Chapitre 130 : Reprendre le contrôle

64 11 1
                                    

Maximilian Pierce.

Base internationale de la nouvelle Hydra, Athènes, Grèce.

Malheureusement pour tout le monde, je ferais toujours ce qui me plaît. Même si cela implique de me glisser clandestinement dans un vol touristique pour me rendre à l'autre bout du monde, en plein mois de juin. J'ai toujours voulu venir à Athènes, pour y visiter ses magnifiques constructions antiques et écouter les histoires que les locaux peuvent raconter sur la mythologie du pays. Néanmoins, même si j'avais apporté un maillot de bain, je doute fortement avoir le temps de mettre les pieds dans l'eau. Il y a des affaires plus intéressantes qui m'attendent ici. Des affaires qui nécessitent un beretta et deux ou trois chargeurs de secours. Lorsque mon chauffeur coupe le moteur de sa berline compacte devant une magnifique villa à l'extérieur de la ville, ma main se resserre autour d'un pan de ma robe. Deux soldats armés montent la garde devant le portail un peu plus loin, nous signant de ne pas avancer plus loin. L'un des deux nous approche, pendant que l'autre nous tient en joug, tendu. Le chauffeur baisse la vitre teintée pour parler avec le garde.

« C'est une propriété privée, vous ne pouvez pas entrer ici, prévient-il.

- Je suis le sergent Reyes, je conduis cette dame pour une réunion avec les généraux, répond le chauffeur. »

Ennuyée de l'attente, j'appuie le coude sur le bord de la vitre d'une façon élégante, regardant l'extérieur de la façon la plus hautaine dont je sois capable. Je fais danser mes lèvres couvertes d'un rouge écarlate pour m'adresser au garde, sans prendre la peine de le regarder.

« Ne me faites pas attendre, je ne le supporterais pas, menaçais-je.

- Il me faut votre identité, mademoiselle.

- Ouvrez donc les yeux, répond le chauffeur. Il s'agit du Commandant Pierce, des Etats Unis d'Amérique. Elle est attendue.

- Je vois. Je vous en prie. Garez-vous près des portes dans un premier temps, mais il faudra ensuite amener votre voiture au garage.

- C'est entendu. »

Bon sang, ont-ils donc réellement besoin de tant de cérémonie pour si peu ? Lorsque nous passons le portail, je me redresse pour observer le sergent Reyes dans le rétro. J'avais presque oublié son nom, je m'étais contenté de garder en mémoire son grade et son utilité. Il me sourit et m'offre un signe de tête en coupant le moteur une seconde fois, dans la cour de la villa. Il descend de la voiture et ne manque pas de venir m'ouvrir la portière pour me permettre de faire de même. Il me tend la main pour que je passe gracieusement une première jambe hors du véhicule. Je descends mes lunettes de soleil sur mes yeux lorsque je suis sortie de la voiture, fin prête pour la mission que je me suis fixée. Ce ne sera pas facile, je suis un peu rouillée dans ce domaine... Mais il paraît que chasser la nature ne sert à rien, puisqu'elle revient toujours au galop. En admirant le grand bâtiment face à moi, je me sens bêtement à la maison ; mais pas sincèrement, plutôt comme sur un lieu de travail qui m'est familier, bien que ce soit la première fois que je vienne ici. Le chauffeur me laisse entre les mains d'une garde pour aller ranger sa voiture avec d'autres.

« Madame, salut la femme. Votre demande de réunion avec les généraux a été entendue et acceptée, ils vous attendent déjà. Je vais vous conduire.

- Bien, hâtez-vous. Je déteste attendre.

- Oui, madame. »

Elle me fait signe de la suivre à l'intérieur de l'immense demeure aux murs de pierres blanches. Les talons des petites chaussures noires, que j'ai décidé de porter avec ma longue robe en dentelle de la même couleur, claquent vigoureusement sur le carrelage au fur et à mesure que j'avance, trahissant la démarche d'un soldat sous l'allure d'une grande dame. Ce n'est cependant pas pour me déplaire ; ça me permet de rappeler aux agents qui me fixent la bouche grande ouverte que ce qu'ils prennent pour un morceau de viande peut mordre particulièrement fort. La garde me guide à l'étage, proposant respectueusement de tenir à ma place le morceau de robe qui risque de se prendre dans mes pieds dans mon ascension. Je la laisse faire, me contentant d'observer les alentours. Lorsque nous arrivons devant une grande double-porte beige aux décorations dorées, la femme frappe avant de m'inviter à entrer. Je ne prends pas la peine de la remercier, claquant les pieds pour qu'on m'entende bien arriver. La pièce au haut plafond est ornée de plusieurs piliers blancs et dorés, et d'un grand tapis rouge en son centre. Sur ce dernier se trouve une grande table ovale dans les mêmes tons que la pièce, entourée de sièges au style victorien particulièrement joli. Sur les vingt-deux places de généraux disponibles, seules cinq sont occupées. Une pour chaque général des seuls pays où Hydra prospère encore : France, Russie, Kazakhstan, Chine et Brésil. Les grands généraux se lèvent respectueusement et m'invitent à approcher. A leurs côtés se trouve un haut-lieutenant par général, mais la grande nouveauté reste la présence de représentants commandants d'unités au nombre de cinq. J'imagine qu'il faut savoir meubler le conseil. Je me mets en bout de la table pour tous les regarder et ainsi m'adresser à eux.

