Chapitre 125 : Elle est là

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Trois jours plus tard.

Les grands yeux de Timothy balayent chaque parcelle de mon corps, alors que ses lunettes glissent lentement sur le bout de son nez. Il s'appuie sur une hanche en plissant les lèvres d'un côté, alors que j'attends patiemment que la sentence tombe enfin. Il secoue négativement la tête en s'approchant une énième fois de moi, puis il ajuste de lui-même mon haut avant de reculer pour me regarder de nouveau. Dans une nouvelle grimace, il me fait signe du doigt de tourner sur moi-même. Je m'exécute avec prudence, la jambe encore endoloris par ma récente blessure. Lorsque je fais de nouveau face au scientifique fou, il me tourne le dos pour chercher quelque chose dans le fond d'une caisse qu'il a ramenée du Canada. Il en sort une paire d'espadrilles à plateformes noires et tend le bras vers moi. J'arque un sourcil en attrapant la paire de chaussure, gardant le silence. Comprenant qu'il attend à ce que je les enfile, je le fais sans discuter, ayant bien trop peur de me faire de nouveau crier dessus par ses soins. Lorsque les chaussures sont nouées à mes pieds, je me relève et me balance un instant pour vérifier ma stabilité. Timothy claque des doigts en affichant un long sourire, remontant ses lunettes du bout de l'auriculaire.

« Cette fois-ci, ça te ressemble un peu plus, déclare-t-il. J'aurais dû me douter que le rose ne serait pas réellement ta couleur.

- Vraiment ? Demandais-je. Pourtant, j'aimais bien l'autre jupe.

- Oui, elle est vraiment jolie et elle te va plutôt bien, c'est vrai. Mais le noir restera toujours la couleur qui te mettra le plus en valeur, par rapport à ta personnalité.

- Je ne sais pas réellement comment le prendre, soupirais-je.

- Eh bien, je dirais que le rouge est la couleur qui te correspond le mieux, mais cette jupe te met bien plus en valeur.

- Hm. De toute façon, ça n'a pas grande importance, tu sais. Je ne compte pas me rendre à un gala... je voudrais juste descendre dans la cuisine, histoire de ne pas rester cloîtrée ici pendant des jours encore.

- Maximilian, habilles-toi tous les jours comme si c'était ton dernier jour : la dernière tenue que tu porteras sera celle de ton fantôme pour l'éternité, ce serait dommage de porter des guenilles.

- Je ne savais pas que tu avais la fibre artistique, me moquais-je.

- Ta mère était une femme des plus élégantes, c'est elle qui m'a tout appris. »

Je dois bien avouer être étonnée de son talent pour la mode, alors qu'il s'habille tout le temps d'une façon assez loufoque pour se fondre parfaitement dans la masse d'un plateau de tournage de live-action d'un dessin-animé pour enfant à haute réputation. Mais s'il s'agit de s'habiller en fonction de sa personnalité, alors je comprends mieux ses choix. En revanche, même si j'aime beaucoup cette longue robe noire dont le bas est en tulle – donc assez transparent pour laisser paraître le cycliste que je porte en dessous – je me sens légèrement vexée de son choix. A ses yeux, ce qui me va le mieux, c'est la couleur liée aux enterrements. Certes, j'aime beaucoup, mais j'aime tout autant cette longue jupe rose en tulle qu'il m'a faite essayer quelques minutes plus tôt.

« Bon... je vais descendre, maintenant, annonçais-je.

- Je vais te suivre de près, au cas où, dit-il. Je considère que tu es capable de le faire toute seule, mais il y a tout de même des escaliers à descendre. »

J'acquiesce, loin de vouloir refuser son aide. Il y a de fortes chances pour que je titube en descendant les marches, surtout avec ces plateformes aux pieds. Quelle idée de me faire porter ce genre de chaussure alors que je n'ai pas réellement marché depuis trois jours. Mais comme l'a si bien dit Timothy : le style avant le confort. Je ne suis pas vraiment d'accord. Pas aujourd'hui, du moindre. J'aimerais trainer en jogging et en débardeur toute la journée. Mais au moins, ma tenue est plutôt jolie. Même si c'est seulement pour aller jusqu'au frigo.

How Villains Are Made - MARVELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant