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L'air sentait la fin de mission.
Pourtant, Skander n'en oubliait toujours pas la quête d'Éloy.
Où donc pouvait bien s'être fait exécuter le bambin bourgeois ?
Car comme l'avait justement deviné l'Albanais, il avait passé l'arme à gauche il y a déjà de cela un petit moment.
Loin de l'homme de main l'idée de jeter le bébé avec l'eau du bain, néanmoins malgré les émoluments que cette tâche lui rapporterait, il était déjà lassé à l'idée de partir à la recherche d'un si insignifiant cadavre.
D'autant plus que - l'évènement malheureux lui était déjà arrivé - il était fort probable qu'une bête sauvage, humaine comme animale se soit délectée de la chair de l'objet de sa quête.
Skander avait beau être un spécimen particulier, il n'en demeurait pas moins qu'à la déchèterie de la Scandinavie, l'homme était bien loin d'être le seul habitué aux repas cannibales.
Il ne fallait pas omettre le fait que le duché rejeté était traditionnellement sujet à une immense pauvreté.
Évidemment, certaines bonnes âmes, notamment féminines allaient à la rencontre des enfants déjà hameçonnés par des coprolithes.
Toutefois, il était fort rare que pareille aide soit gratuite...
D'où la raison expliquant le coruscant conseil de Fany Ciarati à l'adresse des rares jeunes filles qu'elle tentait régulièrement de sauver.
« Faites-vous passer pour des garçons », voilà ce qu'elle leur inculquait.
Cependant, si pour des Judicaëlle, la leçon s'était avérée d'un grand secours, la plupart de ses semblables n'atteignaient même pas son âge actuel.
L'existence de cette dernière n'était d'ailleurs pas totalement inconnue de Skander.
Un garçon haut comme trois pommes et pourtant déjà talentueux, si performant qu'une protection exceptionnelle rôdait autour de lui.
Avant la reine, le lardon avait vécu sous les ordres de tel puis tel criminel.
À ce jour, tous étaient morts : en effet, Sloane s'était personnellement chargée de l'instigation ayant pour finalité la neutralisation définitive de ses anciens maîtres.
Un esclave, c'était tout ce que l'enfant était.
Non pas qu'il s'occupait des services domestiques, pour ces tâches ingrates des femmes d'extrême basse extraction en étaient chargées...
Judicaëlle, sous couverture masculine servait tantôt d'appât, tantôt de voleur ou autre...
Néanmoins, ses patrons faisaient rarement long feu.
C'était comme ça, à la Décharge.
Les grands méchants s'étripaient entre eux, à défaut de disposer de services policiers c'étaient eux-mêmes qui se chargeaient du nettoyage...
Temporairement, jusqu'à ce que d'autres apparaissent.
D'où l'importance cruciale, la nécessité pour des Ciarati, père adoptif comme filles et homologues de réguler comme ils le pouvaient ce terrain anarchique.
En pensant à celles-ci, aux deux sœurs blondes et relativement embêtantes pour ses intérêts, Skander se dit qu'un de ces quatre, il se chargerait bien d'en faire lui même son affaire.
Elles mettaient en effet des bâtons dans les roues à tout entrepreneur n'allant pas dans leur sens, ayant manifestement oublié qu'en leur contrée, Code civil comme Code pénal ne s'appliquaient jamais.
Ils ne disposaient même pas de la personnalité juridique : après leurs méfaits, aucun déchet n'avait la possibilité d'acheter un bien immobilier afin de s'installer comme tout citoyen respecté.
Les habitants de ce duché ayant depuis des lustres perdu sa dénomination initiale s'avéraient des boulets pour ce grand royaume.
À l'instar d'une adolescente sujette aux imperfections cutanées, la royauté s'était, de génération en génération, contentée d'y appliquer une épaisse de couche de fond de teint, encore et encore jusqu'au point où la misère s'avérait telle que l'on ne pouvait plus rien y faire...
En conséquence, nul ne pouvait plus obvier au développement prolifique des actes criminels qui y prenaient intellectuellement naissance.
Cela avant qu'ils ne soient expulsés dans les contrées, elles judiciairement parfaitement organisées.
