Chapitre 52 : Loin d'être terminé

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Une semaine plus tard.

Mon esprit est sans doute devenu le pire endroit où je puisse me rendre. Il me semble pourtant le refuge le plus fiable que je puisse trouver pour le moment. Les souvenirs rendent les choses terriblement difficiles ; mais ce sont sans doute les cauchemars qui finiront par faire sombrer la dernière partie de moi qui tente de tenir debout. Si les blessures que mon corps a subies sont en train de guérir à une rapidité étonnante grâce aux soins de Timothy, celles qui ont été infligées à mon âme ne font que de s'étendre. Les murmures de ce qui est arrivé grouillent dans mon esprit comme des parasites ayant pour seul objectif de m'emprisonner dans la dépression. Si seulement je parvenais à ressentir quelque chose, peut-être qu'ils réussiraient. Mais je ressentais tant de choses à mon réveil que j'ai fini par ne plus rien ressentir du tout.

« Attention, je vais piquer, me préviens le docteur aux lunettes carrées. »

J'acquiesce vaguement, le regard tourné vers la porte d'entrée de la salle de soin. Timothy me prélève quatre tubes de sang avec douceur, avant d'appliquer un pansement aux motifs Hello Kitty sur le petit trou laissé par l'aiguille. Je soupire lourdement et jette un œil à sa table de travail préférée, recouverte de tubes à essais et de béchers à moitié vides. Le géant à lunettes se dirige vers le petit réfrigérateur qui lui permet de conserver les échantillons, au milieu de cannettes de soda qui n'ont clairement pas leur place ici. Je me redresse pour faire pendre mes pieds dans le vide, assise sur la table médicale.

« Combien de tubes de sang comptes-tu encore me voler ? Demandais-je.

- Ce devrait être les dernières, souffle-t-il. Je suis désolé de devoir t'imposer ça, mais il est important de comprendre comment ton système évolue depuis que je t'ai soignée avec les sérums. Il est possible qu'ils aient des effets secondaires qu'on ne verrait pas tout de suite, donc il faut que je puisse le surveiller pour te soigner, au cas où.

- Je vais bien. »

Timothy s'assoit sur une chaise de bureau à roulettes, puis la fait pivoter pour me faire face. Bien qu'ayant une petite distance entre nous, j'ai l'impression que ses globules avides de savoir tentent de dévorer mon âme. Il croise les doigts sur ses genoux, puis s'appuie sur le dossier du fauteuil.

« Tes blessures semblent peut-être complètement guéries, mais ce n'est pas le cas. La plupart des coupures que tu avais se sont refermées en surface, mais certaines vont avoir du mal à se refermer de l'intérieur, et ce même grâce aux traitements expérimentaux que j'ai conçus pour toi. La majorité de tes blessures encore ouvertes se trouve sur le côté droit de ta poitrine. Or, tu n'es plus capable de ressentir quoi que ce soit sur cette zone. Par conséquent, il est fort probable que tu ne te rendes pas compte que ton corps ait encore besoin de repos.

- Je sais, soupirais-je. J'y fais attention, je te le promets.

- Est-ce que tu penses à regarder comment la cicatrisation avance, tous les matins ? »

Je baisse le regard, portant ma main gauche sur mon épaule droite. Je soupire lourdement et retire rapidement ma main, déglutissant. Je secoue négativement la tête dans une grimace assez éloquente.

« Je n'arrive pas à regarder, murmurais-je. Et... même si je ne ressens rien... je n'aime pas y toucher.

- Dans ce cas, laisse-moi regarder, propose-t-il. »

Je fronce les sourcils, puis je hausse les épaules. Timothy se lève et me rejoins en enfilant une paire de gant en vinyle. Je retire mon teeshirt et baisse la bretelle de mon soutien-gorge pour le laisser regarder mes plaies. Mon regard croise rapidement ma peau bleutée, mais je tourne le visage en un coup de vent. Bien que je puisse voir les gestes de Timothy du coin de l'œil, je ne sens pas ses doigts m'effleurer. Il m'apporte quelques soins avant de me demander de me rhabiller, le regard quelque peu rassuré.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant