Chapitre 188 : Héros

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                La frontière entre le bien et le mal n'a jamais été assez distincte pour prétendre à son existence. Ceux qui croient en la binarité stricte d'un modèle de pensée aussi idéaliste refusent de faire face à cette douloureuse réalité. Ces mêmes personnes sont les premières à juger de ce qui est bien et de ce qui est mal ; mais comment faire la différence dans un monde où tout se mélange et se confond ?

Lorsqu'un acte impardonnable est pardonné selon l'uniforme porté par le soldat et les arguments aiguisés de ses supérieurs, lorsqu'un assassin devient un héros, le mal s'habille de doux mensonges et sous sa robe de soie blanche, il se fait passer pour le bien. Dans de telles conditions, ces deux concepts n'ont plus aucun sens. Faire le bien, c'est faire le mal avec de bonnes intentions. Faire le mal, c'est n'avoir aucun argument assez solide pour colorer le noir en blanc.

J'étais maintenant certaine d'une seule chose : peu importe le camp que nous choisissons, ou que les gens choisissent pour nous, nous n'avons que deux issus.

Soit nous mourrons en héros.

Soit nous vivons assez longtemps pour devenir le méchant.

J'en étais maintenant certaine. Si je voulais devenir un héros, je devais mourir en sauvant ce monde.

Pourtant, j'étais couverte de regrets. Il y avait encore tellement de choses que je voulais faire en ce monde. Je voulais continuer d'aimer, et apprendre à aimer plus encore. Je voulais apprendre à parler toutes les langues de ce monde, je voulais découvrir la culture de toutes les contrées. Je voulais voyager et voir les étoiles de plus près.

Mais je voulais surtout aimer. Je voulais surtout continuer d'aimer et de chérir cette personne, cet homme pour lequel mon admiration est aussi forte que l'absurde. Je voulais continuer de l'aimer, de le serrer dans mes bras. Je voulais m'excuser pour ces années, incapable de l'aimer comme il le méritait, plongée dans un traumatisme douloureux. Je voulais m'excuser de ne pas lui avoir donné tout ce qu'il méritait.

Je voulais m'excuser auprès de Peter. Je voulais me confondre en excuse, pour ne pas avoir réussi à protéger sa sœur. Je voulais revenir dans le passé, le prendre dans mes bras, et passer plus de temps avec lui. Je voulais avoir un frère comme lui. Une sœur aussi aimante que Sloan.

Je voulais enlacer Bucky, le réconforter et le rassurer. Je voulais lui dire que je le pardonnais, et que je ne lui en voulais plus. Je voulais m'excuser d'avoir cessé de l'aimer, et de l'avoir fait souffrir par vengeance.

En soit, je voulais une seconde chance. Je voulais pouvoir me rattraper. Dire tout ce que je n'ai jamais réussi à dire. Mais je ne le pourrais désormais plus jamais.

Pourtant, éblouie par la douleur qui me traverse le corps, je ne peux m'empêcher de faire ce vœu.

Je veux une seconde chance.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant