Deux jours plus tard.
Il y a longtemps que j'ai cessé de me poser certaines questions. Depuis que j'ai emprunté le chemin de la retraite anticipée, je n'ai plus à me demander si je vivrais assez longtemps pour rentrer à temps pour l'heure du dîner, si je pourrais être rentrée à temps pour l'anniversaire de la cousine d'un collègue, si je serais toujours entière lorsque le nouveau soleil se lèvera. Je n'ai plus à me poser toutes ces questions car lorsque je mets un pied hors de chez-moi, les seuls dangers qui me menacent sont composés d'un pourcentage de risque minime d'accidents de la vie et de la crainte que je porte face à la vengeance inexistante des autres à mon égard.
De ce fait, il y a longtemps que j'ai cessé de faire bouger mes jambes à toute vitesse, assise à l'arrière d'un avion et prête à sauter dans le combat. Non, à la place, je ne peux que regarder le plafond de ma chambre et en détailler chaque petit grain de peinture, chaque détail, chaque imperfection. Parce que si ce type de question ne me concerne désormais plus, il concerne toujours ceux qui partagent ma vie.
Depuis ma dernière entrevue avec l'équipe, je ne suis pas sortie de chez moi, par crainte de ce qui se trame dehors. Ça ne m'empêche cependant pas de savoir ce que l'équipe tente de fabriquer dans les locaux de New-York et de leurs nombreux espoirs, puisque Steve tient à m'appeler toutes les deux heures pour s'assurer que j'aille bien. Je ne lui ai répondu qu'une seule fois, pour le rassurer, mais aussi pour me rassurer et entendre le son de sa voix. Car ce qu'il m'a appris m'a poussée dans une angoisse que je ne parviens pas à effacer.
Après lui avoir expliqué leur plan, Tony les a envoyés balader pour des raisons que nous partageons. Il pensait que le jeu n'en valait pas la chandelle et il ne voulait pas mettre en péril le calme qu'il s'est créer auprès de sa nouvelle famille. L'équipe n'a cependant pas dit son dernier mot, se tournant vers Bruce pour faire le travail à sa place. Et désormais, ils étaient au nombre de quatre, à tenter de créer une machine à remonter dans le temps grâce à une vieille voiture qui appartient à Scott.
Si ces paroles étaient censées me rassurer, eh bien... c'est entièrement raté. Ce n'est pas contre Bruce, mais ses connaissances scientifiques ne sont tournées majoritairement que vers la biologie humaine, et même si elles vont un peu au-delà de ça, elles ne concernent pas la physique quantique. Même si sa capacité à en apprendre plus chaque jour est réelle, il n'en reste pas moins le scientifique le moins bien placé pour gérer cette situation. Je ne cesse de me dire qu'il n'y arrivera tout simplement pas, et que j'allais bientôt pouvoir revoir Steve à la maison et passer des heures à lui parler des derniers livres que j'ai lu, en le gavant de choux à la crème que j'aurais préparé le matin même.
Mais pour le moment, je ne peux que me tourner les pouces et fixer les murs et les plafonds de la maison, à la recherche de toutes les failles possibles dans la peinture et le papier peint. L'anxiété me dévore au point de me priver de sommeil, mais aussi de m'empêcher de faire quoi que ce soit. Peindre est impossible, je n'arrive pas à lire, et cuisiner m'ennuie. J'ai tenté de bricoler, mais ça m'a aussi ennuyée, et mon jardin est trop loin – c'est-à-dire hors de la maison – pour que j'accepte de m'y rendre. Je ne passe mes journées qu'à m'imaginer toutes les horreurs qui pourraient arriver, jusqu'à relativiser en sous-estimant les capacités de Bruce, espérant qu'il n'y arrivera jamais.
Il n'était que neuf heures du matin lorsque la sonnette de la maison a retenti contre les murs. J'ai d'abord cru que j'avais rêvé, mais sa musique m'est encore parvenue, juste avant que des coups soient donnés contre la porte d'entrée. Je me lève du canapé en grimaçant, puis approche pour ouvrir. Lorsque la silhouette de Tony apparaît devant moi, ma main se crispe sur la poignée. Vêtu à son habitude, toujours aussi classe que s'il sortait d'une réunion avec des ministres, il retire ses lunettes de soleil pour me détailler de haut en bas, une grimace sur les lèvres. Sans dire un mot, il fait un pas vers moi, m'obligeant à me décaler. Il en profite pour entrer. Il retire ses chaussures, qu'il range à côté des miennes, pose ses lunettes sur le meuble de l'entrée, et soupire bruyamment.
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How Villains Are Made - MARVEL
FanfictionL'hydre à plusieurs visages rampait dans l'ombre du SHIELD depuis sa défaite lors de la seconde guerre mondiale, attendant patiemment dans les ténèbres silencieuses que son heure vienne enfin. Plus le temps passait et plus son pouvoir grandissait, d...