résultats des examens. Mais cela peut prendre un peu de temps, alors reposez-vous en attendant, dit l’homme.

Reposez-vous ? Il pense qu’elle peut dormir après tout ça ? Elle revoit en boucle les images de l’accident. Elle ne sait plus vraiment ce qu’il s’est passé avant, ni ce qu’il s’est passé après. Tout ce dont elle se souvient c’est de la voiture. Elle revoit la scène une bonne centaine de fois avant que la porte du box s’ouvre. Un homme aux cheveux grisonnants se tient debout devant elle, accompagné d’une jeune femme, probablement une infirmière.

-        Bonsoir Madame, je me présente, Docteur Delmart, je viens vous expliquer un peu votre état. Vous êtes prête ?
-        Euh oui, oui, répond Jenifer complètement ailleurs.
-        Alors, suite aux examens, nous avons constaté que vous avez le poignet droit foulé, l’épaule droite déboitée, plusieurs côtes cassées et de multiples fractures au niveau de votre jambe droite. Vous avez d’ailleurs déclaré ne plus pouvoir la bouger. C’est tout à fait normal puisque votre rotule s’est déplacée et empêche le mouvement. Ne vous inquiétez pas, ce n’est rien. Je vais vous laisser avec l’infirmière, elle va vous expliquer ce qu’il va se passer, bonne soirée.

Cela fait beaucoup d’informations d’un coup à encaisser. Jenifer n’a probablement pas tout retenu. Elle ne sait même pas si elle a tout écouté. Elle lève les yeux vers l’infirmière qui se tient face à elle. Elle n’est pas très souriante.

-        Pour votre rotule il va falloir vous opérer. Mais le chirurgien qui s’en occupe demain est très chargé. Le Docteur Delmart vient d’appeler un de ses confrères. Il est prêt à venir tout de suite pour s’occuper de vous. Ça vous convient ?
-        Euh, oui, oui, d’accord, acquiesce Jenifer.
-        Parfait, je reviens pour vous préparer, dit la femme en sortant.

Oups. Jenifer n’est même pas sûre de savoir ce qu’elle vient d’accepter. Si elle a tout compris, elle va se faire opérer du genou dans très peu de temps. Elle n’a même pas le temps de stresser que la jeune femme est de retour. Elle l’aide à se déshabiller et lui enfile une tenue d’hôpital. Jenifer est toujours dans le lit, elle a beaucoup de mal à faire les mouvements sans vraiment savoir ce qui la bloque. En peu de temps, elle est emmenée au bloc opératoire. Plusieurs personnes sont là. Elle ne saurait dire combien. Un homme s’approche d’elle.

-        Nous allons vous endormir et vous replacer la rotule, d’accord ?

Jenifer acquiesce de la tête et l’homme poursuit.

-        Nous allons en profiter pour vous remboiter votre épaule, vous souffrirez moins. Cela vous convient ?

Elle tend un petit sourire à l’homme afin de lui donner sa bénédiction. Il place alors un masque sur le visage de Jenifer pour qu’elle respire le gaz. Puis, il lui prend le bras et lui fait une piqûre. Elle ferme doucement les yeux. L’opération peut commencer.

Y'a comme un hic [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant