Chapitre 117 : L'ombre d'un cauchemar

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Puisque tout le monde semble en accord avec ce plan, nous décidons de le suivre. Il est dix-neuf heures lorsque les groupes commencent à se séparer. Peter ne manque pas de m'offrir l'étreinte la plus forte dont il soit capable avant de s'en aller vers l'aéroport, un air joyeux sur le visage. En voilà au moins un qui part pour des horizons joyeux. Une fois que tous sont partis, je m'éloigne pour rejoindre la chambre que j'ai décidé d'occuper, avec Steve. Je profite de pouvoir être seule pour me débarbouiller et me changer, laissant tomber mon jean pour le pantalon ample de Shuri. J'aime beaucoup ce style, c'est vraiment confortable. Ne sachant pas bien quoi faire, je me contente de faire le tour de la maison jusqu'à ce que je m'en sente fatiguée. Seulement, l'énergie que je mets en œuvre pour rester aux aguets ne fait que de me tenir éveillée, prête à bondir sur toute sorte de danger. Agacée de tourner en rond, je traine des pieds pour descendre au rez-de-chaussée, dans l'espoir de trouver de quoi tuer mon ennui. Lorsque j'entre dans la cuisine, mon regard se pose immédiatement sur Bucky, occupé à étaler du chocolat sur une tartine à l'aide d'un couteau de combat. Nous échangeons un regard dans un silence macabre, alourdissant l'air qui se pose sur mes épaules. Il affiche un sourire en coin et me salue de la main tenant son couteau couvert de chocolat, ne sachant visiblement pas où se mettre.

« Est-ce que tu veux manger, toi aussi ? Demande-t-il. »

Je fronce les sourcils en le regardant de loin, la mâchoire serrée. Ses iris à la couleur d'un tranchant acier me parcourent avec un certain air d'inquiétude, lorsque mon temps de réponse devient beaucoup trop long pour une question aussi simple. Je baisse les yeux sur le couteau qu'il tient dans sa main métallique, déglutissant bruyamment. Dans une grimace gênée, Bucky pose doucement le couteau sur un plan de travail fraîchement nettoyé, et commence à fouiller dans les tiroirs de la cuisine. Il sort une cuillère en plastique, le genre de cuillère utilisée pour nourrir les enfants en bas-âge, et la plonge dans le chocolat. Il garde le silence en s'appliquant à préparer deux autres tartines, qu'il pose dans une assiette vide pour éviter de salir les surfaces. Lorsqu'il termine, il met la cuillère dans sa bouche et prends l'assiette du bout des doigts, la tendant vers moi. J'arque un sourcil, désemparée par son comportement. Mes yeux parcourent la pièce, comme à la recherche d'une preuve d'un quelconque piège, mais je ne trouve rien. Lorsque je me décide à le regarder droit dans les yeux, une sueur froide désagréable me tranche la nuque. Pourtant, quelque chose d'autre que le danger qu'il représente me dérange. Son regard... il me semble si différent. Il pétille d'une certaine curiosité, peut-être même d'une petite joie. La cuillère pleine de chocolat coincée entre ses lèvres tendues dans un sourire, ses yeux plissés par la sincérité de ses émotions, me laissent croire que quelque chose est différent chez-lui. Je m'approche doucement, tendant la main vers l'assiette. Je l'attrape sur la pointe les pieds, cherchant à garder le plus de distance avec lui. Ce couteau n'est pas très loin de sa portée ; on ne sait jamais quelles idées peuvent traverser l'esprit d'un soldat conditionné. Dès que l'objet est en ma possession, il le lâche et se tourne pour ranger le bazar qu'il a sorti. Il met le couteau et la cuillère dans l'évier, puis croque dans l'une de ses tartines. Je m'éloigne sans le quitter du regard, reculant avec prudence, décidant de m'assoir sur le bord de la table, là où je pourrais encore le surveiller. J'y pose l'assiette et prends une tartine entre mes doigts. Je me surprends à la renifler avant de l'approcher de mes lèvres. On ne sait jamais ce qu'un ex petit-ami pourrait essayer de nous faire manger. La pâte à tartiner me semble avoir un goût habituel, alors je ne me fais pas prier pour avaler ce casse-croute tueur d'ennui.

« Je suis désolé pour le couteau, c'est une vieille habitude, souffle-t-il. Et honnêtement, c'est plus simple d'étaler du chocolat avec une lame plutôt qu'avec une cuillère en plastique, non ?

- Les deux restent des armes potentielles, répondis-je.

- Mais à l'origine, ce ne sont que des outils de cuisine.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant