Chapitre 56 : Le Palais des Désirs -pt.1

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Le lendemain.

Honolulu, heure locale : 9h48.

Le doux paysage paradisiaque de la ville d'Honolulu s'éloigne peu à peu, gardant avec elle les cris enflammés des touristes et le brouhaha des véhicules qui circulent au ralenti. Je l'observe depuis le rétroviseur, une moue boudeuse sur le visage. Si seulement la raison de notre présence n'était pas si macabre, ce panorama pourrait me sembler bien doux après toutes les péripéties que nous avons récemment rencontrées. Hélas, si je souhaitais faire du tourisme en ces lieux fantastiques, ce ne serait pas pour aujourd'hui. Après plusieurs minutes de trajet dans un silence assourdissant, nous trouvons enfin les grandes grilles qui séparent la propriété du Connard au reste du monde. Peter soupire longuement et tourne le visage vers moi.

« N'oublions pas le plan, Maxie, rappelle-t-il. Quoi qu'il arrive, tu ne dois pas transgresser les règles qu'on s'est imposées. Je sais que ça risque d'être compliqué pour toi, tu seras à l'intérieur et tu verras sans doute des choses difficiles à gérer... Mais tu ne dois pas agir. Le moindre doute sur ta personne pourrait mettre en danger toutes les otages, d'accord ?

- Je sais, soupirais-je. »

Après s'être présenté aux gardes de l'entrée, ces derniers nous autorisent à pénétrer dans le lieu. Peter gare le véhicule sur un parking devant le bâtiment, puis coupe le moteur. Il se frotte le visage en soupirant et m'offre un grand sourire.

« Il est grand temps de mettre en avant nos meilleurs jeux d'acteur, sourit Peter.

- C'est parti, souris-je. »

Je me frotte le visage à mon tour, puis descends du véhicule en soupirant lourdement. Je dois absolument suivre l'histoire inventée par Peter, ou toutes ces filles pourraient en pâtir. Quoi qu'il arrive, à partir de maintenant, je n'ai plus le droit d'agir comme un être humain. Avoir connu le Soldat de l'Hiver me sera réellement utile pour cette mission : je sais à qui je peux emprunter l'expression mortelle d'un ennui profond. Je suis mécaniquement Peter, qui est accueilli par une femme qui vérifie notre identité une fois de plus. Pendant qu'elle nous fait traverser les couloirs froids de ce manoir aux murs beiges, je me concentre sur le moindre détail que je puisse entrapercevoir durant notre balade. Nous nous arrêtons devant une grande porte, contre laquelle la femme frappe durement. Elle dégage l'entrée sans attendre de réponse, puis nous fait signe d'avancer. Une fois tous les deux dans la salle, elle referme la porte derrière-nous en restant dans le couloir.

Je peine à retenir mon étonnement, lorsque mon regard se pose sur notre cible. La personne que nous sommes venu duper, puis éliminer, n'est autre qu'un homme d'une cinquantaine d'année dont l'allure laisse paraître des années de service dans les rangs d'une armée. Son teeshirt blanc semble faire suffoquer ses pectoraux gonflés par l'exercice, laissant bien visibles les bras d'un homme ayant reçu de nombreux coups. Les cicatrices de ses bras, s'étalant dans son cou et probablement partout ailleurs me donnent la chair de poule. Lorsque j'ai appris que cet homme avait potentiellement le même âge que mon père, je m'attendais à un vieillard en costume inoffensif et baveux. Pas à un vétéran abîmé par la guerre.

« Peter Keller, je présume ? Demande-t-il.

- Oui, c'est bien moi, sourit le concerné. Il me semble que mon père vous ait expliqué au téléphone la raison de son absence.

- Oui, et je le comprends parfaitement. Je vous en prie, asseyez-vous. »

Peter rejoint l'un des fauteuils devant le bureau et s'y assoit. Mécaniquement, je me poste derrière-lui comme un garde prêt à le défendre contre toute attaque. Comprenant que je fais face à un homme dur et sévère, je garde une allure droite et fière, celle d'un soldat prêt à se jeter sur le champ de bataille.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant