Chapitre 150 : Est-ce que...

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 Après la demande de Steve, j'ai décidé d'accepter de le suivre au parc de la bourgade, bien que je sois désormais épuisée. J'ai enfilé les mêmes vêtements après la douche, mais lui a pris soin d'abandonner son jogging pour un treillis et un teeshirt serré. Main dans la main, nous traversons les rues nocturnes encore animées par quelques adolescents qui quittent le skate-park du coin, faisant gronder les roues de leurs planches sur les routes désertées par les voitures. Ils nous saluent respectueusement en passant près de nous, ne prêtant pas forcément attention à notre identité. Je resserre la main de Steve en souriant aux lycéens qui s'éloignent, pensant au petit en collant que Tony a décidé de prendre sous son aile l'an passé. Au moins, ceux-là, peuvent jouir d'une vie normale et s'amuser tranquillement entre amis. J'aurais aimé pouvoir sortir tard comme eux, accompagner des amis dans des lieux insolites pour des aventures excitantes, mais j'étais enfermée chez-moi à étudier et à m'entraîner aux arts martiaux dès mon entrée au lycée. Je lève les yeux vers Steve.

« Est-ce que tu sortais beaucoup, quand tu avais leur âge ? Demandais-je, pleine de curiosité.

- Non, rit-il. Quelques fois, il arrivait que Bucky m'emmenait regarder les évènements qui passaient en ville, ou qu'on allait au cinéma le vendredi soir. Mais je ne sortais pas beaucoup seul à leur âge, et Bucky était mon seul ami.

- Les rues devaient être plus sûres, à cette époque-là.

- Tu te trompes, soupire-t-il. Je n'ai pas l'impression que ça ait changé en ce qui concerne les risques d'agression pour les femmes : il y avait déjà des abrutis à cette époque-là, même peut-être un peu plus qu'aujourd'hui. Et en ce qui concerne les autres, eh bien... on n'était pas à l'abri de se faire racketter au milieu de la nuit par un grand gaillard qui n'était capable de s'en prendre qu'aux plus faibles que lui.

- Hm, je vois.

- Et toi, alors ? Tu sortais beaucoup ?

- Non. Je m'entraînais déjà à leur âge, et mon père n'acceptait pas que je sorte à moins que je ne sois invitée à un anniversaire, ou une soirée organisée par un enfant d'un collègue. Quelques fois, je me dis que j'aurais aimé avoir une adolescence comme la leur, mais je me dis aussi que je n'en serais pas là aujourd'hui sans mon père.

- Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?

- Eh bien... je n'aurais jamais rejoint Hydra, ni même le SHIELD ou je ne sais quelle organisation de ce genre, donc... je ne t'aurais probablement pas rencontré.

- Je suis persuadé qu'on aurait fini par se rencontrer quand même, sourit-il. Je ne crois pas qu'il y ait un monde dans lequel nous ne finissons pas par nous connaître. Sinon, ce serait vraiment injuste.

- Injuste ?

- Ça voudrait dire que je n'aurais jamais la possibilité de trouver la moitié qui me manque.

- Oh, adorable, souris-je. »

Il ricane alors que je tourne le visage pour regarder où je marche. Nous passons près d'une épicerie qui ferme seulement ses portes, tout près d'une pâtisserie que j'adore déjà. Non continuons notre marche en passant devant l'école élémentaire du village, qui est collée à l'école maternelle bien qu'elles soient toutes deux séparées. Je me surprends à penser que c'est une bonne chose qu'il y ait une école ici, et qu'elle ne soit pas très loin de la maison. Nous nous en éloignons pour prendre la rue qui nous mène au grand parc central. Nous y entrons en regardant autour de nous, essayant de voir quelque chose dans l'obscurité. Le village a cessé d'allumer les lampadaires toute la nuit, il fait donc nuit noire ici : ce n'est pas très grave étant donné que le parc est sensé être désert après la fin de soirée. Je reste cependant sur mes gardes, juste au cas où ; on ne sait jamais ce que l'obscurité nous réserve. Steve attire mon attention en me montrant le ciel du menton.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant