Chapitre 131 : Reconfiguration

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24 juin 2016.

Récupérer le rang que je possédais autrefois dans l'organisation fut bien moins fastidieux que ce que je pensais. Le bruit courrait que des partisans de l'ancienne Hydra voulaient revenir aux traditions d'antan, et je leur ai donné exactement ce qu'iels souhaitaient. Une véritable raison de combattre, un véritable objectif que la nouvelle Hydra avait oublié de formuler dans sa reconstruction bancale. Détruire tout ce qui a toujours fait obstacle à la grandeur d'Hydra devrait être une priorité depuis longtemps déjà, mais iels l'ont abandonnée lorsque des incapables ont commencé à diriger l'organisation. Minutieusement, je commence à serrer le corset noir que j'ai décidé de porter au-dessus de ma longue robe aux manches tombantes. S'il y a bien une chose qui n'a pas changé ici, c'est le pourcentage d'hommes misogynes qui n'accordent aucun pouvoir aux femmes en uniforme. En revanche, lorsque cette dernière ressemble à une riche aristocrate aux seins mis en valeur dans une robe serrée, son pouvoir semble indéniable. C'est donc dans le seul but de les soumettre à mon autorité sans violence que j'ai décidé de suivre leurs stéréotypes de la féminité puissante. Une connerie pure : toutes les femmes sont puissantes, peu importe leur traits physiques ou leur style vestimentaire.

Je prends soin d'enfiler mes hautes bottes à talons malgré la chaleur de la journée, puis sors de mes appartements pour rejoindre la salle de réunion. Mine de rien, réorganiser toute une organisation terroriste est un sacré boulot. N'importe qui de suffisamment intelligent pourrait voir à quel point leur pouvoir est bancal : Steven n'aurait même pas eu besoin de Sloan pour la détruire en soufflant simplement dessus. Un vrai château de cartes, qu'il faut vite fortifier. Je pousse la grande double porte de la salle de réunion, attirant les regards vers ma personne. Les cinq représentants sont là : Eliott, le Français, Andreï, le Russe, Hassan, le Kazakhstanais, Tao, le Chinois et Paolo, le Brésilien. Je ne perds pas de temps pour aller m'installer sur mon siège, prête à entendre les demandes des généraux pour la journée. J'ai le sentiment d'être souveraine d'un royaume merdique. Ça me correspond plutôt bien. Assise sur ce trône en bout d'une longue table, ces hommes m'accordent une autorité sans faille sous prétexte de mon nom et de mon allure. Il a fallu expliquer mes actions à Washington, puis nier celles auprès des Avengers ; j'ai prétendu avoir suivi le plan de mon père, qui s'est avoué être le plus grand échec de son existence. Et lorsque le mensonge fut avalé, le pouvoir m'était octroyé. Seulement, je n'imaginais pas devoir supporter de longues réunions pour des bavardages futiles.

« Ensuite, nous aimerions augmenter les fonds dans la reconstruction des bâtiments, demande Eliott.

- Qui s'occupe de tenir les comptes, ici ? Demandais-je.

- C'était l'ancien Chef, madame.

- Vous voulez me dire que vous n'avez pas de comptable ? Bon sang... Cette demande sera réfléchie lorsque j'aurais vérifié les fonds de l'organisation. Je ne sais pas quels sont nos moyens, mais il me semblerait plus juste de les concentrer sur les troupes et les armements. Nous en reparlerons.

- En ce qui concerne les soldats, nos troupes s'élèvent à cent mille dans le monde entier, m'apprend Tao. Ils sont répartis dans d'anciennes bases et suivent un entraînement strict, dont je vous ai préparé le suivi ici. »

Il s'approche après ma permission pour me donner un document. Cent mille soldats... bon sang, ça fait un paquet. Ça ne ressemble pas à l'Hydra d'Alexander, mais tout de même. Je survole le document du regard, exaspérée : les soldats sont aussi bien entraînés que des enfants jetés dans un poulailler. Et cela se comprend : la majorité des grandes têtes d'Hydra ont déjà été coupées, et les dirigeants actuels sont ceux qui avaient le moins d'importance avant. Ce sont de vieux soldats rouillés, pas de bons politiciens. Ils ne savent pas comment s'y prendre pour gérer une organisation, et encore moins l'entraînement d'un soldat. Ils auraient au moins pu reprendre les journaux des anciens dirigeants comme base de lancement, parce que leurs compétences en la matière laissent vraiment à désirer. J'acquiesce, ne commentant pas ce fait. Les autres affaires passent, notamment sur une nouvelle répartition des pouvoirs. Après Washington, les pays restants en course se sont unifiés pour répondre à l'autorité d'un seul maître, parce qu'ils n'étaient pas capables de faire le travail eux-mêmes. C'est un avantage très important que je ne compte pas jeter aux oubliettes.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant