Chapitre 61 : Mad

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Café Steinscherer, Leoben, Autriche.

M'approchant de la grande façade rouge et blanche du bâtiment ciblé, je ne peux m'empêcher d'admirer l'architecture extérieure à en couper les souffle. Le ciel assombri de la soirée sans l'ombre d'un nuage permet à la lumière de la lune de traverser le ciel pour refléter contre les statues d'un blanc immaculé. Malgré la luminosité de la ville, je parviens à porter le regard sur une étoile ou deux, les autres biens trop timides pour se frayer un chemin dans le faisceau jaune des réverbères. C'est une très belle soirée, animée dans une ville aussi chique que plaisante à découvrir. Mais je ne suis pas venue pour m'émerveiller devant tant de beauté. Je reviendrais visiter ce pays plus tard, en la compagnie de mes autres camarades cette fois-ci. Je reprends ma marche, poussant doucement les portes de l'entrée du café. Ce dernier devrait fermer d'ici une heure trente, mais les clients fusent encore devant la caisse. Je fais mine de me déplacer derrière la queue tout en admirant les alentours, bien que la décoration ne soit pas ce que je tente d'inspecter. Comme me l'avait dit Peter, une petite troupe d'hommes armés est assise autour de la seule table ronde du lieu. Les autres tables se vident petit à petit, d'une clientèle visiblement peu alarmée par la présence d'armes autour d'eux. Leurs visages semblent tous habitués à ce genre de situation, ce qui me lance sur une piste. Ce lieu est un repère d'Hydra. Je soupire discrètement et décide d'ouvrir mon long manteau noir, afin de laisser paraître mon uniforme à la vue de tous.

Lorsque mon tour arrive, je me poste devant la vendeuse avec un grand sourire sur les lèvres. Son visage, à elle, se décompose au fur et à mesure qu'elle remarque mon accoutrement. Je porte mes mains à mes hanches, déplaçant volontairement mon manteau vers l'arrière pour lui laisser le loisir de voir mon arme à la hanche. Je la vois faire des signes discrets aux hommes de la table ronde, avant de me sourire pour m'accueillir. Elle s'adresse à moi en Allemand, langue parlée par les habitants du pays.

« Bonsoir madame, que puis-je faire pour vous ? Demande-t-elle.

- Ma foi, tout me semble tellement délicieux ! Répondis-je. Hm... je pense que je vais vous prendre un chocolat viennois, avec cette jolie part de gâteau.

- C'est de la Sachertorte, c'est une spécialité de notre pays. J'espère que vous apprécierai.

- Merci beaucoup ! J'adore découvrir de nouvelles saveurs lors de mes voyages.

- Et... pour quelles raisons voyagez-vous ?

- Oh, pour le travail, souris-je. »

Elle acquiesce. Elle me sert mon chocolat et ma part de gâteau sur un plateau, que je récupère avant d'aller choisir une place où m'assoir. Je prends une place de façon à me trouver en évidence, face à la porte d'entrée. J'observe discrètement les hommes armés tout en dégustant mon chocolat chaud. L'un d'eux semble passer un appel, pendant que les autres m'observent de loin. Plusieurs minutes passent, avant que les clients commencent à quitter le lieu. Bientôt, la porte s'ouvre de nouveau pour laisser passer une personne dans le sens inverse de toutes les autres. Tout en gardant ma concentration sur mon repas, je jette un œil devant moi.

C'est une femme peut-être un peu plus grande que moi, vêtue d'un pantalon cargo et d'un teeshirt à manche longue noir. Elle porte un harnais au-dessus de son haut, et deux couteaux de combats reposent contre ses bottes. Ses cheveux crépus placés en afro empêchent la lumière au-dessus d'elle d'éclairer son visage, et pourtant, je ne peux m'empêcher de la trouver magnifique. Elle semble porter du maquillage autour des yeux, et un rouge-à-lèvres sombre dessinant à la perfection le contour de ses lèvres. Sa peau brune ne laisse paraître aucune imperfection, aucune marque, aucune marque du passé, à l'exception d'une coupure au niveau de sa lèvre inférieure, légèrement plus clair que sa peau. Elle retire son long manteau noir ouvert pour laisser paraître ses bras moulés dans les manches de son haut, le tenant de la main gauche. Puis, lorsqu'elle commence à s'avancer dans le café, elle jette un œil aux hommes armés. L'un d'eux me montre du menton lorsqu'elle passe près du groupe ; elle ne manque de pas jeter son manteau sur les genoux d'un soldat avant de m'approcher. La jeune femme est d'une beauté à en couper le souffle, et bien que je tente de regarder autre chose que son visage, son regard a rapidement capturé le mien. Elle se poste devant la chaise face à la mienne, les pieds encrés dans le sol et les bras croisés sous la poitrine. Je tente de manger une part de mon gâteau, mais ma cuillère coupe dans le vide. Elle semble s'en amuser. Me regardant de haut, elle s'adresse à moi dans ma langue natale.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant