Chapitre 102 : Tourner la page...

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Un mois plus tard, 15 mai 2016.

Base des Avengers, Nord de New-York.

L'accident de Lagos nous a contraint à faire profil bas pour quelques temps. Partout dans le monde, la presse s'est emparée de cette occasion afin de questionner l'existence de l'équipe, ainsi que son efficacité lors de chacune de ses interventions. Les grands titres des journaux se ressemblent, et des personnalités publiques se regroupent sur des plateaux télévisés pour donner leur avis. Lorsque quelques rares d'entre elles effectuent un doux plaidoyer, d'autres leur jette des tomates et hurlent à l'irresponsabilité. Certains vont même jusqu'à juger ne pas avoir besoin de héros pour les protéger, lorsque d'autres pensent que chaque combat est une mise en scène de la part des Etats pour se venter de notre existence. Si seulement ces personnes savaient à quel point notre métier est compliqué, peut-être qu'iels arrêteraient de nous juger aussi violemment. Nous ne sommes pas responsables de ce que ce monde subit, et sans notre présence, les dégâts seraient sans aucun doute bien plus graves. Mais une certaine vérité sonne dans ce qu'iels avancent : ce qui est arrivé en Sokovie, et ce qui est arrivé à Lagos, étaient deux évènements qui touchaient principalement l'équipe, avant le reste du monde. Les civils n'auraient jamais dû subir le contrecoup des attaques de nos ennemis, qui se sont toujours servis des innocents pour se protéger. Mais sommes-nous responsables du comportement des autres ? Sommes-nous responsables de leur haine, de leurs actions, des dégâts qu'ils causent ? Selon moi, ce n'est pas le cas. Nous ne pouvons pas demander pardon pour ce que nous avons dû subir. Nous ne pouvons pas nous agenouiller et pleurer la pitié du monde, sous prétexte que nos ennemis ont tué des innocents. Ce n'est pas de notre faute.

C'est néanmoins ce que s'acharne à faire entendre la plupart des personnalités politiques de beaucoup de pays. Car si cette affaire n'avait pas une tournure politique, nous ne serions sans doute pas autant tremblants sous une épée de Damoclès. Non seulement l'accident a causé la mort de civils, mais également – et surtout – la mort de nombreux représentants politiques regroupés dans ce lieu pour parler affaires. Parmi ces représentants se trouvaient des émissaires du Wakanda ; leur roi est devenu fou de rage contre notre équipe. Et même si le monde entier considère le Wakanda comme un petit pays fermier inoffensif, cela suffit pour ajouter une certaine pression sur les politiques des autres pays. Les Américains ont été les premiers à se joindre à cette critique des Avengers, puisque la majorité d'entre nous sont originaires de ce pays. S'iels tentaient de nous protéger, iels auraient sans doute des problèmes avec celles et ceux qui sont contre nous. Les Nations Unies ont été les premières à assurer désirer faire quelque chose contre nous, mais depuis cette menace datant du mois dernier, nous n'avons aucune nouvelle de leur part.

Quoi qu'il en soit, cet enfermement contraint commence à peser sur le moral de l'équipe. Et plus particulièrement sur le mien. Moi qui croyais pouvoir supporter ma situation, je pense que je me suis simplement voilé la face. Et ça, les autres l'ont remarqué. Appuyée sur l'embrassure de la fenêtre, je prends une bouffée d'air en levant les yeux vers le ciel. Les nuages commencent à se dissiper, mais les rayons du soleil ne sont pas assez forts pour nous réchauffer convenablement. J'entends du bruit derrière-moi, me faisant tourner la tête. Steve est en train de tirer sur la couette pour la remettre correctement, alors qu'elle était déjà bien mise. Lui aussi, commence à être énervé par la situation. Je me tourne complètement, appuyant le dos contre la rambarde pour lui faire face. Il finit par râler, abandonnant sa tâche déjà réussie depuis qu'il l'a entreprise la première fois, soit douze fois plus tôt. Lorsqu'il remarque que je suis en train de l'observer, il se passe une main dans les cheveux, nerveux. Je tire la moue en m'approchant, essayant de laisser ma mauvaise humeur derrière pour ne pas déteindre sur lui. Je tends les mains vers lui, mais il se met à faire les cents pas dans ma chambre. Je m'arrête en fronçant les sourcils, puis lui lance un regard de mécontentement. Je n'avais jamais reçu de vent aussi glacial de toute ma vie.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant