Amélia ~ Chapitre 1

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Elle se tenait là, debout et le dos légèrement penché en avant

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Elle se tenait là, debout et le dos légèrement penché en avant.

Ignorant la douleur, elle laissait sa nuque suivre le mouvement incliné de sa colonne vertébrale de manière à permettre à ses cervicales de se reposer.

Sur son visage crasseux, des mèches noires et grasses caressaient sa peau au teint gris.

Ses os saillaient un peu partout sur son enveloppe : ses côtes recouvertes d'une longue robe dont la coupe état devenue droite en conséquence de la perte de poids ballotait ses pans à quelques dizaines de centimètres du vide.

Elle bâilla soudain.

L'air ambiant était tiède, puant et sec.

Elle se trouvait dans une cave sombre à peine éclairée par un soupirail où, elle le savait, non loin des hommes armés accompagnés chacun d'un chien guettaient la propriété.

Occasionnellement, elle entendait une série plus ou moins longue d'aboiements hargneux, dissuasifs et agressifs sortant tout droit d'une ou plusieurs gueules de malinois.

Les poings liés attachés à un tuyau épais qui parcourait une bonne partie de la pièce, elle avait désormais d'importantes irritations au niveau des poignets.

Ceux-ci n'étaient libérés qu'une fois toutes les deux heures, au moment où une femme venait lui donner de quoi boire.

Parfois également de manger un peu.

Aussi, elle posait de temps à autres un sceau au sol entre ses jambes avant de quitter la pièce...

Avant de revenir, la rhabiller et prendre avec elle le résultat final de ses maigres repas.

Après chacune de ces visites muettes, la jeune femme d'ordinaire fraîche et vive retournait se plonger dans ses pensées.

Celles-là même qui lui permettaient chaque minute de supporter ce supplice qui durait déjà depuis plusieurs jours.

Elle dormait très mal, ses bras et ses épaules – heureusement en temps normal déjà assez musclés – étaient si endoloris que même sans prendre en compte la position inconfortable dans laquelle elle se trouvait, il était difficile de trouver le sommeil.

Et d'autant plus de le faire durer.

Ses lèvres gercées, récemment fissurés car leur peau avait fini par devenir déshydratée paraissaient repulpées en comparaison des autres zones de sa face.

Ses pommettes basses s'étaient fortement creusées, ses yeux devenaient de plus en plus profondément enfoncés dans leurs orbites et sa mâchoire aurait pu être celle d'une retraitée un peu desséchée...

Tout au fond de ses prunelles noires, on remarquait bien un maigre soupçon d'espoir.

Bien qu'au fur-et-à mesure que son calvaire s'éternise elle en doutait de plus en plus, elle espérait toujours qu'autre chose que la mort vienne y mettre fin.

Elle perdait du poids à vue d'œil : son corps ferme et dessiné avait puisé à une vitesse effrénée dans ses réserves – déjà maigres – de graisse pendant un temps, tentant de compenser les repas d'oiseau qu'on lui donnait.

Elle sentait la sueur et tout en regardant se mouvoir doucement ses longs pieds fins, elle se fit la réflexion que leur saleté repoussante ne devait pas être bien différente de celle qui décorait son visage poussiéreux.

Brusquement, elle leva la tête en direction de la porte.

Une demi-heure seulement après le départ de la bonne, une autre personne entra dans la salle aussi propre que le corps pendu au plafond.

Vêtu d'un long manteau au tissu fin et le visage couvert par un masque plutôt adapté pour Halloween, l'être s'approcha doucement de la captive avant de sortir un long couteau à la lame si brillante que même dans le noir à peine éclairé, l'acier dont elle était faite luisait contre sa peau.

Amélia tenta de crier, mais quelque chose l'en empêcha.

Quelques secondes après, l'arme trancha la corde qui lui lacérait les chairs.

La jeune femme aux cheveux noirs se laissa tomber sur le sol.

Enfin elle était libérée.

Elle leva la tête vers le masque de son sauveur.

Elle ne pouvait pas le savoir, mais sous sa couverture l'homme pensait tout le contraire.

(Suite dans le Tome 3)

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