How Villains Are Made - MARVEL

Chapitre 45 : Une mission bien nette

            Le paysage offert par l'héliporteur au fur et à mesure qu'il s'élève dans le ciel est magnifique. La ville qui s'éloigne prend une douce teinte pâle, comme un tableau voilé d'un fin rideau blanc secoué par le vent. Je dois bien avouer avoir connu plus horrible, comme champ de bataille. Ou alors, tout semble si calme parce que l'agitation du terrain ne m'a pas encore attrapée. Sur l'héliporteur Bravo, les agents s'affèrent à se préparer au combat dès lors qu'ils verront l'ombre de leurs ennemis, ne se doutant pas que je suis déjà parmi eux. Deux Quinjets se préparent au décollage, les artilleurs se positionnent à leurs tours anti-aériennes, et les agents au sol surveillent le pont en cas d'attaque. Cachée derrière des caisses, je me déplace silencieusement pour les éviter. Lorsque je croise l'un d'entre eux, je l'exécute rapidement et cache son cadavre pour ne pas être repérée. Je m'arrête près de l'une des trois tours du pont, prenant une grande inspiration. Si je veux que le soldat de l'hiver m'attaque, je ne peux pas rester cachée, surtout au vu du bruit que causent mes camarades. Il s'attaquera à eux en premier, s'il ne me trouve pas avant. Alors quitte à tout risquer... je vais me faire remarquer comme il se doit.

Je récupère une grenade sur un cadavre après avoir éliminé un soldat, puis la lance vers l'entrée du poste de contrôle. Les agents, surpris, n'ont pas tous le temps de quitter leur position. Je prends mon fusil d'assaut et le charge, lançant un regard à l'horizon qui s'élève. Une distraction, comme l'a dit Jack. Il faut que je sois une distraction efficace si je veux protéger l'équipe. Je sors de ma cachette après avoir inspiré un bon coup, puis tire dans le tas d'agents sans faire de différence. Certains se cachent pour éviter mes tirs, alors que d'autres tentent maladroitement de me les rendre. Je me déplace sur le pont en les massacrant les uns après les autres, usant de mon arme de poing lorsque mon fusil est HS. Et lorsque les balles me manquent, je les attaque au couteau. Je parviens à rejoindre l'entrée de la salle de contrôle en quelques minutes, puis attrape une nouvelle grenade entre mes mains. J'entrouvre la porte et la jette à l'intérieur, puis referme l'entrée pour éviter l'onde de choc. La porte a sauté, laissant une épaisse fumée noire sortir de la salle de contrôle.

« Alpha sécurisé ! Prévient Peter.

- Sam, on a besoin d'aller sur Charlie ! Demande Steve. Maxie, où est-ce que tu en es ?

- Toujours pas de Bucky dans les environs, mais j'ai nettoyé le pont de Bravo.

- Eh bah moi, je l'ai trouvé, ton Bucky ! Râle Sam. Il est en train de me bombarder !

- Attire-le vers ma position ! »

Je monte sur deux caisses pour avoir une meilleure vision de ce qui se passe là-haut. Sam et en train de se faire canarder par un Quinjet qui ne semble pas près de le lâcher. Je connais James très bon pilote, mais ses compétences en termes de tirs en vol ne sont pas très élevées. C'est sans doute pour cette raison que Sam vol encore au-dessus de Charlie, tentant d'échapper à son assaillant. Je saute des caisses et me mets à chercher une arme parmi celles des soldats, jusqu'à ce que je trouve une caisse contenant des roquettes. Je monte alors de nouveau sur les caisses, arme le lance-roquette et me positionne correctement.

« Sam, je te conseille de ne pas voler trop prêt de lui, mes compétences en lance-roquette sont plutôt basses.

- Tes compétences en quoi ?! S'étonne Sam. »

Un genou à terre, j'encre mon poids dans le sol et vise. Si j'en crois la trajectoire du vent et la puissance du recul de ce genre d'arme, je ne devrais pas être capable de le toucher si je vise en son centre. La roquette sera déviée, et Bucky sera prévenu. Il l'évitera, et ne sera pas blessé. J'inspire un grand coup avant de tirer ; le recul me fait basculer vers l'arrière, envoyant la roquette plus haut que prévu. Je lâche l'arme chauffée par le tir, puis me mets debout bien que sonnée par le sifflement causé par l'envol du missile. Bucky évite très aisément le tir, et s'éloigne de la position de Sam. Je lève la main pour lui faire signe, puis lui montre mon majeur avec un grand sourire aux lèvres.