« Quel dialecte préférez-vous employer pour communiquer tous ensemble ? Demandais-je.

- Nous sommes habitués à employer l'anglais, me répond le brésilien.

- Très bien. Puis-je savoir lequel d'entre vous dirige toute Hydra ?

- Eh bien, c'est moi, répond un quarantenaire. Je suis Roman Thomson, des Etats-Unis. Suite à la disparition de madame Sloan Keller, c'est moi qui suis en charge de l'organisation. Prendrez-donc vous la peine de vous présenter ?

- Si vous y tenez. »

Je sors mon beretta de sous ma robe, charge et tire une balle dans la tête de Roman. Son corps s'écrase lourdement au sol alors que je commence à contourner les tables, sous les regards étonnés des personnes présentes. Comme je m'y attendais, aucun d'entre eux n'est armés : c'est une politique de sécurité que nous avons toujours eue, ici. Mais personne n'a pensé à me fouiller avant de me laisser pénétrer cette pièce, et c'est ce qui causera leur perte.

« Je peine à croire que quelqu'un ose me demander de me présenter, soufflais-je. Les années s'écoulent et les visages s'oublient, à ce que je vois. Je suis le commandant Maximilian Pierce, dirigeante de la partie Etats-Uniennes d'Hydra. Je suis terriblement déçue de ce que vous avez fait de mon organisation, alors je suis venue arranger vos conneries. »

Je marche sur le cadavre encore chaud de Roman, puis m'assois élégamment sur le siège du chef, croisant les jambes et appuyant mes mains sur les accoudoirs.

« Je suis de retour, pour faire fleurir l'organisation comme avant, repris-je. Ce que vous appelez votre nouvelle Hydra n'est qu'un brouillon anarchique entre les cendres de mon organisation et les tentatives vaines de quelques crétins qui ont vu leur pays épargné de la chute.

- Attendez, vous croyez qu'on va vous laisser revenir comme ça ?! S'énerve un commandant. »

Je lève me bras pour lui loger une balle dans la tête, sans aucun égard. Je prends soin de mon arme encore chaude sans prendre la peine de regarder les autres généraux.

« Des commentaires ? Demandais-je.

- Je... je crains que nous ne comprenions pas réellement la raison de votre retour, avoue le français.

- J'y viens, sifflais-je. »

Je me relève de façon à les surplomber, posant délicatement mon arme encore chargée sur la table devant moi. Je fais mine de regarder ma parfaite manucure rouge avant de relever les yeux vers eux.

« Hydra a été bâtie dans une seule et unique optique : détruire l'ennemi américain et la menace qu'il représente pour l'organisation et les nazis. Il semblerait que l'objectif ait évolué avec le temps, et que l'organisation se soit internationalisée après avoir banni les nazis radicaux de nos rangs. Mais certaines choses restent, et resteront toujours. Hydra a changé, mais son ennemi reste le même : le pouvoir que s'est octroyé le mal américain, ces idiots ayant bâti le SHIELD, croyant dur comme fer en la toute-puissance de leur Captain America. Il est temps qu'Hydra passe à l'action. Notre objectif est de détruire ce qui reste de la liberté humaine. Nous allons détruire leurs chers Avengers, leur Captain America, et ce qui reste de leur SHIELD. Nous leur insufflerons une peur si grande qu'ils se coucheront à nos pieds, prêts à laisser leur liberté tomber pour plus de sécurité. Voilà l'objectif qu'Hydra a toujours eu. Et voilà l'objectif que nous poursuivrons désormais. »

Les plus âgés présents dans la pièce acquiescent les uns après les autres, un sourire malsain sur leurs visages fripés.

« Le Chef est revenu, annonce le Brésilien.

- Longue vie au Chef ! Répondent les autres. »

Un léger frisson m'a parcouru l'échine sur le moment. Lorsqu'ils cessent d'applaudir et de scander mon nom, de nombreuses questions d'organisation reviennent. Je me contente d'ordonner l'exécution de ceux qui refusent mon retour, tout en logeant quelques balles dans la tête moi-même lorsque l'occasion se présente. Les généraux ont souhaité s'entretenir seuls avec moi afin de chanter les louanges de l'ancienne organisation, celle que dirigeait mon père, celle que je devais diriger à mon tour, celle que je m'apprête à rebâtir. Et lorsque, deux jours après mon arrivée, il ne restait plus aucun opposant à mon pouvoir, j'ordonnais qu'on l'annonce dans toutes les bases occupées du monde entier. Partout sonnait la nouvelle : Hydra allait renaître. Le Chef est revenu. Longue vie au Chef. Et un tas d'autres conneries. S'il fallait passer par là pour obtenir ce que je veux, j'étais prête à prendre ce risque. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver, et du pouvoir, ce n'est pas ce qui me manque désormais.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant