Chapitre 178 : Leur retour

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                Lorsque j'ai voulu rejoindre les génies pour voir où ils en étaient, j'ai été étonnée de voir qu'ils avaient déjà dessiné le plan de notre machine à parcourir le temps et qu'ils rassemblaient tous les matériaux pour commencer sa construction. Je portais des tuyaux plus lourds que moi lorsque j'ai entendu le vaisseau de Rocket se poser dans le jardin. Je ne m'attarde cependant pas sur leur retour, trop concentrée sur mes appuis pour ne pas faire tomber cette chose qui menace de me réduire en miette si mes doigts glissent.

Nous avions déjà réussi à installer un semblant de plateforme au beau milieu du hangar habituellement vide, mais il restait beaucoup d'installions à faire pour s'assurer qu'elle ne serve pas uniquement de décoration. Je traîne le tuyau derrière-moi avant de le poser au pied de la plateforme.

« Scott ? Appelais-je. »

Il apparaît de derrière une pile de matériel, un sourire enfantin sur le visage. A le regarder, il a l'air d'être en train de construire une cabane dans les arbres comme un dimanche matin.

« Où est-ce que je mets ça ? Demandais-je.

- Sur la gauche, à côté des tuiles, m'indique-t-il.

- Merci.

- C'est sympa de se retrouver tous ici, et de construire une machine à explorer le temps... tous ensemble. »

Un sourire moqueur se dessine sur mon visage alors que je reprends le tuyau sur mon épaule. C'est à croire que les personnes les plus intelligentes restent les plus... enfantines. Un quart d'heure plus tôt, en attendant la livraison des matériaux, il me faisait un tour de magie en sortant des cartes de sa bouche, et alors que nous construisions une machine des plus sérieuses, il ne pouvait pas garder son esprit d'enfant à l'écart.

« C'est une journée comme une autre, soupirais-je. »

Je me souviens de la joie sur son visage lorsqu'il nous avait rejoint en Allemagne, pour nous permettre de sauver Bucky d'une peine injuste et ainsi arrêter le véritable assassin du roi du Wakanda. Rien n'a changé dans son regard. Je tire le tuyau jusqu'à l'endroit indiqué, entendant les lourds pas de Banner lorsqu'il pénètre dans la salle.

« Vous n'avez pas chômé ! Remarque le géant vert. »

Tony fait un signe de la main à nos collègues, rapidement rejoint par Rocket qui cherche à comprendre ce qui se trame ici. Tony lui explique le fonctionnement de notre machine, afin d'ajouter un cerveau de génie à la conception. J'allais continuer à rapporter des matériaux lorsque mon regard se pose sur le dieu du tonner.

J'ai toujours eu une certaine affection pour lui. Et lorsque je vois l'état dans lequel il se présente à nous aujourd'hui, je me sens comme coupable. Un pincement au cœur, je me rappelle d'à quel point il a tenté d'être là pour moi, et regrette amèrement de ne pas en avoir fait de même pour lui. Pourtant, il faut se rendre à l'évidence : nous étions tous les deux en miettes il y a cinq ans, et aucun de nous ne pouvait ramasser l'autre. Nous n'étions pas en état. Steve jette un œil aux nouveaux arrivants, les sourcils arqués. Banner laisse rapidement Thor derrière-lui pour rejoindre la conception de la machine.

« Thor... ? Appelais-je.

- Oh ! L'amie ! »

Il tient à peine sur ses deux pieds. Ses vêtements font de la peine à voir, tout comme le reste de son état. Je soupire et le rejoins, n'attendant pas une seconde pour attraper la bière qu'il tient dans la main pour la lui retirer. Il tire la moue alors que je tends la main pour l'inviter à me donner la sienne.

« Je crois que tu as vraiment besoin de laisser ce genre de boisson de côté, tonner, soupirais-je. »

Il aurait pu pleurer s'il n'avait pas l'air aussi épuisé. Lorsqu'il prend ma main, je l'entraîne dans les couloirs du complexe pour lui rappeler l'emplacement de la chambre qu'il aurait pu occuper s'il n'était pas parti en voyage après Ultron.

