Carméla éternua lorsque, après avoir effectué quelques pas sur le côté, un vilain filament de sang tomba en plein devant ses narines.
L'odeur de ferraille lui donna aussitôt la nausée, mais heureusement c'est un tout autre fluide que la fillette évacua, et en micro quantité.
Pour sa sœur - qui l'avait suivie - ce fut bien pire.
Ce fut littéralement une coulée rouge sombre, noire dans l'ombre de la pièce éclairée qui atterrit sur le crâne de la petite.
Effectivement, entre les lattes du parquet de la chambre les interstices permettaient aux invitées de profiter du dernier spectacle.
Yuka se mit à pleurnicher de dégoût quand, en bonne grande sœur éducative et autoritaire, Carméla lui donna une petite tape, qui vint remettre les idées en place dans la plus jeune cervelle de la maison.
Paradoxalement, ses petits gémissements d'enfant se turent, malgré la légère douleur.
Il est vrai qu'au vu de ce qu'elles avaient dernièrement vécu, tout comme de ce qu'elles avaient esquivé de très près, c'était surtout de joie qu'il fallait là qu'elles pleurent.
Surtout Yuka, celle au cou entaillé.
Celle-ci obéit donc à sa sœur de manière extensive.
Non seulement elle arrêta de renifler, mais surtout, elle se servit du bas de sa robe pour éponger ses cheveux.
Carméla fit de même avec sa manche et son nez souillé.
Après quoi, les deux sœurs se repositionnèrent là où initialement elles se tenaient debout.
Lacerta leur ayant demandé de rester calme, le temps qu'elle nettoie « tout ce bazar », c'est tout naturellement qu'elles restèrent là, un certain temps.
Au bout d'un moment, perdues dans leurs pensées respectives, les petites reliées chacune par une main observèrent que le son signalant la fuite d'un liquide à leur niveau, en direction de leur par-terre avait cessé.
Quelques temps plus tard, on entendit celui semblable à un gros sac à patates être traîné sur le sol.
Puis les pas de leur sauveuse revint, avant de délicatement s'arrêter non loin de leurs deux têtes blondes.
Enfin, les planches en bois rectangulaires et régulières se soulevèrent, laissant par la même apparaître le visage anguleux de Lacerta.
Elle tendit d'abord une main à Carméla, puis à Yuka.
Après quoi, les fillettes remontèrent aux deux niveaux supérieurs.
Là, les deux petits garçons de la maison les regardèrent toujours la mine ébahie.
Bien qu'elles soient malgré elles les cibles de l'homme étant passé à un cheveu d'égorger Damien, elles n'en demeuraient contradictoirement pas moins ni les causes ni les responsables.
Effectivement, comme n'importe quel être vivant, d'autant plus enfant et de sexe féminin, le danger leur collait à la peau lorsqu'elles perdaient leur protection.
Or, elles s'étaient vues jeter dehors par leur marâtre...
Et ce, avant même de rejoindre le château du comte, pourtant pas bien loin d'ici.
Ce fut d'ailleurs ce qu'annonça soudain Carméla, non sans avoir fait simultanément la surprise à sa sœur ainsi qu'à leur sauveurs.
Elles allaient reprendre la route, dit-elle et tout de suite.
En effet, le temps que quelqu'un découvre partiellement ce qu'il était advenu de leur agresseur, elles deux seraient déjà parties bien loin.
De ce fait, après de rapides échanges inféconds, la mère de Florent et Damien donna l'ordre à ces deux-là de rester là, dans le salon.
Pendant qu'elle découpait les restes d'Appriou, les deux petites s'en allaient discrètement dans l'air noir et glacial.
De nouveau.