Règle numéro une : afin d'avoir toute l'attention du soldat de l'hiver, la solution la plus simple est de l'énerver. Règle numéro deux : ne pas énerver le soldat de l'hiver si la vie nous est précieuse. Règle numéro trois : ne jamais transgresser ces règles, sous peine de mort dans les minutes qui suivent. Règle numéro quatre : courir si les trois premières règles ont été transgressées.

Il n'aura pas fallu de deuxième attaque pour attirer toute l'attention de James sur ma personne. Il se dirige vers le pont de Bravo à une vitesse qui me fait regretter mes choix de vie. L'instant d'après, il se met à bombarder les caisses derrière lesquelles je tente de me cacher. Incapable de faire une pause dans ma fuite, je trouve le plus d'abris possible jusqu'à ce que chacun soit détruits par les tirs.

« On est sur Charlie ! Me dit Peter. Il y a beaucoup de monde ici, ça risque d'être compliqué d'atteindre la salle des serveurs !

- Sam, réceptionne-moi ! Appelais-je.

- Comment ? »

Ne lui donnant pas d'explications, je reprends mon souffle en regardant le pont désert face à moi. Il faut que je quitte cet héliporteur, avant que Bucky ne le détruise entièrement. Je resserre les lacets de mes bottes avant de sortir de ma dernière cachette, le cœur en feu. J'appuie aussi fort que je le puisse sur mes pieds pour courir le plus rapidement possible. Bucky ne manque pas de bombarder le pont de balles et de roquettes, visiblement prêt à tout pour m'arrêter. Le cœur résonnant dans les tempes, je n'ai pas le temps de prendre de respiration entière ; si je m'avise de ralentir ou de changer de cap, je me ferais immédiatement toucher. J'appuie sur mes jambes bien que la douleur que ce geste me procure me donne envie d'abandonner cette course contre la mort. Je vois le bout de ce périple lorsque j'approche suffisamment du bord du pont. J'espère que Sam viendra me rattraper, parce que je ne peux plus faire marche arrière. Je saute dans le vide, sentant ma cheville craquer sous la force que j'emploie pour y parvenir. Quelques secondes de chute plus tard, je suis réceptionnée par deux bras maladroits, me serrant assez fort pour sécuriser le vol. Sam se cache momentanément sous l'héliporteur et soupire d'agacement.

« Tu es folle ! Crie-t-il.

- Il va falloir inventer de nouvelles insultes pour me qualifier, ça commence à devenir redondant. Emmène-moi sur Alpha !

- Mais, pourquoi ?

- Parce que c'est l'héliporteur le plus haut et qu'il est déjà sécurisé ! Bucky va nous suivre, donc il ne s'attaquera pas à vous. Allez, Sam ! »

Il grimace de mécontentement mais ne se fait pas prier plus que nécessaire. Il prend son envol vers l'héliporteur Alpha, passant tout près du Quinjet de Bucky. Nous remarquant, ce dernier part à notre poursuite. Sam évite les tirs de justesse, puis me demande de m'accrocher. Il bidouille quelque chose sur les commandes à son bras, puis replie ses ailes lorsqu'il se trouve au-dessus d'Alpha. Il envoie une roquette vers le Quinjet de Bucky, qui atteint l'arrière de sa cible avec brio. A cause du choc, l'appareil tournoi sur lui-même et se pose de force sur le pont d'Alpha. Sam me dépose à l'autre bout du crash, puis me prend par les épaules.

« Je te promets que ce ne sera pas long. Je sécurise Bravo, et je viens t'aider aussitôt.

- Merci, Sam. Maintenant, pars ! Dépêche-toi avant qu'il ne te voie. »

Il acquiesce et s'envole de nouveau, me faisant confiance. Ces derniers temps, mes plans semblent si bancals que même les décisions aléatoires d'un nourrisson ont plus de chance de connaître le succès. Mais une certitude m'embaume l'âme : c'est à moi de le combattre. Après tout, je lui ai fait une promesse. Et il est temps que je la tienne.

Si lui avait pour mission de m'exécuter, la mienne était de le sauver. Et je suis prête à tous les sacrifices pour y parvenir.