Il ne prononce pas un mot lorsque je le somme de prendre une douche, pendant que je cherche un moyen de laver ses vêtements qui font sincèrement pitié. J'ai jeté son gilet dans une machine à laver, puis dans un sèche-linge pendant qu'il se prélassait dans le bain. Je lui ai apporté le teeshirt le plus grand que je pouvais trouver dans l'armoire de Steve et ses vêtements secs. J'ai ensuite attendu qu'il sorte de la salle de bain, puis je l'ai invité à s'assoir et à me parler. Il n'avait cependant pas grand-chose à dire, et a fini par s'assoupir.

Je me promettais d'aller réveiller Thor lorsque nous aurions besoin de lui, alors que je sortais de sa chambre pour rejoindre le reste de l'équipe. Quelques heures étaient passées depuis son retour, et c'était apparemment suffisant pour que les génies se soient tous mis d'accord sur la conception de leur machine à voyager dans le temps. Elle ne nécessitait plus que quelques retouches lorsque je les retrouve dans la grande salle. Je m'atèle donc à leurs côtés pour continuer la construction.

Une heure de plus était passée lorsque le Quinjet que Natasha avait emprunté s'approche de la cour. Je me demandais l'état dans lequel notre amie serait à son retour, et je songeais que cette fois-ci, même si elle était de mauvaise humeur, je ne me défilerais pas. Je lâche ce que je faisais pour sortir du bâtiment, prête à affronter les pires tornades.

Le soleil commence à nous laisser pour rejoindre l'autre moitié encore endormie de la planète, alors que j'approche la soute ouverte de l'appareil. Natasha en descend les bras croisés sous sa poitrine. Ses bottes trempées me laissent croire que la météo n'était pas plaisante au Japon, mais je me risque à me demander si ce ne sont pas des larmes qu'elle aurait laissé couler. Son visage ne montrant aucun signe de tristesse, ni d'une quelconque joie, je m'approche d'elle en tendant la main. Elle la prend en souriant tendrement, me rejoignant sur l'herbe.

« Je te déteste, souffle-t-elle. Mais tu avais raison... quelques fois, il faut juste laisser un peu de temps à ceux qui en ont besoin.

- Il est normal de perdre patience lorsqu'on n'a pas plus de temps à accorder, répondis-je. »

Elle hausse les épaules en détournant le regard. Je commençais à croire qu'elle était rentrée seule, lorsque j'entends de lourds pas sur le haut de la soute. Mes yeux s'écarquillent lorsqu'ils se posent sur la silhouette de notre ami, les cheveux trempés et vêtu d'un uniforme noir et jaune que je ne lui connaissais pas. Il descend de l'appareil pour nous rejoindre. Il s'approche suffisamment de moi pour glisser une main dans ma nuque et m'embrasser le haut de la tête d'une tendresse que la vie n'avait pas eue avec lui ces cinq dernières années.

« Merci d'avoir pris soin de Natasha en mon absence, lâche-t-il. »

Je n'étais pas certaine de mériter ces remerciements ; je n'ai pas plus pris soin d'elle qu'elle avait pris soin de moi. Mais si j'en crois le regard oblique de la rousse, elle semble en penser tout autre.

« Il paraît que tu as fait plein de bêtises, grondais-je. Tu aurais au moins pu essayer de m'embarquer avec toi...

- C'était un combat qui ne concernait que moi. Je suis désolé de ne rentrer que maintenant. J'ai été égoïste. Si j'avais su l'état dans lequel vous étiez, toutes les deux... je serais rentré sans détour. »

J'oublie quelques fois que la parentalité lui monte rapidement à la tête, et qu'il cherchera toujours à protéger chaque membre de cette équipe comme s'il s'agissait de ses enfants. Je lui souris simplement, heureuse de le revoir parmi nous.

« Tu devrais aller te changer... et te reposer, proposais-je. L'équipe est en train de travailler, mais on ne tardera pas à prendre une pause pour manger.

- Vous travaillez déjà ? Demande Natasha.

- Je m'attendais à ce que ça leur prenne plusieurs jours, mais... Grâce à la voiture de Scott, ils ont pu trouver un moyen de recréer le système à plus grande échelle.

- L'équipe est au complet... ? Demande Clint.

- Tu es le dernier arrivé. »

Il acquiesce, un sourire sur les lèvres. Il passe doucement un bras autour de nos épaules et nous entraîne à sa suite vers l'intérieur. Il semble se délecter de chaque instant passé près de nous, comme si ces sensations lui avaient manquées.

Et sans même que je ne prenne le temps de l'accepter, je comprends que moi aussi, ça m'avait manqué. Cette équipe... non, cette famille, m'avait manquée.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant