Chapitre 164 : Vieille rancune

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            Le lendemain de ma visite chez la pâtissière, je n'ai pas attendu le début de l'après-midi pour quitter le complexe. Il a été fastidieux de convaincre Steve de me laisser partir seule sans lui donner d'explications, mais j'en ai fait appel à sa confiance en moi et une promesse de recevoir de mes nouvelles dès mon arrivée là-bas. Avant de partir avec son fiancé, Pepper a pris le temps d'écrire leur nouvelle adresse sur un post-it que Natasha avait presque failli jeter au bout de quelques jours, pensant que personne n'en aurait jamais besoin. Lorsqu'il a repris contenance face à ce qu'il avait subi, Tony a décidé d'emmener Pepper au beau milieu de nulle part, lui promettant qu'Iron Man était mort et qu'elle ne le reverrait jamais. Personne n'a voulu croire les paroles de Tony. Lorsque je les ai entendus de la bouche de Steve, j'ai cru que le génie se mentait à lui-même.

Pourtant, lorsque je gare la coupée grise dans l'allée boueuse de sa maisonnette en bois, je doute de mon premier instinct. La maisonnette semble assez grande pour accueillir une famille de quatre ou cinq personnes, mais elle reste bien humble par rapport au goût excentrique du milliardaire. L'entrée de la maisonnette semble se faire depuis un escalier au-dessus duquel un porche joliment décoré se tient. J'hésite à sortir de la voiture pendant un certain temps. Plusieurs minutes sont passées au compteur avant que je ne déboucle ma ceinture et que j'ouvre la portière.

Je n'étais pas venue pour le plaisir. Je n'étais pas venue pour une vielle querelle. J'étais venue parce que j'avais besoin de réponses, et que Tony semblait les posséder.

Lorsque mes baskets entrent en contact avec la terre humide, une bouffée d'air dénué de pollution me caresse les narines. Même dans la bourgade où nous sommes installés, l'air n'est pas aussi pur et doux. Léger et sans... sans la lourdeur des problèmes. C'est le sentiment que cette simple bouffée d'air m'a inspiré. La paix.

Je m'approche du bas des marches, puis commence à les monter sans un bruit. Seul le léger grincement des planches trahie ma présence, mais l'oiseau posé sur la dernière marche ne s'enfuit pas avant que je ne sois arrivée sur le porche. Je déglutis en m'approchant de la porte, une jolie baie vitrée vraiment nettoyée. Je lève le poing pour frapper à la porte, mais ne trouve pas le courage de le faire. A l'intérieur de la maison, le génie qui traverse le salon élégamment agencé s'arrête brutalement en me voyant devant sa porte. Il reste immobile à me regarder, l'air de rien. Il s'est amaigri, mais il semble en train de reprendre du poids et reprendre des couleurs. A côté de lui, je ressemble à un cadavre. Un cadavre ambulant, voilà ce que je suis devenu. Et ce que je désirais ne plus être. Je baisse le bras, ne voyant plus la nécessité de frapper. Désormais, il m'ouvrirait seulement s'il voulait me parler.

Derrière lui, une jolie rousse en robe blanche passe en se tenant le ventre, un doux sourire sur le visage. Son regard se tord cependant lorsqu'elle remarque son fiancé dans cette allure figée. Mais lorsqu'elle lève les yeux vers moi, l'inquiétude qui frappe son visage semble différent. Tony pose le verre qu'il tenait et décide de venir ouvrir la porte, suivi de près par Pepper. Lorsque la baie vitrée est ouverte, je ne sais plus où me mettre. Mais j'avais choisi d'être là, j'avais choisi de venir. Je ne pouvais pas avoir fait des kilomètres pour rien, et pourtant, je n'arrive pas à dire quoi que ce soit.

Pepper a dû le voir dans mon regard. Lorsque nos pupilles sont entrées en contact, je l'ai senti lire en moi comme dans un livre ouvert, au point que son inquiétude s'est changée en un véritable sentiment de pitié et de réconfort. Non pas pour elle, mais pour moi, qu'elle essayait de me livrer par son regard. Ce n'était cependant sans doute pas assez pour elle, puisqu'elle dépasse Tony pour me faire face. Elle tend les bras vers moi, et sans même que je ne réalise ce qui se passe, je me fonds contre son épaule et l'attire plus proche de moi. Elle emploie une force incroyable pour une personne si mince, mais ça m'est égal. Elle pourrait me broyer les os si elle le désirait, cette sensation me permet au moins de me rendre compte d'une chose.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant