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Lénaïc Appriou n'aimait pas qu'on lui oppose son refus.
Oh ça non.
La jolie Lacerta, mariée et mère de deux garçons venait d'en faire les frais.
Dans leurs deux lits, les fils de la femme assommée et étendue, allongée sur le sol étaient figés de terreur.
À sept et neuf ans, lorsque notre mère nous ordonne de rester sagement dans son lit, quoi qu'il advienne on lui obéit.
Sous leurs sommiers, bien cachés dans une sorte de cave souterraine, tremblaient l'une contre l'autre Yuka et Carmela.
C'était là que leur bienfaitrice les avait camouflées le temps que l'intrus fasse son inspection, et que Stephano prenne sa décision.
Leurs dents s'entrechoquaient tant leurs propriétaires étaient pleines d'appréhension.
Un homme capable de frapper une femme, qui plus est en son logis et devant ses enfants, d'autant plus lorsque lui n'était qu'un invité forcé ne présageait absolument rien de bon.
Quoi qu'il en soit, parce qu'il croyait ses deux prochaines victimes profondément endormies, et ce malgré le bruit que le corps de leur mère tombant au sol avait produit, l'agresseur décida finalement de laisser la pièce dans le noir complet.
Pas une bougie n'illuminait l'espace, la chambre des marmots dans lequel deux cœurs d'enfants battaient à tout rompre était sujette à un affreux silence.
Ce dernier inaugurait la suite des événements.
Effectivement, Lacerta avait assuré à l'intrus qu'elle et son époux le garde n'avaient aucun enfant.
Or, c'étaient bien deux rejetons de respectivement sept et neuf ans que l'assassin discernait à peu près correctement.
Son sourire carnassier, le même qu'il avait eu dans la bicoque de l'une de ses précédentes victimes lorsqu'il était sur le point de parachever son agression envers elles, réapparut subitement au beau milieu de sa barbe négligée et emmêlée.
Son rythme cardiaque s'accéléra comme s'il venait de terminer une course de fond.
En effet, peu de choses étaient plus satisfaisantes au monde que de rattraper un échec passé.
Plus le ratio entre l'insuccès et la victoire était profond, plus la satisfaction finale s'avérait puissante.
En l'espèce, perdre la trace des deux gamines avait été un tel revers, que la retrouver s'apparentait pour le prédateur à une véritable extase.
Quelle bonne idée il avait eu de forcer la main aux riverains...
Il est vrai qu'avec sa lame effilée dépassant volontairement de son habit, sa chevelure faciale rude et épaisse et son regard dominateur, Lénaïc Appriou n'avait pas pour habitude qu'on lui refuse quoi que ce soit bien longtemps.
C'est donc à pas excités, qu'il se forçait à ralentir et à maintenir silencieux que le pseudo officier de la Couronne s'approcha dans un premier temps de Damien.
Le cadet ne bougeait pas, et lorsque l'agresseur de sa mère approcha son pif de son petit dernier afin de vérifier qu'il ne se trouvait pas éveillé, celui-ci eu le courage, donné par son instinct de survie, de maintenir sa respiration légère, lente et invariable dans son rythme.
C'était fort difficile, car l'enfant sentait lui très nettement le souffle chaud et nauséabond du criminel.
D'autant plus que ces mouvements d'air faisaient désagréablement remuer la frange lisse et soyeuse qui ornait son front.
